Dobbs et Curtis, Howard, trois américains arrivés plus ou moins de longue date au Méxique cherchent par tous les moyens à travailler et à s'enrichir. Howard a déjà un sacré avantage car il a trimé des années sur les champs pétrolifères pour de grandes compagnies américaines. Mais les temps sont durs et même ces dernières n'embauchent plus. Dobbs et Curtis, après différents petits boulots, ont travaillé comme des forçats sur un champ de pétrole et voient leur chef partir avec leur salaire. Retour à la case pauvreté et misère.
Les trois hommes vont mettre en commun leurs trois sous pour investir dans du matériel de prospection. Howard, au regard de sa grande expérience du pays et de la mine va les emmener dans la montagne, la Sierra Madre. Là-bas, il est certain de trouver une prodigieuse mine d'or. Ils vont faire face à bon nombre de difficultés pour trouver cette poussière jaune : La sécheresse, la fatigue, la paranoïa de Dobbs qui le rend parfois incontrôlable sans la sagesse d'Howard, les bandits de grand chemin, le soupçon. La trahison et le meurtre sont souvent les jumeaux de l'avidité, la cupidité. En somme les effets secondaires de la fièvre de l'or.
Les aventures de ces chercheurs d'or est l'occasion pour B. Traven de broder avec pertinence et justesse ces travers de la nature humaine, sur la grande misère en ville comme à la campagne ou dans les villages de montagne. Comme une fable moderne, les trésors les plus recherchés et ceux que l'on récolte finalement ne sont pas toujours ceux que l'on croit ou espère.
Traven en profite pour critiquer durement l'influence de l'Église sur les Indiens, des compagnies américaines qui se servent allégrement sur le pays. Le fait pour l'auteur de vivre depuis de nombreuses années au Méxique et surtout dans le Chiapas lui donne une bonne connaissance des moeurs et mode de vie locale.
Le trésor de la Sierra Madre a été adapté au cinéma par John Huston en 1948. B. Traven sous le nom de Hal Croves est engagé sur le tournage. Il a ainsi la possibilité de contrôler ce qui se fait autour de son oeuvre.
Une riche découverte que cette histoire d'or très bien menée, captivante et donnant matière de réflexions. Les oeuvres de B. Traven, une mine à creuser.
Dédale
Extrait :
Le banc sur lequel Dobbs était assis n'avait rien de confortable. L'une des lattes avait cédé ; une autre était tellement tordue que le fait de s'asseoir dessus pouvait passer pour une punition. L'avait-il méritée ou lui était-elle infligée à tort, comme la plupart des punitions, la question de l'effleurait pas. Pour lui faire prendre conscience de l'inconfort de sa position, il aurait fallu que quelqu'un lui demande s'il se sentait à l'aise. Et personne, bien sûr, ne se souciait de l'interroger.
Trop de pensées l'agitaient pour qu'il songe à son bien-être immédiat. Il était en train de chercher une solution à ce problème vieux comme le monde, pour lequel tant de gens en viennent à oublier le reste et qui se réduit à cette question : « Comment trouver de l'argent au plus vite ? » Si vous en possédez un peu, il vous est plus facile d'en obtenir davantage : vous pouvez investir votre maigre pécule dans des affaires prometteuses. Mais sans un sou en poche, il est difficile d'obtenir quoi que ce soit.
Dobbs n'avait rien. A vrai dire il avait moins que rien, sa garde-robe étant incomplète et en mauvais état.. De bons habits constituent parfois un fond, maigre mais suffisant, pour se lancer dans une entreprise.
« Quiconque souhaite vraiment travailler n'aura pas de difficulté à trouver un emploi. » N'allez rien demander à ceux qui tiennent ce genre de propos. Ils n'ont pas de travail à vous offrir et ne connaissent personne qui ait entendu parler d'un poste à pourvoir. C'est la raison pour laquelle ils vous donnent si généreusement ce conseil, qui montre à quel point ils sont ignorants des réalités.
Édition Sillage - 314 pages
Traduction de l'américain par Paul Jimenes
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