Mais qu'est-ce que le Goncourt des Lycéens ?

Créé en 1988, le Goncourt des Lycéens est aujourd'hui un prix très attendu par les lecteurs. Cette année, 52 classes de lycéens réparties dans toute la France participent à l'aventure. Il s'agit pour ces élèves de lire l'intégralité de la première sélection du Goncourt (soit 14 romans) en un peu moins de 8 semaines. Chaque classe choisit ensuite son trio gagnant et un délégué pour soutenir et défendre son choix aux délégations régionales, puis à la délégation nationale. Le 9 novembre, soit une semaine après l'annonce du Goncourt, les lycéens annonceront alors leur propre lauréat.

La rencontre régionale avec les auteurs

Depuis le début du mois d'octobre, ont lieu des rencontres régionales entre les auteurs nommés et les lycéens participant à cette aventure. Le 19 octobre avait lieu à Nîmes celle de la région Sud. Le décorum est impressionnant : dans l'auditorium d'un grand hôtel certains lycéens semblent d'abord intimidés. Ils viennent de Montpellier, Marseille, Nice, Cannes, Aix-en Provence ou encore du Vigan. En tout ce sont huit classes (du Bac pro au BTS en passant par les 1ère et terminale L, soit près de 200 lycéens) impatientes de rencontrer les trois écrivains venus ce jour-là répondre à leurs questions. Après les discours d'introduction, la responsable de la Fnac donne enfin le coup d'envoi et les trois romanciers montent sur scène sous un torrent d'applaudissement.  Véronique Ovaldé (Ce que je sais de Véra Candida), David Foenkinos (La délicatesse) et Jean-Michel Guenassia (Le club des incorrigibles optimistes) s'installent dans de confortables canapés et semblent tout trois très heureux d'être face à leurs jeunes lecteurs.

La rencontre commence par un immense éclat de rire (dû à une erreur de l'animatrice présente) qui met immédiatement les lycéens à l'aise. Pendant près de deux heures, les questions vont s'enchaîner et ce qui marque immédiatement c'est la diversité des interrogations des lycéens. Si certaines questions paraissent naïves et anecdotiques (pendant combien d'heures écrivez-vous chaque jour ?), d'autres font état d'une lecture très attentive et soulèvent des problématiques intéressantes. Avec beaucoup de simplicité et générosité, les trois auteurs répondent tour à tour à chacune des questions, prennent le temps d'expliquer leur démarche, leur rituels d'écriture, leurs préoccupations. Parfois certaines interventions laissent les écrivains perplexes, comme cette lycéenne ayant lu le prologue de Ce que je sais de Véra Candida une fois le roman achevé, pensant qu'il s'agissait d'une préface, et a trouvé ce chapitre inutile, voire même dommageable pour l'intrigue. Mais ces questions inattendues permettent au final des réflexions intéressantes sur la construction d'un roman. Très rapidement, on sent que les lycéens nouent une connivence particulière avec David Foenkinos et ce dernier joue le jeu avec un plaisir évident. Il y aura ainsi une longue digression sur la récurrence des cheveux dans son roman La délicatesse et son attirance pour les longues chevelures lisses des Suédoises ; avant qu'il ne précise qu'il n'a rien non plus contre les chevelures brunes des roumaines. Dans la salle, les lycéens lèvent les mains, attendent impatiemment qu'on leur passe le micro, tous ont encore des questions mais le temps file à une vitesse vertigineuse et il est déjà temps de conclure, car le « goûter » et les journalistes attendent eux aussi…

Après la rencontre, le débat se poursuit

Commence alors un ballet étrange : de petits groupes se forment un peu partout, on échange, on discute, des lycéens répondent en vrais professionnels aux questions des journalistes, d'autres prennent en photos les romanciers pour pouvoir les publier sur leurs profils Facebook ; une jeune fille est encore tout émue que David Foenkinos lui ait touché les cheveux ; Jean-Michel Guenassia et Véronique Ovaldé répondent aux questions que les lycéens n'ont pas eu le temps de poser pendant la rencontre…
De mon côté, j'en profite pour discuter avec certains d'entre eux. Trois jeunes filles d'une classe de Bac pro acceptent très gentiment de répondre à mes questions. Si l'une d'entre elles lisait déjà avant de participer au Goncourt des Lycéens, les deux autres m'expliquent qu'elles ne lisent habituellement jamais mais que cette expérience leur a permis de débloquer un a priori négatif sur la lecture et leur a donné envie de lire plus régulièrement. « En fait, je ne lis pas parce que je ne sais pas quoi lire. Jusqu'à présent j'ai lu deux livres de la sélection et je les ai bien aimés ; et puis maintenant, je sais quel genre de romans pourront me plaire. » précise l'une. Après avoir échangé quelques mots avec elles, je me dirige ensuite vers la classe de Terminale L du Vigan. Très fiers d'avoir été sélectionnés cette année, ils acceptent immédiatement (avec l'accord de leur enseignant, bien évidemment) de me recevoir dans leur établissement le vendredi suivant pour m'expliquer comment ils se sont organisés en interne. Ils me proposent même d'assister à la rencontre qu'ils organisent chaque semaine depuis le début de l'aventure à la médiathèque de leur ville. Cette rencontre sera l'objet de notre deuxième épisode et je vous donne donc rendez-vous la semaine prochaine pour la suite de ces coulisses du Goncourt des lycéens.

Laurence

Les épisodes suivants :
2- À la rencontre des élèves du Vigan
3- Les lycéens du Vigan en conclave
4- L'heure des bilans