Dans L'auteur, Le Prix de Flore et Le Succès, Vincent Ravalec revient sur son entrée remarquée dans la littérature : l'envoi des manuscrits, la signature du premier contrat, les réactions des amis, les manifestations littéraires plus ou moins foireuses ou encore les ateliers d'écriture surréalistes. Quand arrive Le Prix de Flore, Vincent Ravalec s'en donne à cœur joie et dépeint un portrait cinglant et irrésistible du "petit" milieu germano-prattin et des "stars" de la télé. Enfin, Le succès est là, les plateaux télé, la radio, les couvertures de magazines, les groupies etc... Même si l'exercice n'a rien de novateur, ces trois textes sont assez réussis et le lecteur s'amuse des déboires de l'auteur. La plume de Ravalec est acide juste ce qu'il faut, il égratigne ses congénères autant que lui-même et les anecdotes rocambolesques s'enchaînent à un rythme effréné. À la fin de chacune des trois premières nouvelles, Vincent Ravalec commente ce qu'il a écrit il y a près de 15 ans, avec une pointe de nostalgie.
Et puis arrive ce Retour, le texte inédit de cet ouvrage, et on reste perplexe. Vincent Ravalec part dans un délire que l'on a du mal à suivre : il aurait été abordé par une romancière adepte d'une confrérie littéraire, aux pratiques pour le moins farfelues et surréalistes. Ni une ni deux, Vincent Ravalec entre dans la confrérie et... Et quoi ? Et bien on ne sait pas très bien.
Si les trois premiers textes étaient en partie autobiographiques, il semble clair que ce quatrième volet est du registre de la fiction. Mais à trop aller dans l'excès et le n'importe quoi, Vincent Ravalec perd toute sa verve doucement jubilatoire et le lecteur a bien du mal à saisir l'intérêt de cet ajout. Autant j'ai apprécié l'auto-dérision et le mordant des trois premiers textes, autant cette dernière nouvelle m'a agacée tant elle m'a semblé contre-productive et gratuitement exagérée.
J'en reviens donc à l'introduction de mon billet : Rentrée littéraire 1995 ou 2009 ? Restons donc sur la rentrée littéraire 1995 - et la première version de l'Auteur -, l'édition agrémentée de 2009 ne m'ayant vraiment pas convaincue.
Voir aussi les billets de Cuné et Martine
Laurence
Extrait :
Oui, écrire était vraiment quelque chose de génial, une grâce magique, un cadeau tombé du ciel. Et quelle joie, quel émerveillement de voir son ouvrage non seulement imprimé, Oh mon tendre bébé, mais qui plus est distribué dans les librairies, des piles et des piles entières, ça y est il est sorti, la foule se pressant pour l'acheter, la gloire et les millions, enfin, je suis écrivains.
Malheureusement le premier endroit où l'on décidait de faire un petit contrôle, l'air de rien bien sûr, Tu sais moi je m'en fiche, l'important c'est surtout d'écrire, horreur et malheur, non seulement les salopards ne l'avaient pas mais, pire encore, ils ignoraient jusqu'à son existence.
- Je ne vois pas du tout ce que ça peut être, vous êtes sûrs de l'éditeur ?
Je te hais, je te déteste, ne comprends-tu pas que devant toi se tient l'auteur, mince, vous voulez que je pleure ou quoi, c'est un complot. Dans la suivante c'était pareil, et quand par miracle on finissait par tomber dessus il n'y avait qu'un exemplaire, perdu au milieu d'un océan de salopards, tous avec des banderoles, prix ceci, prix cela, ou avec leur nom, en gros, noir sur rouge, leur nom en énorme et mon chéri relégué tout au fond.
Éditions Le Dilettante - 250 pages
Commentaires
mardi 29 septembre 2009 à 08h01
Le titre et le nom de l'auteur m'ont fait tiquer, ta première phrase a tout expliqué. Je m'en tiendrais donc à la version originale, et comme elle m'attend déjà depuis 1995, on ne pourra pas m'accuser d'achat compulsif
mardi 29 septembre 2009 à 10h03
Ah ben, ça se précise... (et si j'attendais la sortie du livre en 2015, hein ?
)
mardi 29 septembre 2009 à 10h13
Emmyne : oui, tu fais bien. Et si on ne peut t'accuser d'achat compulsif, on ne peut pas non plus m'accuser d'incitation au vice
cjeanney : oui, effectivement, c'est peut-être une solution.
mais si tu ne connais pas les premiers textes de cette réédition, peut-être que ça vaut le coup de ne pas attendre jusque-là 
mardi 29 septembre 2009 à 11h59
J'aime assez Ravalec, donc très tentée de le lire !
mardi 29 septembre 2009 à 13h09
Ton avis me rassure (je craignais d'être la seule à avoir ressenti cette impression) et me conforte!
Merci pour le lien! ;o)
mardi 29 septembre 2009 à 15h51
Mazel : au plaisir alors de lire ton billet.
Martine : de rien pour le lien; j'essaie toujours, dans la mesure du possible, de recenser les billets qui existent dans la blogosphère pour que les lecteurs puissent avoir d'autres points de vue.
vendredi 2 octobre 2009 à 01h02
Pour en revenir à Ravalec, j'aimais bien sa plume. Je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas suivi après avoir lu ses premiers textes... Ton billet ne donne pas trop envie de replonger avec celui-là, mais je reviendrai lire ce type. Il a du talent pour brosser au crin ses personnages, c'est indéniable.
mardi 6 octobre 2009 à 14h15
Ravalec était tellement bon, à ses débuts. Tellement brillant. Ses deux premiers romans (Cantique de la racaille et Wendy) sont vraiment des merveilles de satire sociale au vitriol, écrits dans une langue foisonnante... ses premiers recueils de nouvelles (La Vie moderne, Les Clés du bonheur) aussi sont formidables. Que de talent gâché depuis une dizaine d'années maintenant qu'il a sombré dans un mysticisme de cartoon et une bouillie new-age sans nom. Le Retour de l'auteur m'a alléché, j'ai espéré un retour aux sources... et que dalle, la construction de ce recueil ne fait que souligner la cassure incroyable qu'on retrouve dans sa bibliographie elle-même...
Des bises, chère Laurence
mardi 6 octobre 2009 à 18h17
Florent : si tu n'as pas suivi ses autres publications, c'est peut-être parce que comme le souligne Thomas, Ravalec est parti dans des délires métaphysiques indigestes....
Thomas : si je te comprends bien, nous avons la même analyse de ce recueil.
Des bises à toi z'aussi, cher Thomas.