Mais que trouve-t-on dans ce dictionnaire ? Comme l'exige le genre, l'ouvrage est composé d'articles, classés par ordre alphabétique et nous propose un tour d'horizon de la littérature de A comme Académie Française à Z comme Zeymour. Entre ces deux articles, des anecdotes, des définitions cocasses, des coups de cœur et de gueule, des décryptages de l'univers impitoyable de l'édition etc., mais aussi Madonna et Kercanic. Si, si.
Il y a les définitions volontairement potaches, comme celles de Best-Seller, Chick Lit, PAL ou Wannabe qui m'ont fait doucement glousser de plaisir (mais je vous réserve celle qui est à mon sens la plus drôle pour l'extrait). Parfois, Eli Flory nous dévoile certaines petites histoires vécues par les grand(e)s de la littérature, comme Sand, De Beauvoir ou Yourcenar; car Eli Flory n'oublie pas non plus le chemin difficile qu'ont dû parcourir les femmes dans ce monde littéraire résolument masculin. Et puis, il y a ces anecdotes attendrissantes qu'elle a vécues en tant qu'enseignante; ou des articles plus consistants sur l'Édition, l'e-book ou encore le PEF (paysage éditorial français et non l'auteur comme je l'ai d'abord cru). L'article sur les Idées reçues, un des plus longs, remet en place certains lieux communs, tout comme celui sur Harry Potter. Et puis, au milieu de ma lecture, l'entrée Homophobie m'a rappelé une bien sombre histoire, pour laquelle Eli et moi nous étions à l'époque retrouvées côte à côte. Heureusement pour mon moral, cet article est immédiatement suivi de l'entrée Hydropathe, qui m'a permis de passer à un sujet plus léger.
L'ensemble, porté par une plume enlevée, se dévore en un rien de temps et se garde à portée de mains pour pouvoir picorer en cas de blues. Et maintenant, voici l'article qui m'a sans doute le plus fait rire...
Laurence
Extrait :
Blog de lecteur
Il y a dix ans, on les comptait sur les doigts de la main. Ils sont aujourd'hui des dizaines à éclore chaque semaine sur la Toile.
À ne pas confondre avec le blog « littéraire », le blog de lecteur, regardé d'abord avec suspicion par une presse couarde, fleurit à présent aux balcons de tous les hébergeurs de la planète Internet. Certains vivront le temps d'une rose, d'autres tisseront leurs fleurs de rhétoriques pendant plusieurs années. Versant édénique de la blogosphère, où les hiérarchies s'abolissent, les lecteurs de la France d'en-bas se partagent la Toile avec celle d'en haut, composée d'éditeurs, de journalistes et d'écrivains presque toujours domiciliés à Paris. Podcasts, billets d'humeur, brèves et opinions, nouvelles et poèmes, fiches de lecture et recettes de cuisine, questionnaire de Proust et portraits chinois rappellent les pépiements des cours de récréations. On s'y amuse comme des fous. Chaînes du livre, challenges et défis en toutes sortes, comme celui de lire en deux semaines l'intégrale de Jules Verne, tiennent lieu de ballon prisonnier et de chat perché.
Attention toutefois : le blogueur-lecteur, qui est souvent une blogueuse-lectrice, est fier comme un gueux et susceptible comme un Ch'ti. Qu'il ne soit pas nominé pour les Césars du meilleur blog de l'année, et le voilà se fendant d'un post assassin pour dénoncer l'élitisme du jury.
Il n'empêche que depuis l'émission d'un certain Bernard Pivot, on n'a pas fait mieux en matière de prescription littéraire. Les éditeurs, qui l'ont bien compris, rivalisent d'ingéniosité pour séduire ces incorruptibles de la critique, animés d'aucune autre passion que celle des livres et de leur classement wikio.
Timée-Éditions - 165 pages
Commentaires
vendredi 16 octobre 2009 à 07h37
J'aime beaucoup l'extrait choisi : on sent qu'elle a vécu l'expérience des blogs de lecteurs de l'intérieur! Je vais être attentive à son dictionnaire!
vendredi 16 octobre 2009 à 08h51
Merci pour l'extrait. Ajouter : le blogueur lecteur a souvent le sens de l'humour...
vendredi 16 octobre 2009 à 09h00
Effectivement, l'extrait montre bien qu'elle connaît la blog'o'sphère. :))
vendredi 16 octobre 2009 à 10h09
Je sens que je vais aller jeter un coup d'oeil à ce dictionnaire. Merci pour l'extrait, ça fait du bien d'avoir un mirroir mis devant soi de temps en temps
vendredi 16 octobre 2009 à 13h21
Mango : oui, je me suis dit que cette définition était idéale pour l'extrait. Mais le reste du livre est tout aussi savoureux.
Keisha : j'espère bien que le blogueur lecteur a le sens de l'humour. En tout cas, moi, ça m'a bien fait rire.
Leiloona : n'est-ce pas?
Zarline : tout le monde ne s'y reconnaîtra pas bien sûr, n'oublions pas que le blogueur est fier comme un gueux et susceptible comme un Ch'ti
vendredi 23 octobre 2009 à 20h36
Juste une remarque, en passant, sur le coq à l'âne. Si les fautes d'orthographe ne devenaient pas des règles, il faudrait écrire ane, sans accent : le mot vient du latin anas qui a donné les anatidés et désigne un canard en vieux français. Les poules sont sottes, dit-on, mais de là à s'enticher d'un baudet...
jnf