Après le meurtre de sa femme , François a tout changé. Sa vie, son quotidien, son travail. Il est devenu flic. Profileur pour la police française qui n'en a pas vraiment besoin, puisque les tueurs en série sont « une mode américaine ». Oui, mais...
Lorsqu'un premier corps est découvert près d'Avignon, sauvagement mutilé, son supérieur sent venir le vent et envoie François enquêter. Il rencontre Julia Drouot, jeune enquêtrice, avec qui il va affronter l'horreur.
Horreur des meurtres, horreur des vies brisées, horreur de la découverte d'une génération qui s'ignore, se mutile, s'éteint à petit feu, dans un silence insondable.
Et pire encore.
Olivier Descosse est un auteur montant, vent en poupe, au panthéon des auteurs de Thriller et de polar. Ce dernier roman est servi avec un scénario brillant, des personnages blessés dont la douleur transpire chacune de leurs actions et de leurs regards, des descriptions poétiques et juste ce qu'il faut d'hémoglobine.
En bref, tous les éléments pour un thriller intéressant, alléchant par le thème (des ados qui se font tuer, c'est vendeur et c'est à la mode) inauguré il y a quelques mois par Jean-Christophe Grangé avec son Miserere. L'écriture est fluide, agréable, on ne se perd pas dans les personnages et les situations sont claires. L'auteur met un point d'honneur à mener le lecteur exactement où il le souhaite, sans orienter jamais son point de vue. Ce n'est qu'à une centaine de pages de la fin que j'ai senti le coup fourré et commencé à me poser la fameuse question : « et si le coupable, c'était lui...? ». Bingo !
Aucune originalité dans les personnages, ni dans le fond de l'intrigue, si ce n'est la révélation finale. L'intérêt se trouve plutôt dans les raisonnements du psychoflic, son interprétation des faits, les bras de fer avec les collègues...
Et mon intérêt, je l'ai trouvé en cours de lecture, de manière tout a fait inattendue, par le biais des descriptions des villes où les meurtres ont eu lieu. C'est-à-dire Avignon, Grenoble et Paris. Trois villes que je connais bien pour y avoir passé quelques années ou y vivre encore actuellement. Du coup je me suis amusé à mêler mes souvenirs aux descriptions de l'auteur, et je me suis même autorisé une petite pointe de nostalgie... *soupir*
En conclusion, un thriller sans grande prétention qui se lit bien, histoire de passer un agréable moment de détente et de frissonner un peu, juste un tout petit peu. Reste malgré tout une fin presque inattendue et une chute intéressante qui peut ouvrir des perspectives.
(Ndlr le 25 mai 2009 : ce billet a été publié avant l'opération marketting douteuse de l'agence de communication qui s'occupe de ce roman. Nous vous invitons à lire les commentaires qui suivent le billet.)
Par Cœur de chene
Extrait :
Le commissaire se leva, mettant un terme à l'entretien. La vieille dame parut déçue.
- C'est tout ?
- J'en ai peur.
- Vous ne me demandez pas si j'ai remarqué autre chose ?
- Pourquoi ? C'est le cas ?
- Je ne sais pas si ça peut vous intéresser...
Elle souriait, contente de son effet.
- Je vous écoute.
- Asseyez-vous, jeune homme.
Les policiers reprirent leurs places pendant qu'elle se servait une nouvelle tasse de verveine. Elle minauda un peu avant de se lancer.
- Ça s'est passé dimanche. La dernière fois que j'ai vu cette demoiselle. Elle s'est assis là-bas, comme d'habitude, a commandé un Perrier menthe et commencé à lire un magazine. Mais cette fois, personne ne l'a rejointe. Au bout d'une heure, elle est partie.
Silence. Petite lampée de tisane. Marchand attendait la suite, sur des charbons ardents.
Elle reprit :
- D'ici, j'ai une vue magnifique sur la rue. Quand on n'a pas grand chose à faire, c'est une façon de passer le temps...
Éditions Michel Lafon - 435 pages
Commentaires
mardi 5 mai 2009 à 21h27
Je le lirai cet été si je le trouve en bibliothèque alors
mardi 5 mai 2009 à 23h47
Voui, voila, c'est une très bonne lecture de vacances.

