Alors que l'atmosphère est à la fête, un sniper terrorise Lafferton et ses habitants. Tuant a priori sans discernement les femmes de tout âge, il abat coup sur coup une jeune mariée, une mère d'un enfant en bas âge, deux adolescentes devant une boîte de nuit...
Bientôt la police est dépassée par les événements et le commissaire Simon Serrailler doit affronter l'angoisse d'une population.
A cela viennent se rajouter ses propres soucis personnels et familiaux.
Un embrouillamini dont il aura bien du mal à démêler tous les éléments et à faire la part des choses.
Susan Hill est une romancière anglaise que je découvre ici.
Elle est présentée par l'éditeur comme une romancière populaire, auteur dramatique, journaliste et écrivain pour enfants. Ici, c'est la facette de la « grande dame du thriller » qui apparaît et pour laquelle je n'ai pas boudé mon plaisir.
De construction assez classique, le roman est la quatrième aventure du héros Simon Serrailler que l'on voit apparemment monter en grade dans les volumes précédents. Il est délicat de prendre une série en cours car les personnages ont déjà été présenté et certaines actions résultent d'actions entreprises plus tôt. Mais l'auteur arrive à faire passer les quelques moments de flou assez agréablement.
De bonne facture, l'intrigue policière accroche le lecteur et l'emmène à travers tout Lafferton sur les traces d'un tueur en série sniper tout en brossant un portrait assez optimiste et flatteur des petites villes d'Angleterre où il fait bon vivre. Lafferton serait presque l'archétype de la bourgade où tout le monde se connaît, suffisamment importante pour être autonome du point de vue des commerces et des organes administratifs mais suffisamment petite pour que la moindre chose se sache, se répercute et soit discutée au café du coin. L'ambiance est assez bien rendue et sort des sentiers battus des enquêtes dans les grandes conurbations françaises ou américaines.
Les personnages sont multiples et complexes, chacun enlisé dans son passé, son passif avec les autres, ses attentes déçues et la maladie qui les ronge. Ce réalisme confère à l'atmosphère générale ce petit plus qui fait que l'on s'attache, même si certains passages traînent un peu en longueur on a envie de savoir. L'écriture addictive de Susan Hill fait que le lecteur tourne les pages sans s'en rendre compte et n'a qu'une idée en tête en posant le livre, c'est de reprendre l'histoire pour la mener à sa conclusion.
C'est un polar sympathique, qui se lit avec plaisir et rapidement. Mais certains passages m'ont parus trop stéréotypés, trop convenus. Cependant, je lirais avec plaisir les autres romans de cet auteur dont le style me plaît beaucoup.
Extrait :
Retour chez elle. Elle allait composer le code d'entrée. Mais la porte était entrouverte. Les occupants de l'appartement d'en bas oubliaient souvent de vérifier qu'elle soit convenablement fermée, et cela la rendait folle. Quel intérêt d'avoir une porte sécurisée avec une serrure dont tout le monde possédait le code si, la moitié du temps, elle n'était pas correctement fermée ?
Elle remonta l'escalier d'un pas lourd. Déboucha de nouveau sur le palier sans éclairage. Et continua jusqu'à son étage.
Elle aurait préféré ne pas accepter ces gouets, on ne voyait qu'eux, sur les photos, ces grandes tiges toutes cireuses. Ce n'était pas son genre de se laisser bousculer, mais elle était au bout du rouleau, elle avait consacré toute sa journée à chercher les bonnes chaussures, et le fleuriste avait trouvé la faille. Elle avait peut-être obtenu un tarif spécial sur les gouets. Elle avait vraiment l'impression d'être encerclée par ces fleurs de toutes parts. Dès qu'elle les avait vues, elle les avait détestées, mais il était déjà trop tard et puis, bon, elles ne lui avaient tout de même pas gâché la journée. Enfin, elles avaient bien gâché les photos.
- Oh, tu ne vas pas en mourir ! s'écria-t-elle à haute voix.
Avait-elle laissé la porte de leur appartement sans la fermer à clef ?
C'était bizarre.
Quand elle la poussa...
En l'espace d'une fraction de seconde, Mélanie Drew comprit que c'était bizarre. Quelques minutes plus tôt, quand elle avait déposé là ses sacs de commissions, la lumière du soleil inondait l'entrée depuis la cuisine. Et maintenant, cette lumière était barrée par quelques chose. Il y avait une source d'obscurité. Une ombre. Il n'y avait plus de soleil. Bizarre.
En s'approchant de la cuisine, elle s'aperçut que c'était une silhouette qui masquait la lumière. Ensuite, en un instant, tout devint éclatant, dans une lumière instantanée, brillante, fracassante, et un claquement qui explosa au cœur de l'éblouissement.
Et puis plus rien.
Plus rien du tout.
Éditions Robert Laffont - 363 pages
Commentaires
samedi 5 décembre 2009 à 13h29
Est-ce que c'est la même Susan Hill qui a écrit "The woman in black"?? J'ai failli mourir de peur avec ce récit de fantômes, même si c'est relativement soft (je sais, je suis peureuse!). Si c'est le cas, je me ferai un plaisir de lire cette série, j'ai beaucoup aimé sa plume!
dimanche 6 décembre 2009 à 11h24
Bonjour Karine:)
Je me suis renseigné (sur Wikipedia en anglais, tu trouveras donc les mêmes infos que moi) et oui, c'est bien la même auteur. Sur le roman ne sont mentionnés que les titres des enquêtes de Simon Serrailler. Mais elle a écrit beaucoup, et bien, avant de se lancer dans ce polar. Du coup, à l'inverse de toi, je jetterai volontiers un oeil sur ses écrits antérieurs
Bonne lecture !
samedi 6 mars 2010 à 11h30
Je n'ai pas encore lu ce volume des enquêtes de Serailler mais j'ai lu il y a deux semaines les trois volumes précédents. Il est vrai que cela se lit très facilement, que l'histoire est très prenante surtout le premier où l'on est dérouté quelques pages avant la fin. Mais arrivé au troisième opus, j'ai trouvé tout cela un peu redondant, peut-être parce que j'ai lu les trois à la suite, aussi je vais attendre pour lire celui-là, mais néanmoins je les conseillerai car ils sont très agréables à lire.