Ernest est donc le narrateur de ce roman loufoque où lui et ses frères (Oswald, Tobbie, Alexandre et William) subissent les efforts de leur visionnaire de père, Édouard, un homme des cavernes dévoré par la fièvre du progrès. Tout au contraire de leur oncle, Vania, un conservateur qui craint le progrès - tout en profitant de temps en temps d'une viande cuite ou de la chaleur d'un feu - et qui trouve toujours un bon moment pour hurler son cri de guerre au progrès: BACK TO THE TREES!
Ces différentes anecdotes préhistoriques et volontairement anachroniques nous font traverser la découverte du feu, sa domestication, le début de l'exogamie, l'idée de la domestication des animaux de compagnie, les premiers vêtements, etc.
Inspiré du Totem et tabou de Freud cette farce préhistorique est parue en 1960 et a été traduite en français par Vercors et Rita Barisse. Grand succès populaire et critique, cet ouvrage se veut une métaphore de la division constante des sociétés entre libéraux et conservateurs.
Pour ma part, l'ouvrage m'a laissée assez froide. J'y ai bien reconnu la référence à Freud et certains clins d'oeil. Mais le tout m'est surtout apparu comme un exercice de style autour d'un thème choisi et malgré les avertissements de Vercors en préface, j'avoue ne pas avoir rigolé très fort.
Traduction à revoir? Succès qui vieillit mal? Ou juste moi qui ne comprends pas grand chose aux farces préhistoriques? Probablement cette troisième proposition!
Extrait :
- Parce que ce faisant tu t'es expatrié de la nature, Edouard. Ne vois-tu pas quelle damnée prétention c'est là? Quel orgueil, quelle outrecuidance, pour ne pas dire plus? Tu étais un simple enfant de la nature, plein de grâce, d'ardeur, et d'innocence, Edouard! Tu étais un des éléments de l'ordre établi, acceptant ses dons et ses peines, ses joies et ses terreurs, un élément du majestueux ensemble formé par la flore et la faune, vivant avec lui en parfaite symbiose, avançant avec lui dans le rythme solennel et infiniment lent des changements naturels. Or, maintenant, qu'en est-il de toi?
- Eh bien, qu'en est-il de moi? dit père.
- Coupé! aboya oncle Vania. Séparé! Exilé!
- Coupé de quoi?
- De la nature, de tes racines, de tout vrai sentiment, d'appartenance, Edouard! De l'Eden!
- Et toi non? demande père.
- Non. Moi, je persiste à n'être qu'un simple enfant, et innocent, de la nature. Ta façon d'agir passée, présente et future, je la désapprouve de tout mon être. J'ai fait mon choix. Je reste singe.
- Encore un peu d'antilope? dit père en souriant.
Éditions Presses Pocket - 183 pages
Commentaires
vendredi 17 avril 2009 à 09h06
Je le donne souvent à lire aux adolescents (14/16 ans) et dans l'ensemble ils aiment cet humour.
Lorsque je l'ai lu, je n'ai pas moi non plus éclaté de rire, mais j'ai souvent souri.
vendredi 17 avril 2009 à 10h30
je n'avais pas été non plu entièrement convaincue par ce roman; par contre, quelques années plus tard, j'ai beaucoup ri en lisant celui de Jean-Guilaine (spécialiste français du néolithique) "Pourquoi j'ai construit une maison carrée" (vous remarquerez l'hommage au roman de Lewis). Non seulement j'ai ri, mais j'ai appris plein de choses. Un régal.
vendredi 17 avril 2009 à 13h29
Laurence: je note, je note... ;o)
Leiloona: ici aussi il est lu par plusieurs adolescents et je comprends bien qu'ils se retrouvent en effet dans cet humour. Pour ma part, je pense que l'absurde me touche assez peu (sauf peut-être ionesco, dans un genre complètement différent).
vendredi 17 avril 2009 à 16h46
Je l'ai lu il y a quelques années et en garde un très bon souvenir. Un humour très présent, beaucoup de clins d'oeil à notre époque. Et tout un pan de l'histoire réécrit par une seule famille. Entre anachronismes dans les dialogues et situations absurdes, il y a de quoi rire et surtout réfléchir sur notre monde.
C'est vraiment un ouvrage que je recommandes (et que j'ai recommandé quand je travaillais au CDI)
vendredi 24 avril 2009 à 21h35
Il est en quelque part dans l'énormité de ma pile, celui-là... j'attends toujours car j'ai un peu peur qu'il me fasse exactement l'effet que tu décris.
mercredi 16 mars 2011 à 15h29
Je dois lire ce * bouquin (c'est la prof de français qui nous a donné ce truc).
C'est vrai que le bouquin il est marrant; il y a des blagues et tout... mais on ne rit pas. C'est bizarre. Par contre pour commencer à le lire, j'ai du être très motivée è_é mais une fois qu'on est dedans, ben, ça va tout seul :D Mais c'n'est pas un bouqin que je choisirai moi même parce qu'il n'est pas très attirant. =_="