Aujourd'hui marié et père de trois enfant, Franck ne peut se défaire de la culpabilité de s'en être si bien sorti. Alors, dans un long monologue, il raconte, dans le désordre, son présent, son enfance, l'accident, la convalescence, le cahier vert. Les phrases s'entrechoquent, se percutent et sans cesse, ces questions lancinantes : pourquoi Markus a-t-il été si grièvement blessé alors qu'il portait son casque ? Que s'est-il réellement passé ce soir-là ?
Je savais, pour avoir lu La Fugue, que Valérie Sigward avait un talent tout particulier pour raconter l'adolescence. Dans Markus presque mort j'ai retrouvé cette sensibilité et cette justesse; mais ce qui frappe dès les premières lignes c'est la scansion du texte : des phrases courtes, une construction morcelée, des motifs qui se répètent à l'infini et une écriture qui transpire l'urgence. C'est le chaos dans la tête de Franck, un tourbillon de souvenirs et d'images dans lequel on pourrait facilement se noyer. Et pourtant, si cette façon de raconter peut au départ déstabiliser, on se rend compte rapidement que Valérie Sigward tisse son intrigue avec la précision d'un horloger. Peu à peu, les pièces du puzzle se mettent en place comme dans un très bon roman policier jusqu'au dénouement final.
(d'autre avis dans la blogosphère : Clarabel et Chiffonnette)
Du même auteur:
La fugue
Loin chez personne
Laurence
Extrait :
Le jour où je suis venu te voir à l'hôpital, en neurochirurgie, tu étais seul. Inconscient. L'infirmière a dit : il est inconscient mais vous pouvez lui parler.
Inconscient, c'est un mot que j'entendais souvent à la maison. Ma mère. À tout bout de champ et à propos de tout. Son mot préféré. Mais vous êtes inconscients de sortir sans manteau par un froid pareil. Vous êtes inconscients de ne pas travailler en classe, vous verrez quand vous serez chômeurs. Vous êtes inconscients de vous battre comme des chiffonniers tous les trois, vous êtes frères. Alors, inconscient, pour moi, ça voulait dire fou. Est-ce que tu était devenu fou Markus ?
Éditions Julliard - 102 pages
Commentaires
samedi 16 janvier 2010 à 10h25
Voilà une histoire qui a l'air intéressante avec une narration originale...
dimanche 17 janvier 2010 à 11h47
La plume et la page : oui, l'écriture de Valérie Sigward est très singulière mais c'est aussi tout ce qui en fait son charme.
dimanche 7 février 2010 à 15h44
Découverte de cette auteur par le biais de ce blog. Ecriture poignante ou le doute s'installe jusqu'aux dernières lignes de l'oeuvre.
dimanche 7 février 2010 à 15h58
Je suis très touchée Clémence par votre commentaire et suis heureuse d'avoir pu vous faire découvrir la plume si particulière de cette romancière. Et puisque vous avez aimé, je vous conseille de continuer avec La fugue, un autre de ses romans où elle parle avec tant de justesse de l'adolescence.