Elisabeth est partie. Elle tente d'oublier la douleur, et les Îles même, de s'oublier elle-même en ville et dans les bras d'un amour. Claire est restée. Elle aussi elle a un amour, et elle essaie de faire revenir sa soeur tout en protégeant son petit grand frère qui souffre. C'est que leur mère est morte en tombant ( «Elle a sauté» dit sa fille) de la falaise...

Il s'agit donc d'un roman sur le deuil et sur la résilience, mais aussi d'un roman sur l'insularité, sur l'isolement que peut représenter ce qui, de l'extérieur, apparaît pourtant comme un coin de paradis.

Ce petit bouquin est très bien écrit. Mylène Durand maîtrise l'image poétique et la métaphore, ça ne fait aucun doute. Pourtant, je suis restée en surface (sans jeu de mot avec toute cette eau qui peuple les pages). Je n'ai pas réussi à entrer au coeur du récit, en contact avec la douleur des personnages. Et pourtant je n'arrive pas à mettre le doigt sur ce qui serait pour moi 'le problème'. Comme si j'y voyais surtout un exercice de style sur les Îles, chacune des particularités du paysage devenant vecteur (ou prétexte?) pour une réflexion sur la perte ou sur la mort. Est-ce que le fait de lire ce livre sur le bateau qui me ramenait des Îles-de-la-Madeleine a modifié à ma lecture? Je ne sais pas.

Chose certaine: je relirai Mylène Durand. Parce qu'il y avait là, tout de même, un souffle et un ton. Une voix, comme on dit souvent, même si la rencontre n'a pas été 100% concluante de mon côté.

Catherine

La Recrue du mois est une initiative collective qui met en vedette le premier ouvrage d’un auteur québécois. Pour lire les autres commentaires sur ce livre vous pouvez donc vous rendre sur le site de La recrue du mois

Extrait :

La beauté des Îles. La fraîcheur. Cette impression, parfois très nette, que toutes les îles nous appartiennent, que toute cette eau nous parle. Que devant les yeux chavirés a lieu quelque magie lointaine. Tous les yeux sont bleus, toutes les peaux sont salées, tous les cheveux sont mêlés. Bouffées répétées de ce vent délicieux. Le sel se dépose fougueusement sur chaque langue. Le vent est en nous.

Ici, c'est le commencement du monde, où la terre et le ciel s'entremêlent. Les vagues sont toujours les premières, les vents tournent autour des îles, captivés, prisonniers. Il y a aussi les enfants. Ils lancent des cailloux dans l'eau, comme autant de souvenirs lourds qui, silencieux, s'enfoncent dans les profondeurs. Les roches font quelques remous, puis coulent lentement jusqu'au fond fond. Il ne reste plus rien: rien que l'haleine âcre de la mer, le souffle infatigable du vent un peu fou.


Éditions Pleine lune - 102 pages