De Luca va vite se rendre compte que sa hiérarchie souhaite enterrer cette affaire pour des raisons politiques ; et la découverte du cadavre d'un photographe d'art communiste ne va pas calmer les esprits... Alors que dans les rues, les tracts nationalistes se multiplient, De Luca n'en démord pas : ces deux affaires sont liées et son travail est de découvrir la vérité. Il est comme ça De Luca, peu lui importe le contexte politique, il veut faire son travail de flic, trouver le meurtrier, quelque soit le gouvernement pour lequel il travaille et les magouilles qui se jouent en haut lieu. Pourtant, ça lui a déjà joué des tours par le passé... Entre avril et juillet, De Luca va arpenter les rues, questionner, rassembler les indices, malgré l'interdiction formelle de sa hiérarchie.

L'enquête en elle-même n'est ni trépidente ni mémorable (et à peine une semaine après ma lecture, je n'en garde déjà qu'un souvenir très flou). De Luca est l'archétype du flic solitaire, rejeté et pugnace. Il ne mange pas, souffre d'insomnie, est poursuivi par son passé et se montre incapable d'abandonner une affaire malgré les risques encourus. En ce sens, ce roman de Carlo Lucarelli n'a rien d'extraordinaire.
Mais ce qui est intéressant, c'est la peinture de cette Italie divisée et agitée de 1948. Bologne a encore les stigmates de la guerre, les routes sont défoncées, les Italiens doivent composer avec leur passé et choisir quels seront leurs futurs alliés : les communistes ou les Américains et leur salvateur plan Marshall ? Carlo Lucarelli entre-coupe sont récit des titres qui firent la Une pendant ces quelques semaines, et montre à quel point les Italiens craignaient pour leur avenir. La fin de son histoire illustre à quel point il est difficile de faire avec son passé.
Si j'ai apprécié l'ancrage historique, cela n'a malheureusement pas suffit à me transporter et je regrette la trop grande simplicité de l'intrigue elle-même.

Du même auteur : La huitième vibration

Laurence

Extrait :

« [...] Mais pourquoi ces questions, commissaire ? Qu'est-ce que vous cherchez ?
- Des signes de lutte.
- Des signes de luttes ? Mais il me semble que...»
Pugliese leva la main, ma paume vers le haut, et la fit glisser le long du corps d'Ermes. De Luca le regarda rapidement puis s'approcha d'Ermes, s'accroupit de nouveau à ses pieds et ses genoux se remirent à craquer. Il redressa le tabouret sous la pointe des pieds de l'homme et mesura un vingtaine de centimètres entre le siège et les semelles.
« Qu'un pendu s'allonge quand il est accroché au bout d'une corde, c'est normal, murmura-t-il, mais qu'il raccourcisse, ça je ne l'avais jamais entendu dire. »


Éditions Gallimard Série Noire - 189 pages