Reviens nous dire ce que tu en as pensé
dimanche 10 mai 2009 à 11h40
Chroniqué dans le cercle polar de Télérama, pour ceux que ça intéresse :
http://www.telerama.fr/livre/cercle...
dimanche 24 mai 2009 à 21h28
Je suppose que certains blogueurs arriveront ici suite à la lamentable opération marketting lancée pour ce roman. Figurez-vous que nous y avons eu droit nous aussi alors que ce billet avait déjà été publié. Ce week-end, Olivier Descosse était présent à la Comédie du Livre; je suis donc allée le voir pour lui dire que je pensais son opération plus que malsaine. Ce à quoi il m'a répondu qu'aujourd'hui, un livre est un objet comme un autre et que l'on doit le vendre comme des boîtes de petits pois.
Je suis finalement heureuse que Cœurdechene n'ait que modérément apprécié ce roman. Aussi palpitant qu'une étiquette de boîte de petit pois sans doute...
lundi 25 mai 2009 à 08h02
Ah bien ! Si selon cette personne, la littérature a autant de valeur qu'une boîte de petits pois, nous ne partageons jamais les mêmes valeurs avec ce Monsieur. Il se saborde tout seul.
J'avais déjà pas trop envie de le lire, alors avec ces propos, c'est pas demain que je m'y mettrai.
En même temps, il doit s'en fiche, il vend des petits pois.
lundi 25 mai 2009 à 08h10
Dédale : pour mieux comprendre à quoi je fais allusion, tu peux taper dans google "Chloé" et le titre de ce roman; tu verras à quel point c'est malsain (d'autres blogueurs détaille l'opération). Pour ma part, hors de question de consacrer un billet à cette opération car on entre dans son jeu en augmentant le nombre de pages sur internet ce qui lui fait de la pub.
lundi 25 mai 2009 à 10h03
Je me doutais que c'était lui, en plus. Mais je t'ai laissé un message avant de passer voir ici. Alors ne tiens pas compte du message
C'est quand même malheureux d'en être réduit à faire du commerce au détail pour son roman...
Du coup, effectivement, je regrette déjà beaucoup moins le manque de style et l'insipidité de l'histoire.
lundi 25 mai 2009 à 10h19
Edit : je viens de faire la manipulation conseillée, et donc de lire la teneur des mails sur certains blogs... Je ne pensais pas qu'on puisse aller aussi loin. C'est de très mauvais goût et je rejoins sans problème l'opinion d'un des blogueur exprimant des craintes sur le qu'en-dira-t-on... C'est très malsain. Je ne dis pas bravo, ni à l'auteur, ni à la maison d'édition.
lundi 25 mai 2009 à 18h38
Comme ce livre n'est pas encore passé sous mes yeux, je me ferai un point d'honneur de ne pas le lire!
Laurence! Qu'est-ce que je ferais sans tes précieux conseils?
mardi 26 mai 2009 à 10h16
Personnellement, il y a quelques mois déjà on m'avait proposé ce livre.J'ai refusé pour la bonne raison comme je le disais à ICB : Thriller+Michel Laffon + couverture hideuse. Je fuis, et si en plus on en rajoute avec des mails douteux, je ne m'y attarde pas, c'est poupelle. Pour moi de toute façon, un livre édité par Michel Laffon, ce n'est certainement pas de la littérature. C'est un livre qui s'adresse à un large public, l'auteur le reconnais lui même :
"un livre est un objet comme un autre et que l'on doit le vendre comme des boîtes de petits pois." Je rajouterai certes surtout quand on est édité chez Michel Laffon. Donc leur approche est j'en conviens douteuse mais il ne faut pas tomber dans le panneau c'est tout !
mardi 26 mai 2009 à 12h39
Bonjour, je fais partie des blogueuses piégées par cette opération marketing d'un goût douteux. Mais, comme j'ai reçu un mail très aimable des organisateurs lorsque le truc a été dévoilé, j'ai accepté de lire ce livre.
Je suis aussi dépitée que vous tous de voir qu'on vend maintenant des livres comme des petits pois en tête de gondole à Carrefour, c'est dommage, et je ne pense pas que cela soit une démarche intelligente pour éditer des livres de qualité, et surtout, je suis persuadée que nous tous, blogueurs férus de littérature, de belles lectures, nous ne tombons pas dans le panneau et lirons toujours et encore que ce qui nous plait. Ce plan média monté de toute pièces ne leur apportera pas de lecteurs supplémentaires, je dirais même plutôt moins... Ou alors il aurait fallu qu'ils montent un vrai canular en prime time sur TF1, et là, ils auraient eu le lectorat de concierge auxquels ils ont droit... (que les concierges m'excusent !)
mercredi 27 mai 2009 à 20h45
Cœurdechene : malsain est effectivement le mot qui revient le plus souvent au sujet de cette opération.
