Matt a dix ans ; il vit dans une banlieue avec son frère Tarek et son père. Ce dernier, depuis la mort de son épouse, a sombré dans l'alcool et c'est Tarek qui veille sur le petit Matt. Mais tout va changer quand un beau matin, leur père décide de leur fait sécher l'école pour visiter le musée de la Magie. Pour Matt, c'est la révélation : il sera le plus grand magicien de tous les temps. Le lecteur va suivre Matt dans sa découverte de la prestidigitation : les tours de cartes, les fakes, l'escamotage, le close-up etc. Sans jamais dévoiler les trucs et astuces, Jo Witek ouvre le rideau sur un monde qui fait rêver tant d'adultes et d'enfants. Pour réussir ses tours et émerveiller un futur public, Matt va s'entraîner sans relâche. Malheureusement, il ne suffit pas de souhaiter ardemment quelque chose pour que cela se réalise et la triste réalité du quotidien rattrape bien vite les espoirs du petit Matt. Comme dans tout récit initiatique, il rencontrera toute une galerie de personnages qui l'aideront à avancer dans sa quête : Le Capitaine, Muthoni, Youssef, Mélissa etc. Pourtant, l'avenir de Matt semble bien compromis....
Contrairement à la quatrième de couverture, je pense qu'il ne faut pas en dire plus sur le déroulement de l'intrigue pour préserver tout le suspense imaginé par Jo Witek. En préambule de son récit, cette dernière explique ce qui a motivé l'écriture de ce roman : L'incroyable du destin de mon héros, Matt Borovski, est ma façon de rappeler aux jeunes que derrière les paillettes, les flashs, les unes de magazine se cachent des hommes et des femmes qui travaillent dur pour exercer leur art. [...] Cela n'a rien à voir avec la simple envie de « passer à la télé » pour être reconnu dans la rue. C'est plus profond, plus intime, plus vrai
. De ce point de vue, Jo Witek réussit parfaitement son pari : le parcours de Matt est loin de ressembler à ceux des candidats de télé-réalité. Il lui faudra faire face aux embûches, aux tentations, aux galères diverses et variées, sans jamais qu'il soit sûr d'atteindre un jour son but.
Le lecteur lui-même s'interroge puisque Jo Witek s'amuse à brouiller les cartes : quelle est donc cette petite pièce sans fenêtre où Matt répond aux questions de la journaliste ? Qui doit venir le chercher à la fin de chaque entrevue ? Matt a-t-il finalement fait les bons choix ? L'auteure parvient donc à maintenir une tension dramatique tant dans le récit encadrant (les rencontres entre Matt et la journaliste) que dans le récit encadré (l'histoire de Matt). Sans jamais sombrer dans le larmoyant, elle propose à ses jeunes lecteurs une réelle réflexion sur la vie d'artiste loin des clichés auxquels ils sont habitués.
En fait, En un tour de main aurait pu être un véritable coup de cœur si je n'avais senti sur la fin les ficelles de l'écriture. Comme dans un tour de magie, c'est toujours agaçant de voir "les trucs" et il me semble, malheureusement, que le chapitre 26 (oui, oui, c'est précis) laisse entrevoir la cuisine interne de l'auteure. Bien sûr, je comprends qu'il était difficile de procéder autrement, que ce ne sont que 4 pages dans toute l'histoire et qu'il faut sans doute être adulte pour percevoir le procédé. En un tour de main reste donc un roman jeunesse sensible et intelligent qui devrait plaire à nos adolescents dès 11 ans, surtout si ces derniers sont attirés par l'univers de la magie.
Du même auteur : Petite peste, Récit intégral (ou presque) de mon premier baiser, Récit intégral (ou presque) d'une coupe de cheveux ratée, Joli-Cœur
Laurence
Extrait :
- C'est comme ça que j'ai commencé, lança Matt, amusé. Avec un jeu de cartes Bonux, assis sur la machine à laver en plein essorage, qui faisait un barouf du diable. Au début, j'étais vraiment maladroit, j'avais l'impression d'avoir les doigts raides comme des bambous. Je passais mon temps à ramasser ces foutues cartes indomptables. Puis, petit à petit, j'ai appris à les battre, à les distribuer, à les apprivoiser. J'ai pu progresser grâce au grand frère d'un copain de Tarek, un as du poker qui avait accepté de m'apprendre deux ou trois trucs, un soir après l'école. Un mec pas commode. Il s'appelait Max, je crois.
En un tour de main de Jo Witek - Éditions Seuil Karactère(s) - 155 pages
Commentaires
dimanche 20 mars 2011 à 16h43
Bonjour,
J'ai réellement adoré ce roman que j'ai découvert en participant au prix des lecteurs.
J'ai beaucoup aimé ce roman pour la façon dont l'auteur l'a écrit, moi même je voudrai devenir écrivain car je suis passionnée par la lecture et l'écriture depuis toute petite.
Merci encore.