Dès le premier contrat, on comprend qu'en matière de légèreté, il faudra repasser. La narratrice-romancière ne se défait pas ainsi de son attirance pour la noirceur, et chacun des occupants de la villa emporte dans ses valises son lot de malheur et de misère humaine. De la petite famille sans histoire, aux grands-parents, en passant par le régisseur de spectacle ou le couple sado-maso, Nathalie Ours nous propose d'observer par le trou de la serrure un large éventail de la population.
Une des bonnes trouvailles de l'auteure est de s'être servie de la table comme confesseur des occupants. En effet, dans chaque nouvelle, un court paragraphe est consacré à ce qui est posé sur la dite-table et à travers cet état des lieux apparemment anodin, le lecteur a une idée assez précise de la personnalité du locataire : on perçoit la maniaque, l'écolo, la femme au régime, le bordélique etc. Nos objets nous racontent bien plus qu'une longue description et j'ai trouvé cette approche très intéressante. D'autres fils rouges relient les diverses nouvelles, comme la piscine, la ferme ou encore cet étrange jeune homme qui vient espionner les locataires.
Dès les premiers récits, Nathalie Ours semble se focaliser sur les petits travers et la misère humaine. Aucun de ses personnages n'a droit à la légèreté, au plaisir simple des vacances. Il y a toujours une ombre qui plane, un orage qui gronde. Plus on avance dans le recueil, plus l'ambiance se fait pesante et malsaine et à la fin de ma lecture, j'aurais volontiers repris à mon compte les terme de l'ami Max : « Trop tragique ! Tu devrais faire plus léger ». En fait, ce n'est pas l'aspect tragique des nouvelles qui m'a gênée et je suis moi-même friande de textes noirs. Mais noir ne veut pas forcément dire glauque; or les personnages de Nathalie Ours sont petits, mesquins, paumés, désespérés etc. Ça poisse à chaque page, et je n'ai eu aucun plaisir à assister à la déchéance de ces pauvres hères. En fait, l'adjectif qui qualifierait le mieux ces récits est sordide. Juste sordide.
L'idée était pourtant séduisante et je regrette donc d'autant plus ce rendez-vous manqué. Sur le même principe (un recueil de nouvelles avec un lieu et plusieurs habitants) je vous invite plutôt à lire Trailerpark de Russell Banks, petite merveille de noirceur et d'humour. Sinon, vous pouvez aussi lire les billets plus enthousiastes que Cuné et Clarabel ont écrits sur Haute saison.
Laurence
Extrait :
Cela dura ainsi des jours et des jours. Les contrats s'empilaient, les premières dates approchaient. Un dernier coup de chiffon, un dernier coup de balai, un napperon Souleiado : nous étions fin prêtes, la maison, la table et moi. Mes hôtes allaient arriver. J'espérais qu'ils se comporteraient sagement pour qu'on puisse bien s'amuser ensemble et que je n'aie pas fait tout ce travail pour des prunes. J'expirai sur mes contrats un souffle magique en guise d'incantation : « Léger, léger, on a dit léger, n'aller pas m'embarquer dans des galères ! » J'avais l'habitude des plans tordus que certain personnages réservent, je me méfiais un peu.
Drroong ! Drroong ! Té, coquin de sort, ça ne s'arrêtera donc jamais? Si ça se trouve, cette idée allait rapporter plus qu'un best-seller !
Éditions Le Serpent à Plumes - 235 pages
Commentaires
lundi 16 novembre 2009 à 12h14
Dommage, l'idée me plaisait bien mais l'adjectif "sordide" me fait définitivement passer mon chemin.
jeudi 19 novembre 2009 à 09h12
Bonjour Zarline,
c'est en effet l'impression générale que m'a laissé ce recueil. Mais comme je l'indique aussi, d'autres blogueuses ont aimé, alors si l'idée te plaît peut-être peux-tu y jeter un coup d'œil pour être sûre de ne pas passer à côté de quelque chose.