Ce recueil est un ensemble de petits textes – d'un paragraphe ou au maximum deux pages – à déguster doucement au fil du temps, de nos activités. De petits textes pleins de saveur qu'il est vraiment plaisant de picorer de gré de ses humeurs et du temps qu'il fait dehors.

Ce sont des portraits, comme de petits dessins croqués sur le vif, des Amis, de son Libraire ou bien La charcutière de la place Thiers. Il y a aussi les états d'âme quand il fait gris dehors, les tergiversations d'un écrivain devant sa table de travail (Ecrire), les paysages que l'on regarde quand on est pris dans un embouteillage sur la route du soleil (Jeux de lumières) et des vacances à la mer (La plage ou Bain du soir). Il ne faut pas oublier les souvenirs d'école ou du pensionnat. La découverte du cinéma celui d'un temps plein de nostalgie (Jour de ciné ou La panne) ou du théâtre avec dans Matinée scolaire, une version de L'Avare de Molière assez pragmatique, ma foi !

Tout cela est écrit sobrement, avec délicatesse et des mots d'une poésie fine qui défile au gré des saisons.

C'est plein de douceur et c'est surtout délicieusement bon à découvrir, à lire et relire.

Dédale

Extrait :

Désespoir

Sait-on s'il pleut ?
On entend de petits bruits de gouttières et des dégorgements comme de légères déglutitions. Il passe des rafales de vent chargées d'humidité. Il bruine dans la brume et on baigne dans le gris. Impossible de rien espérer de cette sinistre purée et l'éclaircie semble aussi improbable qu'une bonne averse.
Il fait un temps à dissoudre le temps, presque jour, presque nuit, et la lampe éclaire à peine. Il fait un temps à noyer les bougies des voitures et nos attentes ont du retard à l'allumage. Il fait un temps à boire du thé trop chaud, à se gaver de gâteaux trop sucrés, à devenir obèse en périssant d'ennui.

C'est le printemps

Ce fut un bien joli dimanche de mai. Table et transats dans le jardin, musique sur la chaîne, à fond la caisse, en dépit des voisins. On écoute des chansons d'antan, d'autres mois de mai, Brassens, Bécaud, Ferré, nos lointaines années. On traîne, on lit à peine, on prend le soleil et le temps que rien n'attend. Va-et-vient dans l'escalier, animation à tous les étages. Les plus paresseux en sont encore au petit déjeuner, quand les autres déjà, songent au repas de midi, partent faire des courses, chercher le pain, du vin, un gâteau, peut-être.
On se croirait dans de fameuses publicités, beurre allégé ou ami Ricoré, avec des chats aux aguets, un gros toutou poilu et fou, de beaux enfants blonds et dorés, des raquettes de tennis, de badminton, des sourires et, sur la table, des bols fumants, des tartines grillées.
Du bonheur en concentré, comme un café bien serré.


Fichue Météo de Yoland Simon - HB Éditions - 146 pages