Sauf que depuis hier, nombre de journalistes laissent sous-entendre que F.Mitterrand prône clairement dans cet ouvrage la pédophilie et le tourisme sexuel. Ils sont même nombreux à affirmer qu'il serait question de « mineurs » voire carrément de « jeunes enfants ». Il ne s'agit pas pour moi de défendre le gouvernement actuel (ce serait un comble) mais, ayant lu le livre (contrairement à tous ceux qui prennent la parole publiquement depuis quelques jours) je ne peux que manifester au mieux mon étonnement, au pire mon indignation.

Dans le chapitre dont il est question (car il ne s'agit que d'un chapitre dans un roman de plus de 350 pages), Frédéric Mitterrand explique comment, tiraillé entre son homosexualité et sa place dans la société bien pensante, il n'arrivait pas à assumer le fait d'aimer des hommes. Il raconte sa fuite en avant, et avec regret, reconnaît que ne pouvant aimer l'autre, ne réussissant à s'aimer lui-même, il s'oubliait dans les bras de prostitués majeurs. Oui, majeurs. Des « garçons » d'une vingtaine d'années et plus, car F. Mitterrand appelle tous les hommes « garçon ». Ce chapitre est poignant car Frédéric Mitterrand est sans complaisance avec lui-même, il se montre sous son plus mauvais jour, sa plus mauvaise vie, celle d'un homme condamné à payer pour avoir de l'amour. Alors, certes, il s'agit d'un homme faisant appel à des prostitués et je comprends que cela dérange ( si on rajoutait un « e » à ce prostitué, cela dérangerait-il autant ? Malheureusement j'en doute... il n'y a qu'à se rappeler qu'un de nos présidents est mort dans les bras d'une péripatéticienne), mais il ne s'agit en aucun cas de pédophilie ni même d'encouragement au tourisme sexuel.

Bien sûr, il est tellement facile de crier avec la meute, même si celle-ci s'appelle Front National. Mais je pensais naïvement, que nos journalistes français auraient un peu plus de déontologie et iraient vérifier les informations à la source, liraient l'ouvrage. Or, en regardant les articles parus ces derniers jours, je me suis rendue compte que les extraits fournis étaient toujours les mêmes : des phrases sorties de leur contexte et soigneusement agencées par Marine Le Pen. Et quand on sait que pour le Front National, homosexualité et pédophilie sont quasiment synonymes, on peut se poser de réelles questions sur la sincérité de la démarche....

Depuis ce matin, on entend enfin un autre son de cloche. Certains journalistes font enfin le distinguo entre les accusations mensongères de pédophilie et le tourisme sexuel qu'évoque effectivement Frédéric Mitterrand sans pour autant l'encourager.
Mais de tout cela, je garderai surtout en mémoire des journalistes avides de scoop qui relaient de prétendues informations sans vérifier leurs sources. La profession n'en sort pas grandie.

Je vous invite à lire à ce propos les articles de Rue89, Actualitté ou l'Express

Laurence