Ici un caméraman s'éprend du modèle qu'il doit filmer et la suis dans la ville sans jamais oser l'aborder. Là une jeune femme se décide à aller travailler dans un étrange restaurant pour boucler la fin du mois, quitte à se perdre de vue. Dans un autre cas, une jeune femme se rappelle un événement traumatisant, un quasi viol, lorsqu'elle croise son bourreau sur un traversier; tandis que la dernière nouvelle nous entraîne dans un dialogue intriguant chez un couple qui se dit quelques vérités sur un ton nonchalant. 

Pour dire vrai, il y a quelque chose de reposant dans certaines des nouvelles de ce livre. J'ai surtout aimé la première et la dernière. En effet, j'ai été touchée par ce jeune caméraman qui s'éprend de son modèle et la poursuit dans l'hiver. De la même façon, le dialogue entre Émile et Marguerite m'est apparu assez révélateur d'une intimité réelle, celle d'un couple qui s'aime assez pour se dire, sur le ton de la badinerie, des choses qui pourraient être si douloureuses. J'ajouterais que les descriptions du monde faites par les yeux d'arts divers sont souvent touchantes, bien qu'à la longue, le fait de sauter d'un art à l'autre me soit un peu apparu comme une formule.

Pour moi, il y a quelque chose de «non-pénétrant» dans cette lecture. J'écris ce billet quelques semaines après l'avoir fini, et je dois y retourner, relire des pages entières, pour me rappeler des récits et de leurs protagonistes. Ils se ressemblent tellement les uns les autres que je m'y suis perdue. Et leurs aventures sont tellement empreintes du quotidien, elles ont quelque chose de si banales, c'est désarçonnant. C'est justement cela qui rend cet univers si confortable, si familier, mais aussi, d'une certaine façon, sans attache et sans empreinte. J'ajouterais que si les réflexions de l'auteure sont intéressantes, par moment elles m'ont semblé assez en surface par rapport à ce que nous partage déjà les adages du sens commun (voir l'extrait par exemple). Un rendez-vous sans grandes traces pour ma part, malheureusement.

Catherine

La Recrue du mois est une initiative collective qui met en vedette le premier ouvrage d’un auteur québécois. Pour lire les autres commentaires sur ce livre vous pouvez donc vous rendre sur le site de La recrue du mois

Extrait - Concours :

Je dessine un homme et une femme en légère contre-plongée, leurs corps sont transparents, l'homme a un volcan dans le ventre, les étincelles, la lave et le feu y brûlent, mais seule une petite boucane réussit à s'échapper de lui, par les oreilles et un peu aussi par le nez. Un geyser jaillit du centre de la femme, une mer intarissable qui se propulse hors d'elle, un flot, une marée de mots, de gouttes, de larmes...

Moi quand j'ai de la peine, je crie, je pleure, je hurle... Mon homme, lui, dans ces moments-là, on dirait qu'il cuit.

Chose certaine: la femme veut être aimée et l'homme aussi, mais pas de la même façon. C'est la base. Pour vraiment condenser, je dirais que les hommes aiment briller, conquérir, bouger et d'épanouir dans un grand espace sale ou propre et que les femmes, elles, aiment briller, organiser, se détendre et s'épanouir dans un bel espace propre. J'ai bien conscience de n'avoir pas finir de comprendre.

Savoir se parler... il y a des bonheurs en suspens dans les airs qui attendent preneur. Savoir l'amour parole...

Je jette mes ongles par la fenêtre
Éditions L'instant même - 158 pages