Mamathilde :
te déconseiller des livres dont tu n'as jamais entendu parler, tu parles comme c'est fin ! 
Alice : Bien sûr qu'il ne faut pas tomber dans le panneau, je suis entièrement d'accord avec toi. Mais cela n'enlève pas le fait que l'idée même de cette opération est sordide.
Liliba : sans vouloir être cynique, pour moi tu es tombée dans le panneau puisque tu as accepté ce roman après avoir été victime d'une opération que tu trouves toi-même douteuse. Personnellement, je n'aurai jamais accepté ce roman après l'échange de mail. Il faut savoir raison garder et ne pas tout accepter pour recevoir des livres gratuitement. Ah Mephisto... quand tu nous tentes...
vendredi 29 mai 2009 à 23h18
L’affaire Chloé : la réponse de l’éditeur
Chloé n’existe pas, et pourtant…
À travers la démarche réelle de la « fausse » Chloé, nous sommes au cœur des sujets abordés dans Les Enfants du néant, le dernier thriller d’Olivier Descosse.
Cette fiction romanesque met en scène le mal-être et la part d’ombre qui sommeille chez des adolescents victimes de maux bien réels liés à notre époque : anorexie, influence des images et des jeux vidéo, confusion entre le monde réel et virtuel, dangers d’Internet…
Chloé aurait pu être l’un des adolescents du livre d’Olivier Descosse au même titre que les autres protagonistes du roman que sont Lucie, Pierre, Natacha et Charlotte.
En ce sens, l’invention du personnage et la mission de Chloé sur les blogs procèdent d’une démarche purement éditoriale : cette démarche est unique et non modélisable, elle n’aurait pu être inspirée par aucun autre livre. L’intention était de plonger dans l’univers des Enfants du néant, de sensibiliser aux sujets contenus dans ce livre.
Car il s’agit bien de cela, un livre. Nous ne vendons pas des « produits ». Notre passion d’éditeur est aussi de faire partager au plus grand nombre le talent d’auteurs en lesquels nous croyons, en assurant la promotion de leurs œuvres. Et même si les moyens utilisés ont pu faire débat, ils sont le fruit d’une décision collégiale. Il s’agissait de trouver des moyens originaux et innovants pour émerger au sein d’une production littéraire toujours grandissante.
Pour ceux qui aimeraient en savoir plus, nous avons décidé de rendre publique la trame scénaristique des cinq mails que Chloé a adressés aux blogueurs sur lesquels elle a jeté son dévolu… Retrouvez la retranscription à cette adresse : xxx
Les Éditions Michel Lafon
samedi 30 mai 2009 à 10h02
Je suis un peu "ennuyée" par ce message.... En effet, contrairement à ce que l'expéditeur annonce, il ne s'agit nullement d'un message des Éditions Lafon (dont les salariés à 23h18 ne doivent plus être dans les bureaux...), mais de l'agence de communication rewiind.fr qui a mené cette campagne. Son directeur de production, Sylvain Olivri, est propriétaire du nom de domaine "lesenfantsduneant.com". J'avais reçu dès hier ce texte par mail, et m'étais empressée de leur répondre en leur disant tout le mal que je pensais de cette opération (je me suis d'ailleurs permis d'adresser une copie de ce mail à l'attachée de presse de Michel Lafon, dont j'attends la réponse puisque rewiind.com parle en leur nom). Quant à la phrase "Nous ne vendons pas de produits", elle me fait bien rire, puisque l'auteur lui même m'a expliqué l'inverse le week-end dernier.... Décidément, pour une agence de communication, je trouve qu'ils accumulent les "erreurs de communication"
et je doute vraiment que ça les serve...
samedi 30 mai 2009 à 10h52
En tout cas, j'aime beaucoup le vocabulaire :"la trame scénaristique des cinq mails que Chloé a adressés aux blogueurs"... Suis écroulée dis donc. Je ne pensais pas qu'une opération malsaine de piègagogos-pognon-pognon-provocation-pubalanoix, ça se nommait aussi "trame scénaristique"... C'est sûr que ça fait plus propre sur soi d'un seul coup. Écroulée de rire je suis !
samedi 30 mai 2009 à 15h07
Laurence : Je ne laisse pas souvent de message ici, mais je lis quand même encore très régulièrement les chroniques qui sont publiées. Ce livre-ci ne me dit rien qui vaille, mais souvent, je cite les mots laissés ici pour suggérer à ma clientèle, un volume que je n'ai pas lu.
