Dans une petite ville australienne, la population est sous le choc : trois enfants, frères et sœurs, ont disparu sur le chemin qui les menait au marchand de glace. Ont-ils été kidnappés ? Tués ? Ont-ils été victimes d'un accident ? Les interrogations vont bon train et la paranoïa s'installe dans les foyers. Pour Adrian, petit garçon de neuf ans élevé par sa grand-mère et son oncle agoraphobe, cette nouvelle est d'autant plus terrifiante qu'il est déjà sujet à toute sorte d'angoisses : être avalé par des sables mouvants, se perdre dans un centre commercial, être dévoré par un monstre etc... Il faut dire qu'Adrian n'a pas eu jusque-là une vie très facile : sa mère bien que toujours vivante ne donne plus signe de vie depuis des années, sa grand-mère lui fait bien sentir qu'elle a passé l'âge de s'occuper d'un enfant et son oncle est incapable d'affronter la vie extérieure. Quant à l'école, ce n'est pas vraiment un lieu de réconfort : timide, peu sportif, il n'a qu'un seul ami, Clinton, et la présence des enfants de l'orphelinat de Saint-Jonas ne font que lui rappeler l'absence de sa propre mère. Alors quand de nouveaux voisins s'installent dans la maison en face de chez lui, il ne faut pas grand chose à Adrian pour imaginer le pire...
La romancière a opté pour une narration linéaire, au rythme volontairement lent mais au phrasé poétique, pour laisser toute la place à une atmosphère pesante et inquiétante. Si le suspens est certes moins haletant que dans Finnigan et moi, Sonya Hartnett a toujours autant de talent quand il s'agit d'explorer l'âme humaine et installer une atmosphère. La disparition inexpliquée d'enfants lui permet de mettre à jour les pires cauchemars de chacun d'entre nous et les portraits psychologiques de chacun des protagonistes est minutieusement détaillé. De cette galerie de portraits, certaines figures marqueront plus les esprits, comme La Jument ou Nicole. En effet, bien qu'Adrian soit au centre de cette Enfance Australienne, tous les seconds rôles ont une épaisseur remarquable et contribuent à l'envoûtement du lecteur. Et même si j'ai préféré Finnigan et moi, qui m'a semblé plus puissant et marquant, j'ai trouvé cette Enfance australienne émouvante et bouleversante.
(Ailleurs dans la blogosphère : Papillon, Sylire, Lily, Celsmoon, Fabien et Aifelle, )
Du même auteur : Finnigan et moi, L'enfant du fantôme
Laurence
Extrait :
Adrian s'inquiète pour des tas de motifs. La plupart du temps, il gade ses peurs pour lui. Il sent bien qu'elles peuvent paraître un peu ridicules, mais la lucidité n'atténue pas leur force.
Adrian a peur des sables mouvants. Un jour, il pourrait marcher dans la rue et se retrouver gobé par le trottoir. Il a entendu parler de ces phénomènes à la télé. Il a lu des descriptions dans les numéros du National Geographic que collectionnait son grand-père. Ces revues sont une mine d'informations sur les merveilles et les menaces dont personne ne parle. C'est étonnant d'ailleurs : dans la rue, on ne voit jamais de panneaux avertissant les passants qu'ils approchent de ces portions traîtresses qui peuvent les engloutir. Adrian a donc peur de les découvrir trop tard parce qu'il n'aura pas su les reconnaître.
Une enfance australienne de Sonya Hartnett - Éditions Le Serpent à Plumes - 198 pages
Commentaires
mercredi 10 mars 2010 à 09h10
Je ne suis pas allée au-delà des cinquante premières pages de Finnigan et moi. En le lâchant, je me disais pourtant qu'il faudrait que j'y revienne... un jour peut-être...
mercredi 10 mars 2010 à 09h20
Ys : tu sais ce que je pense de Finnigan et moi, je l'ai assez dit. Je crois que l'erreur est de lire ce précédent roman en s'attendant à lire du fantastique (ce que, je maintiens, ça n'est pas du tout).
mercredi 10 mars 2010 à 10h55
Comme toi, j'ai beaucoup aimé ces deux romans et c'est une romancière que je recommande chaudement. Vivement le prochain !
mercredi 10 mars 2010 à 11h07
J'ai craqué pour celui-ci , s'il me plaît je sauterai le pas pour Finnigan et moi que j'avais évité jusque là !
mercredi 10 mars 2010 à 16h55
Sylire : et puis théoriquement l'éditeur ne devrait pas manquer vu le nombre de romans publiés en Australie qui ne sont pas encore traduits en français.
La Pyrénéenne : les deux romans sont très différents, mais peut-être qu'Une enfance australienne est une bonne façon de découvrir cette auteure.