120 francs. Dis comme ça, ça n'a pas l'air énorme, mais Louis se rend compte bien vite que quand on a 14 ans dénicher une telle somme est loin d'être évident. Du coup, en attendant de pouvoir rembourser, Louis est obligé de faire très attention au moindre de ses gestes. Imaginez qu'il lui arrive un accident ? Qui paierait l'hôpital ? Sûrement pas les faibles revenus de ses parents. Le problème, c'est que Louis ne s'attendait pas à ce que ces dettes deviennent de plus en plus importantes... et encore moins qu'il tomberait amoureux de Sandra Tournachère, la paria de la classe.
Avec toujours beaucoup d'humour et de sensibilité, Agnès Desarthe nous raconte les péripéties de son jeune héros, emmêlé dans ses mensonges et ses doutes. On s'amuse de ses déconvenues, on est attendri par sa relations aux autres mais on est également surpris par certaines de ses réflexions sur le sens de la vie. Louis est un personnage réellement très attachant à qui l'on aurait envie de tout pardonner et on se met avec lui à imaginer moult solutions pour le sortir de l'embarras. Ce roman, à l'écriture très fluide et au rythme soutenu, devrait plaire aux lecteurs de 12 ans, et confirme une fois de plus le talent d'Agnès Desarthe à croquer avec intelligence et légèreté la vie de nos adolescents.
Autres romans d'Agnès Desarthe :
Dans la nuit brune
La plus belle fille du monde
Mangez-moi
Le remplaçant
Mission impossible
Laurence
Extrait :
J'étais à la merci du moindre accident, la victime idéale pour un destin absurde. N'ayant pas perdu toute la détermination de mon nouveau Moi, j'ai décidé de faire extrêmement gaffe. En attendant de mettre la main sur les cent vingt francs de l'assurance, j'avais intérêt à assurer. Prise de risque minimum, longer les murs, se tenir à la rampe, mesurer chaque geste. À l'interclasse, ça se corsait d'avantage.
- Putain, merde, fais une tête, Louis ! Qu'est-ce que tu fous ?
Peur de m'ouvrir le crâne. Vision du sosie de Kevin enfermé dans le petit écran avec son bandage sur la tête. Occasion de but manquée.
- Pourquoi tu l'as laissé prendre la balle? Tu joues contre ton camp, ou quoi ?
J'avais dribblé sur cinq mettre et, sentant le tacle venir par l'arrière, j'avais laissé Sébastien me piquer le ballon. Je risquais une fracture du tibia et, même su on n'en meurt pas, je craignais qu'on me laisse pourrir sur le terrain en attendant de régler les problèmes d'assurance.
Éditions L'École des Loisirs - 264 pages
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