Si vous n'êtes pas appâtés après un début pareil... Moi, je l'étais, fin prête à me jeter dans les pas de cette femme flic atypique et de la jeune beauté qui avait tout pour être heureuse : travail, argent, amant, famille, santé... tout était absolument parfait. D'ailleurs le père de Jennifer ne croit pas au suicide, il sent que sa fille a été assassinée; il le veut, sous peine de ne pouvoir supporter sa propre existence.
Et de fil en aiguille, Mike (et Martin Amis par la même occasion) laisse tomber son enquête pour se focaliser sur la personnalité de la victime. Quand on est belle, riche, aimée, qu'on a réussi sa vie sentimentale et professionnelle, peut-on avoir des raisons de vivre ? Et au-delà, quelles sont les raisons du suicide ? L'inspecteur Mike Hoolihan passe en revue toutes les pistes possibles : les suspects, les interrogatoires, les preuves, tout s'accumule, rien ne progresse, tout dérive, à la faveur du récit introspectif de Mike, vers une réflexion sur le sens de la vie et sa finalité.
Et le lecteur qui croyait d'abord lire un polar, reste en carafe... moi en tout cas. Parce que le style très américain de ce livre n'est pas ce que j'attendais de cet auteur anglais qui ici plante des personnages à la limite de la caricature. L'ex-alcoolique, le commissariat, les bars, le style lui-même... c'est un peu trop appuyé, trop polar noir pour me convaincre. Je peux lire Ellroy si l'envie me prend, mais pas Martin Amis pour lire du noir de noir à l'américaine.
Mais bien sûr ici, la forme ne fait pas tout, l'essentiel étant la réflexion menée sur le suicide et donc la mort. Je ne suis pas convaincue non plus par la démonstration qui me semble au final très artificielle parce que vraiment trop improbable.
Je n'ai donc pas bien commencé ma découverte de Martin Amis, mais je recommencerai...
Du même auteur : Chien jaune
Extrait :
Le suicide est le train de nuit qui vous expédie dans les ténèbres. Impossible de parvenir aussi vite à destination par des moyens naturels. Le billet vous coûte tout ce que vous possédez. Mais c'est un aller simple. Ce train vous emporte dans la nuit et il vous y dépose. C'est le train de nuit.
Éditions Gallimard (Folio n°3508) - 226 pages
Traduit de l'anglais par Frédéric Maurin
Commentaires
vendredi 8 mai 2009 à 09h18
J'ai commencé une fois un roman de Martin Amis (je ne sais plus lequel) et ai décroché très vite... ce n'est pas un auteur pour moi, je crois !
vendredi 8 mai 2009 à 14h19
De Martins Amis, j'ai beaucoup aimé "d'autre gens"...je ne connais pas celui-ci.
mercredi 27 mai 2009 à 21h54
J'avais lu l'an dernier "Poupées crevées"... Là, les personnages sont grotesques, caricaturaux. Voici ce que j'en avais écrit à l'époque dans mon Librarything :
Dialogues parfois hilarants.
Un exercice de style.
Roman inquiétant dans son ensemble, ambiance malsaine d'un bout à l'autre, mais sans être oppressant. Le narrateur se joue de ses personnages. De tous, il est sans doute, et ouvertement, le plus malsain...
Extraits :
'Whitehead est un jeune homme presque ridicule à force d'être repoussant ; par exemple, c'est quasiment un nain. ... A part ça, il ne restait rien qui fût digne de compliment dans sa peu ragoûtante personne, ni la touffe de paille clairsemée surmontant un masque d'acné, écrasé et acariâtre, ni le petit torse austère et renflé, au membres répugnants, comme tronqués, ni la texture inerte, cadavérique de l'ensemble'. Chap.1 , p. 22
'Nous pourrions par exemple
voyonsnous pourrions voir Diana lui prendre la main et l'entraîner dans les bois, ou Celia se pencher et dégrafer tendrement sa fine ceinture en plastique, ou Roxeanne se glisser sous lui ici même. Bien sûr, nous pourrions faire que tout cela se produise au moment de notre choix, mais Keith, lui, ne le peut pas, oh non.' chap. 18, p. 124