Mais ce qu’il va ressortir de cet espèce de huis-clos où chaque femme va se trouver confrontée à elle-même et aux autres, mieux vaut ne pas le dire et laisser au lecteur le plaisir de la découverte.
Avril Enchanté est un livre enchanteur. Magique. On ne peut pas s’empêcher d’aimer ces quatre femmes, malgré leurs défauts. Mrs Wilkins, Lotty pour les intimes est invisible aux yeux des autres, paralysée par sa timidité. Mrs Arbuthnot, Rose, a honte de l’occupation professionnelle de son époux et s’occupe des autres pour compenser. Lady Caroline ne supporte plus le joug des conversations mondaines et des hommages à sa beauté, qui représentent pour elle plus un fardeau qu’un plaisir. Mrs Fisher, vieille femme un peu acariâtre et aux principes bien ancrés, ne veut que réfléchir en paix et dans la solitude.
La cohabitation entre les quatre femmes n’est pas facile au début, mais petit à petit, à mesure que chacune se dévoile à elle-même et aux autres, leur comportement va changer. Le lecteur va suivre, par l’intermédiaire de leurs pensées intimes, de leurs questionnements, de leurs doutes, l’évolution de leur caractère et de leurs sentiments, au contact d’elles-mêmes et des autres.
Elizabeth Von Arnim est une auteure talentueuse qui arrive à faire un roman psychologique prenant, bien qu’il ne se passe pas grand-chose. En choisissant de dévoiler le point de vue de tous les protagonistes, tout à tour, tout en conservant la troisième personne du singulier, elle permet à son lecteur d’entrer dans la tête de tous ses personnages tout en gardant une certaine distance. Jamais elle n’impose un point de vue, comme souvent c’est le cas avec les récits à la première personne. Le lecteur a toujours la possibilité de conserver son statut d’observateur objectif et de regarder évoluer les personnages, dans tous les sens du terme.
Le roman n’est pas dépourvu d’un certain humour, lui aussi enchanteur. Les réflexions des personnages et les situations cocasses font régulièrement sourire le lecteur et lui donne envie de s’introduire dans ce monde à la fois léger et grave.
Un roman court mais qui emporte son lecteur, une lecture extrêmement agréable, que l’on n’a envie pas envie de quitter. Un roman qui se termine un peu abruptement, laissant la porte ouverte à l’imagination du lecteur, ce qui me semble être la marque de fabrique de Mme Von Arnim. Une auteure à redécouvrir, assurément…
Extrait :
The two men opened their umbrellas. From this they received a faint encouragement, because they could not believe that if these men were wicked, they would pause to open umbrellas. The man with the lantern then made signs to them to follow him, talking loud and quickly, and Beppo, they noticed, remained behind them. Ought they to pay him? Not, they thought, if they were going to be robbed and perhaps murdered. Surely, on such occasions one did not pay. Besides, he had not after all brought them to San Salvatore. Where they had got to was evidently somewhere else. Also, he did not show the least wish to be paid; he let them go away into the night with no clamour at all. This, they could not help thinking, was a bad sign. He asked for nothing because presently, he was to get so much.
Éditions 10/18 - 368 pages
Commentaires
mardi 20 octobre 2009 à 08h37
je l'ai lu il y a quelques années et j'en garde un très bon souvenir
lundi 18 janvier 2010 à 17h56
Il ya eu également un trés joli film tiré de cet ouvrage qui restitue parfaitement l'ambiance du livre: Désuette et so british... les toilettes y sont exquises et les personnages parfaitement restitués.