Le rituel d'union de Sarpédon et Lilith commence. Le compte à rebours s'affole et la partie déjà bien engagée est au moment fatidique. La moindre erreur peut faire pencher la balance du côté des Ténèbres ou de la Lumière.
Tandis que Kim le Rouge renforce ses pouvoirs et se prépare à devenir le nouveau Seigneur des Ténèbres, Epiphane parcourt le monde en compagnie de ses chers amis pour trouver un moyen d'enrayer ce rituel et de sauver son frère bien-aimé.
Mais le temps est compté et les obstacles nombreux.

Ce troisième volet des Lunes de Pandor clôt l'histoire d'Epiphane, mais un quatrième volume permettra de faire le lien avec le monde « actuel » dans lequel prend place le conteur Ménéas et son collège de jeunes auditeurs.
Une nouvelle fois, l'auteur nous entraîne dans son univers aux couleurs si particulières, même si dans ce volume, les ténèbres culminent, il arrive malgré tout à distiller de beaux passages d'émotions et beaucoup d'humour. Epiphane poursuit ses aventures et explore de nouvelles contrées ainsi que d'autres écoles et le fameux Naos d'Yggdrasil, l'Arbre-Mère jumeau de celui d'Elatha, le Naos d'Epiphane. Confronté aux magiciens noirs, aux Dahals, à tout un bestiaire croisé plus tôt ou simplement évoqué, le lecteur est happé dans l'histoire, tournant les pages avec une rapidité déconcertante, uniquement soucieux de savoir ce qui se passe ensuite.

Si l'on a reproché au premier volet quelques lenteurs, ce n'est plus le cas ici et les scènes s'enchaînent, l'action ne laisse que peu de répit aux héros, pressés par le temps et la suite des événements.
Ménéas Marphil introduit encore ce volume, du futur où il se trouve, contant à ses acousmaticiens l'origine du monde telle qu'ils le connaissent. Déjà Epiphane a subi la mutation génétique qui lui a donné les ailes qui sont devenues héréditaires et le monde subit l'attraction de la lune de Lilith. Le paysage s'en trouve changé du tout au tout, et c'est dans ce décors que l'histoire est racontée.

Joueur, Ménéas Marphil intègre dans ses romans quantité de références à des œuvres de fantasy que l'œil d'un lecteur s'amusera à chercher. Son écriture prend de l'ampleur, s'affirme et l'univers si particulier des îles de Madagascar s'impose avec encore plus de netteté que dans le premier volume. D'ailleurs, quelques uns des noms et termes qu'il utilise dans le roman sont effectivement d'origine malgache, conférant ainsi une base très fortement réaliste aux lecteurs initiés, et une source de dépaysement pour les autres.

C'est un roman jeunesse qui se lit très volontiers à tout âge, rempli de sagesse et de modèles, de prises de conscience et de leçons mais sans être moralisateur. La tonalité humoristique accroche le lecteur et l'histoire tient la route, malgré quelques passages un peu faciles. C'est justement ce ton léger et ces passages faciles qui ont très fortement déplu à Nicolas Soffray. Je comprends la majorité de ces critiques, même si je ne suis pas allé chercher aussi loin que lui. D'ailleurs, à mon sens il va parfois trop loin dans l'exigence. Je me suis simplement régalé d'une très belle histoire que je veux faire partager.

En bref, pour moi c'est du tout bon et une série que je recommande avec plaisir. Un très beau conte pour petits et grands.

Vous pouvez également lire notre chronique du premier tome : Abracadagascar

Par Cœur de chene

Extrait :

Moment de détente dans le Château de Frundschloss en transylvanie. Le bal est costumé et animé par un groupe de squelettes vampires rencontrés quelques jours plus tôt dans les couloirs du château..

Le groupe Toutanos et ses Sklodettes !
Ils étaient dix à débouler en file indienne, fendant la foule, capuches abaissées pour masquer leurs visages, vêtus d'une longue cape noire qui descendait jusqu'à leurs chevilles mais sans toucher le sol, ce qui permettait de comprendre comment ils faisaient pour arriver aussi vite : ils étaient tous en skateboard, en rollers ou en vieux patins à roulettes du même rayon accessoire que le micro. Sur le côté de la scène, un plan incliné leur permis de ne pas casser l'allure, et ils vinrent s'aligner en rang d'oignons face à un public médusé. Dans le silence soutenu par la grosse caisse, une main squelettique entoura le micro antédiluvien. Le roulement de batterie cessa net. Les capuches partirent vers l'arrière et, tandis que, dans un parfait ensemble, les capes virevoltaient en révélant leur doublure de soie rouge, dix squelettes apparurent au milieu d'applaudissements déchaînés.
- Bonsoir mes très en chair ! lança Toutanos le dégingandé. Vous voulez vous éclater ?Ouais ! cria la salle.
- Oui ! dirent ceux qui s'exprimaient mieux.
- Ouiiiiiii ! firent les hystériques.

[...] Le dégingandé passa à la présentation du groupe.
- Aux choeurs, pour vous charmer, je vous demande d'applaudir les éblouissantes... Scapula... Tibiya... et Astragale !
Sous les applaudissements, les trois squelettesses vinrent se placer devant des micros un peu moins antédiluviens pendant que Toutanos enchaînait.
- Au fémur à trous... mon pote Vieux-Fémur ! Au Xylocage thoraphonique, l'excelentissime... Humérusse ! Aux claviers à côtes, nos synthétiseuses de folie, elles vont vous faire technovibrer... voici Ossiliaque et Métatarsette ! A la régie lumière et son, le magicien des loupiotes, la terreur pendue des salles de classe... mon ami Oscour ! Et moi, Toutanos, votre humble serviteur, j'assurerai l'anim et les transitions. Et nous commençons tout de suite avec notre crooner à la voix d'or, le roi du croc and roll, attention les filles, ça va craquer, voici... Pelvis !
Pelvis était le squelette manchot. Manchot mais honnête. Astragale lui faisait régulièrement remarquer qu'il est stupide de rester manchot quand on est squelette, puisqu'il suffit de se procurer un autre bras dans le premier cimetière venu. Mais bof ! D'abord Pelvis n'aimait pas les profanations, ensuite il ne désespérait pas de retrouver ses vrais os à lui, une de ces nuits prochaines. Et tant qu'une seule main suffisait pour tenir un micro, il s'en empara sans attendre.
- Mes bien chairs frères, whoooh !
  Mes bien chairs soeurs, yo !
  Reprenez avec moi tous en choeur :
  Pas de boogie-woogie...


Éditions Au Diable Vauvert, 436 pages