Tu vois, j'ai beaucoup besoin de ce blogue.
samedi 30 mai 2009 à 18h12
La phrase clés c'est celle là :


Faisons un peu de sémantique :
A aucun moment ils n'emploient le terme de "littérature de qualité", sans doute parce qu'ils ignorent ce qu'est un livre de qualité, ou alors ils le savent trop bien.
En clair ils ont décidé d'une stratégie destiné a rendre le plus public possible l'existence de ce livre sans jamais avoir a justifier de ses qualités propres. c'est de la pub institutionnelle genre EDF, ou on nous refile des concepts abstrait sur lesquels il n'y a pas de contradiction possibles.
Le but est de faire acheter sans avoir a dire pourquoi.
en cela, ils réussissent très bien, la preuve, tu parle et reparle du bouquin en question!
l'objectif est atteint, ils ont créé le buzz, pour le meilleur ou le pire, ils en récolterons les fruits.
D'ailleurs, c'est ce qu'ils te disent dans leur mail:
traduction : "on a présenté notre stratégie marketing a l'auteur et à l'éditeur qui ont dis OK! et le fait que ça vous énerve est la preuve de notre succés"
17 commentaires pour un livre notés comme "passable" c'est pas mal, non?
je ne serais d'ailleurs pas étonné que ce mail de réponse ait été inclus dans leur planning stratégique afin d'entretenir le buzz.
Le marketeu est un individus sournois!
Hugues.
dimanche 31 mai 2009 à 09h04
Mamathilde : ne t'inquiète pas, je sais que tu passes régulièrement ici (tout comme moi chez toi) et je sais que nous sommes l'une et l'autre généralement silencieuses quand on se ballade sur le web
Hugues : oui, c'est toute la difficulté de cette affaire. Quand le pot aux roses a été dévoilé, j'avais décidé de ne pas en parler pour ne pas entretenir le buzz; et puis ces messieurs du marketting ont continué à pousser le bouchon, et cela m'a mise encore plus en colère. J'ai donc choisi de couper la poire en deux : pas de nouveau billet pour en parler, ce qui lui donnerait une trop grande visibilité, mais une mise au point dans les commentaires de ce billet publié depuis quelques temps déjà. Seuls les habitués du blog ou ceux que j'ai averti par l'intermédiaire de F.B. sont finalement au courant. Je sais que tu as raison quand tu dis que nous entretenons nous-mêmes le buzz, mais à lire les réactions des internautes ici et ailleurs, je me dis que le résultat est totalement contre-productif pour eux : tout le monde est choqué, personne n'a envie d'acheter ce roman. Alors, oui, ce roman est sûrement plus connu qu'avant l'opération, mais l'image qu'il se coltine n'est vraiment pas positive. Il reste que ce type de dispositif met toujours le blogueur dans une position délicate : en parler et leur faire de la pub, ou laisser sous silence des procédés très malsains... Aucune des deux solutions ne me satisfait pleinement....
lundi 15 juin 2009 à 19h19
Le commentaire de l'agence de pub me choque assez. Certes, le buzz est un bon moyen de faire augmenter les ventes et je ne suis pas contre le fait de booster un auteur ou un livre, même si le choix ne se fait malheureusement pas souvent en fonction de la qualité, mais c'est un autre sujet. J'ai moi aussi été contactée par la fameuse Chloé APRES avoir été contactée par le service presse pour recevoir gracieusement ce livre. Première maladresse à mon avis mais ce qui me gêne c'est surtout que les confessions sordides et les appels à l'aide de Chloe invitent au dialogue. Qui sait ce que les blogueurs ont eu le malheur de raconter en répondant à une adolescente qui paraissait en détresse ? Cette opération fait appel aux bons sentiments, à la générosité des personnes contactées, mais c'est aussi une invitation à la confession ou au partage de sentiments personnels...tout ça pour une opération de promo annoncée très brutalement après l'échange. Quel mépris pour les gens contactés ! Et quelle maladresse dans la forme (les formes!) ! Voilà un éditeur qui a mis les pieds sur un terrain miné...
mercredi 17 juin 2009 à 12h53
Lou : Je crois que nous sommes tous d'accord...