Tout commence donc par un grand sourire, comme toujours avec les personnages de Barbara Constantine. Il n'y a qu'à se remémorer les rencontres faites avec Allumer le chat !, ou bien avec celles de A Mélie, sans mélo, pour en être convaincu. Dans les histoires de Barbara, on a vite le sourire.... Mais pas que.
Avec Tom, petit Tom (je vous fais la version courte), les choses deviennent aussi un peu plus graves.

Que je vous raconte les grandes lignes ! Le héros, Tom est un garçon de onze ans. Il vit avec sa mère Joss dans un vieux mobil-home. Cette dernière est encore jeune, a eu Tom à treize ans, n'a pas de boulot fixe et tombe souvent amoureuse de mecs qui n'en valent pas la peine. Ils ont du mal à joindre les deux bouts. Quand Joss part en vadrouille avec ses copains, son fils se retrouve souvent seul et doit se débrouiller pour sa tambouille.

Du haut de ces onze ans, futé comme il est, Tom a trouvé la combine. Il va faire ses courses dans les potagers des voisins. J'ai d'ailleurs adoré sa technique très au point. J'avoue l'avoir déjà testée, jeunette, sur les jeunes pousses de carottes dont j'étais friande. Mais bon ! Ne nous égarons pas ! !

Un soir, alors qu'il fait ses courses, Tom tombe sur Madeleine, une vieille dame de quatre-vingt-treize ans. Elle est couchée en pleurs au milieu du jardin et semble souffrir. Tel un (presque) preux chevalier, Tom s'occupe d'elle, la ramène cahin-caha à la maison. Voilà, tout est dit ! Le film peut commencer.

J'ai aimé une fois encore les personnages de cette histoire. Ce petit Tom doit par nécessité grandir plus vite que les autres enfants, sa mère n'a pas eu le temps de grandir et batifole comme une gamine. Mais peu à peu grâce à son fils du plomb commence à entrer un peu dans sa petite tête. Et puis il y a Madeleine et ses souvenirs d'un autre temps. Il ne faut pas oublier le mystérieux monsieur habillé comme un croque-mort et qui voudrait bien pouvoir causer deux mots avec Joss. Ce sont les personnages principaux de ce petit film charmant... Mais pas que.

Tous ces adultes sont des cabossés de la vie comme on dit et comme les aime l'auteur. Alors forcément, on a envie de les prendre sous notre aile, de les soutenir juste le temps qu'il faut pour qu'ils reprennent des forces.

Tout cela est raconté de façon fort simple et pleine de tendresse. L'auteur nous montre là que l'on peut parler de sujets variés parfois même sérieux et poignants sans se prendre la tête pour autant. On pourrait trouver que cette histoire est un petit peu moins pétillante que les précédentes, mais ce n'est pas grave. En usant d'un langage parlé et imagé, l'auteur rend les situations et ses personnages attachants. C'est l'essentiel. Les pages tournent, défilent à vitesse grand V. De plus, comme au cinéma, l'auteur utilise à bon escient le comique de répétition. J'ai trouvé les rencontres de Tom avec Captain Achab, le chat jaloux et boiteux du voisin anglais amusantes. Mais bon c'est facile, dès qu'il y a un chat, je fonds !

On imagine aussi ce que pourrait être de quatrième roman quand Tom, Joss ou les voisins, Odette et Archibald, croisent sur leur chemin, la petite Clara, Josette ou le mari de l'étonnante cuisinière Marie-Rose...

A vous maintenant de passer un bon moment et de vous amuser à prononcer d'une seule traite le titre.... à la longue vous trouverez bien le rythme magique. Celui d'une comptine chantée par un gamin sautillant d'un pied sur l'autre... Tom, petit Tom, tout petit homme,Tom.

Du même auteur : Allumer le chat ! et À Mélie, sans mélo

Dédale

Extrait :

Il est sorti en courant. il avait besoin de donner des coups de pied partout, de taper dans les béquilles du mobil-home, contre le portail branlant, dans un tronc d'arbre mort.... Se défouler, pour ne pas pleurer. A quoi ça servirait, de toute façon. Elle n'entendrait pas. Elle était déjà loin. Et puis, elle s'en foutait qu'il n'aime pas rester tout seul si longtemps. Sinon elle ne serait pas partie, évidemment. Et qu'il ait peur de la nuit dans ce mobil-home pourri, ça, ça la faisait rigoler. Elle le traitait des fois de chochotte, juste pour l'énerver. Avant, dans l'appartement, il avait moins peur. Mais il y avait une vraie porte. toute en bois. Pas comme celle-ci. Ça sert presque à rien de fermer avec le loquet. Un petit coup d'épaule, et crac ! n'importe qui peut entrer. Mai bon, à par la porte... l'appart, il n'avait pas que des bons côtés. Ici, c'est vrai qu'il y a des tas de choses bien. Les potagers des voisins, la rivière, la place tout autour pour jouer. Et puis, de pouvoir aller partout à vélo, choisir les chemins par où on veut passer, c'est chouette. mais une vraie maison, avec une vraie salle de bains, et de vraies toilettes, et une chambre chacun... là, ce serait carrément hyper-chouette !


Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom de Barbara Constantine - Éditions Calmann-Lévy - 255 pages