Zoey vit à Tulsa avec sa mère et son beau-père ; même si l'ambiance est rarement au beau fixe à la maison, Zoey peut compter sur son amie Kay et son petit ami Heath pour égayer ses journées de lycéenne. En fait, Zoey serait une adolescente comme bien d'autres si le Traqueur ne l'avait irrémédiablement marquée d'un croissant de lune sur le front. Ce tatouage annonce sa transformation prochaine en vampire. Elle doit donc tout laisser derrière elle et s'installer dans la Maison de la Nuit pour y faire son apprentissage.

Prenez deux séries à succès pour les adolescents - au hasard Harry Potter et Twilight - ; mélangez le tout en ajoutant une pincée de chamanisme et trois louches de sirop à l'eau de rose, et vous obtiendrez selon toute logique un récit susceptible de plaire à nos jeunes filles en fleurs. C'est du moins ce qu'ont dû se dire P.C. Cast, sa fille - Kristin - et leur agent puisque l'on peut lire sur la page de garde : « À Meredith Bernstein, notre fabuleux agent, qui a prononcé les trois mots magiques : école de vampires. »

On retrouve donc les éléments qui firent le succès du petit magicien : une histoire prévue en 10 tomes, une héroïne élue et promis à un destin hors du commun, des camarades aux caractères très marqués (la timide, les jumelles, l'intello), une élève obnubilée par le pouvoir etc. etc. Les ressors sont connus et généralement efficaces, même si peu satisfaisants d'un point de vue strictement littéraire. Disons que le lecteur sait, a priori, qu'il a entre les mains une histoire formatée, normée pour plaire au plus grand nombre et que si le style n'est pas réellement travaillé, l'ensemble promet un divertissement facile et agréable.

Ce roman a d'ailleurs été avalé en à peine quelques jours par le pré-adolescent qui vit sous mon toit. Il a en effet trouvé que le récit se lisait facilement et que le langage employé était fidèle à celui des adolescents. Pour autant, il n'éprouve pas l'envie de lire les tomes suivants car il a trouvé l'intrigue trop mince pour un roman d'une telle épaisseur. Quant à moi je serai encore plus sévère tant il y avait à faire avec un pareil sujet.

Le vampire est un être mythologique riche, complexe et fascinant, et les références en littérature ne manquent pas : de Sabella (Tantih Lee) à Claudia (Entretien avec un vampire d'Anne Rice) en passant par Myriam (Les Prédateurs de Withley Streiber), Carmilla (Sheridan LeFanu) ou Clarimonde (La morte amoureuse de Théophile Gautier), les vampires féminins littéraires ont déjà une longue histoire derrière elles et il aurait été intéressant de proposer à nos adolescent(e)s un texte qui allie savamment légende, modernité et roman d'aventure. Mais P.C. Cast et sa fille se contentent de compiler les stéréotypes (peur de la lumière, affinité avec les chats, grande beauté physique, impossibilité à vieillir etc) sans rien apporter de neuf au mythe ni même proposer une interprétation un tant soit peu subtile. Si vous ajoutez à cela des dialogues d'une pauvreté affligeante, des scènes soit-disant effrayantes parfaitement risibles et un scénario cousu de fil blanc, vous comprendrez vite que ce qui aurait pu être un roman haletant se transforme rapidement en parodie de série B. Si donc vos adolescents ont envie de se lancer dans la littérature vampirique, je vous conseillerai de leur offrir plutôt un des romans cités plus haut, à la fois riches dans la forme et le fond.

(d'autre avis dans la blogosphère : Clarabel l'a lu en v.o. et a aimé mais Fashion est très déçue)

Laurence

Extrait :

C'est alors que je le vis. Le type mort. Bon, je compris vite qu'il n'était pas réellement mort. Il était... non mort. Ou non humain. Enfin, peu importe ; les scientifiques emploient un terme, les gens normaux en préfèrent un autre, mais c'est du pareil au même. Bref, sa nature ne faisait aucun doute : il émanait de lui une puissance incroyable, maléfique. De plus, il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir sa Marque, un croissant de lune bleu saphir sur son front, accompagné d'entrelacs tatoués qui encadraient ses yeux du même bleu. C'était un vampire. Encore plus effroyable, un Traqueur.
Et il se tenait devant mon casier !
- Zoey, tu ne m'écoutes pas ! me reprocha Kay
Le vampire se mit alors à parler, et ses mots, dangereux et séduisants, comme du sang mêlé à du chocolat fondu, glissèrent jusqu'à moi :
- Zoey Montgomery ! La nuit t'a choisie ; ta mort sera ta renaissance. La Nuit t'appelle ; prête l'oreille à sa douce voix. Ton destin t'attend à la Maison de la Nuit !
Puis il leva un long doigt blancs et le pointa sur moi. Alors que mon front explosait de douleur, Kayla poussa un hurlement.


Éditions Pocket Jeunesse - 328 pages