Katniss vit dans le quartier de la Veine, au district Douze, le district du charbon. Depuis qu'elle est petite, elle lutte quotidiennement pour nourrir sa mère et sa sœur. En ce jour de la fête des Moissons, toute la population de Panem attend fébrilement les noms des 24 participants des Hunger Games : un garçon et une fille pour chaque district. Mais quand Katniss entend le prénom de sa petite sœur, âgée d'à peine 12 ans, elle se dévoue immédiatement pour prendre sa place. Elle se retrouve alors au côté de Peeta, le fils du boulanger, pour qui elle a des sentiments troubles. Le soir même, les voilà embarqués pour le Capitole où auront lieu les Hunger Games.

Ce roman m'a fait pensé par certains côtés à Marche ou crève de Stephen King, Acide Sulfurique d'Amélie Nothomb ou encore Le combat d'hiver de Jean-Claude Mourlevat. Comme dans les romans sus-cités, Suzanne Collins met en scène un monde futuriste où le petit écran est devenu l'arme la plus efficace pour maintenir la population sous le joug de la terreur. On retrouve tous les codes de la télé-réalité : l'interview des candidats, les parrainages, la manipulation etc. Mais bien sûr, l'expérience est ici poussée à son paroxysme puisque pour gagner les candidats doivent s'entre-tuer. Dans ces jeux du cirque du nouveau millénaire, Katniss a du mal à trouver sa place : elle est partagée entre son envie de gagner et sa réticence à tuer Peeta, son compagnon d'infortune. Pourtant, il faudra bien qu'elle fasse un choix, et elle sait que chacun de ses gestes est épié par tous les habitants de Panem.

Hunger Games est en fait le premier volet d'une trilogie à paraître, mais peut se suffire à lui-même puisque Suzanne Collins propose une vraie fin à l'issue de ce premier tome. Pourtant, une fois le livre refermé, vous n'aurez qu'une envie : connaître la suite. C'est en tout cas ce qui est arrivé à Quentin (10 ans 1/2) qui a dévoré cette histoire en à peine trois jours et m'a incitée à la lire à mon tour. Face à son enthousiasme sans borne, j'ai bien évidemment cédé et je dois reconnaître que l'intrigue, menée à tambour battant, contient tous les éléments susceptibles de séduire nos jeunes têtes blondes : des combats, de la stratégie, de l'amour, du suspens....

Suzanne Collins propose également à ses lecteurs une réflexion sur le devoir de désobéissance, l'injustice ou la raison du plus fort. J'aurais aimé pour ma part que Katniss se montre un peu plus rebelle (en dehors de son dernier acte de bravoure je l'ai trouvée quand même bien soumise au système) mais cela n'a absolument pas dérangé Quentin qui, pour le coup, m'a trouvée assez rabat-joie. En fait, la seule critique qu'il ait émise sur ce récit est que l'histoire n'est finalement « pas si terrifiante que cela » ; ce qui pour moi se révèle être une qualité de l'auteur, car malgré un sujet qui se prêtait à toutes les dérives sur le voyeurisme et l'hémoglobine, Suzanne Collins parvient à échapper à cet écueil en centrant son écriture sur l'évolution psychologique de ses personnages plutôt que sur les scènes de meurtres entre candidats.

L'écart générationnel explique bien sûr ces différences de perception, mais nous sommes d'accord l'un et l'autre pour dire qu'Hunger Games est un roman captivant et efficace, et nous attendons tous deux la suite avec impatience.

(edit du 19/05/10 : le billet sur le tome 2)

Laurence

Extrait :

Les règles des Hunger Games sont simples. Pour les punir du soulèvement, chacun des douze districts est tenu de fournir un garçon et une fille, appelés « tributs ». Les vingt-quatre tributs sont lâchés dans une immense arène naturelle pouvant contenir n'importe quel décor, du décor suffocant à la toundra glaciale. Ils s'affrontent alors jusqu'à la mort durant plusieurs semaines. Le dernier survivant est déclaré vainqueur.
Arracher des enfants à leurs districts, les obliger à s'entre-tuer sous les yeux de la population : c'est ainsi que le Capitole nous rappelle que nous sommes entièrement à sa merci et que nous n'aurions aucune chance de survivre à une nouvelle rébellion. Quelles que soient les paroles, le message est clair : « Regardez, nous prenons vos enfants, nous les sacrifions, et vous n'y pouvez rien. Si vous leviez simplement le petit doigt, nous vous éliminerions jusqu'au dernier. Comme nous l'avons fait avec le district Treize .»
Pour ajouter l'humiliation à la torture, le Capitole nous impose de considérer les Jeux comme un spectacle, un événement sportif opposant les districts les uns aux autres. Le vainqueur rentre chez lui mener une vie facile, et son district est inondé de cadeaux principalement sous forme de nourriture. Chaque année, le Capitole nous montre les généreuses allocations de blé et d'huile, parfois même de sucre, attribuées au district vainqueur, tandis que les autres continuent à lutter contre la famine.


Éditions Pocket Jeunesse -  379 pages