Yann Leblond, la victime, a été pendu par les pieds, vidé de son sang et son corps présente d'étranges scarifications. Malheureusement pour Sterne, les gendarmes du coin, peu habitués aux crimes violents, ont laissé tout un car de Belges piétiner la scène du crime. Privé des éléments de preuves scientifiques, Sterne ne peut donc compter que sur sa sagacité pour résoudre cette enquête. Alors qu'il commence ses investigations, un jeune flic de la DGSE, le capitaine Lorka, vient marcher sur ses plates-bandes.

Pour son premier roman, Sebastian Charles nous offre une escapade dans l'un des plus vieux vignobles français. L'auteur s'est suffisamment documenté pour que tous les passages évoquant la viticulture et la vignification soient intéressants et crédibles. Mais l'essentiel n'est pas là : Le secret du loup, comme tout bon polar régional, mêle vengeance familiale et croyances populaires. L'intrigue que propose Sebastian Charles est bien menée et le lecteur se laisse manipulé avec plaisir. Il faut dire que Sebastian Charles a particulièrement soigné tous ses personnages ; chez lui, même les seconds couteaux ont de l'épaisseur et les dialogues sont souvent bien sentis et plein d'humour. Les anciens de Pol'art Noir se souviendront peut-être de l'époque où Mister T (un chien dannois impressionnant) n'était pas encore un personnage de roman mais hantait déjà le forum. En ce qui me concerne, ce fut un plaisir de retrouver ce clebs dans une fiction. Si certains s'irriteront du portrait qui est fait de la gendarmerie, d'autres y verront surtout prétexte à rire.

Mon billet aurait donc pu être très enthousiaste, d'autant que je n'oublie pas qu'il s'agit d'un premier roman, et que Sebastian Charles, comme le vin dont il parle ici, devrait se bonifier avec l'âge. Malheureusement, toute ma lecture fut entachée par les trop nombreuses fautes d'orthographe et de syntaxe qui émaillent ce récit. En effet, si l'on peut facilement pardonner certaines maladresses d'écriture, il est en revanche beaucoup plus difficile de passer outre la correction de la langue. Peut-être Sebastian Charles devra-t-il à l'avenir s'entourer de relecteurs plus sérieux.

N.d.l.r : l'exemplaire que j'ai eu entre les mains vient apparemment d'être ré-édité avec les corrections qui s'imposaient.

Laurence

Extrait :

La pièce du fond était plus sombre que la précédente, seul un trait de lumière la traversait et frappait le socle d'un vieux baril d'essence rouillé. Il regretta de ne pas s'être muni d'une lampe torche. Il hésita un instant à aller la chercher, mais le souvenir de ses mollets écorchés l'en dissuada aussitôt. Il avança encore. L'humidité lui sembla plus présente ici. Le sol et les murs semblaient suinter. Il tendit l'oreille. Un léger cliquetis régulier, comme celui de gouttes d'eau, résonnait dans la pièce. Il avança jusqu'au baril et examina l'intérieur. Un liquide noir et croupi. Quelques gouttes lui tombèrent sur le front. La charpente gorgée d'eau devait être plus pourrie qu'il ne le pensait. Il s'essuya le visage à deux mains. Le liquide lui sembla d'abord plus visqueux et sa consistance plus épaisse que prévu. Un peu surpris, il regarda ses mains et les plaça dans la lumière. Elles étaient d'un rouge noir et profond. Il leva les yeux vers le toit et bascula dans l'horreur.


Éditions Krakoen -  255 pages