Riccardo Fusco est un intellectuel, qui ne réussit pas à trouver un éditeur pour sa thèse consacrée aux oies. Son épouse est artiste, directrice d'un théâtre, et elle n'hésite à mêler les relations professionnelles et les relations intimes. Ce qui a le don de mettre en colère Ricardo. Enfin, en colère, c'est vite dit, car ce n'est pas vraiment un sanguin. Pour se changer les idées, il décide de rendre visite à un ancien ami, Djacendre, qu'il n'a vu depuis longtemps. Cet ami, que Riccardo pensait être comme lui en galère, a trouvé un bon filon : un ancien de leurs camarades, Graziantonio Dell'Arco, est devenu l'un des hommes les plus riches d'Italie, et a embauché Djacendre. Ce dernier propose à Riccardo de travailler avec lui, en particulier pour lancer un vin avec lequel Dell'Arco veut faire fortune ; l'Aglianico.

Ce résumé, qui peut déjà paraître long, ne concerne que la toute première partie du roman. Car tous les personnages, Riccardo, Djacendre, Dell'Arco, mais aussi le rival vinicole toscan ou une œnologue américaine vont vivre, tout au long des pages, des aventures absolument rocambolesques. Il ne faut certainement chercher ici du réalisme dans ce qui est conté, car que ce soit la fortune de Dell'Arco qu'il construit sur des arnaques, ou l'histoire d'amour tumultueuse et passionnée que Riccardo (re)vit avec un ancien amour sont loin de tous les cadres habituels du roman réaliste.

Mais une fois accepté ce postulat d'outrance et d'excès, quel plaisir de lecture que ce roman ! Les personnages se croisent, se rencontrent, leurs relations sont démesurées, on découvre à la fois leur présent et leur passé, par exemple, comment les brimades de l'enfance de Dell'Arco l'ont poussé à devenir l'homme qu'il est. Ce foisonnement de situations, loin de perdre le lecteur, crée un univers dans lequel il plonge, découvrant avec délectation les relations guindées des hommes riches d'Italie et leur orgueil qui les pousse dans leurs derniers retranchements. L'intrigue est loin d'être linéaire, elle ne cesse de bouger, l'attention étant portée sur l'un ou l'autre des protagonistes.

Ce qui est assez frappant et très réussi, c'est que le fond s'allie à la forme. Gaetano Cappelli écrit par le biais de longues phrases, pleines d'incises et de digressions. Son écriture n'est pas sophistiquée, mais elle s'adapte aux pérégrinations complexes des personnages. Malgré quelques transcriptions de discussions paysannes un peu trop appuyées (des "g" ponctuent de nombreux mots, pour marquer l'aspect campagnard des personnages), l'ensemble est d'une lecture très fluide et se révèle extrêmement prenant. Un très bon roman pour s'évader et se divertir, avec une histoire sans prétention mais qui fera nécessairement naître plusieurs rires ou sourires au cours de la lecture.

Les avis de Amanda et de Yv

Yohan

Extrait :

 L'homme au foyer

Ce qui était malheureusement vrai depuis que Riccardo avait, comme on sait, perdu tout intérêt pour son travail et se bornait à encaisser un salaire à peine suffisant pour les courses d'une quinzaine, dont il était d'ailleurs chargé, et même pas pour la moitié des factures tout à fait assorties à leur niveau de vie.
En somme, et il ne lui restait qu'à en prendre acte, après des débuts prometteurs où il se voyait déjà en intellectuel célèbre, sa vie n'avait été qu'une longue et inexorable défaite. Le surpassant en tout, Eleonora, qui avait au contraire réalisé tous ses rêves au-delà même des plus fous, avait fini par endosser le rôle du mâle dominant, y compris probablement les jeunes amours, faisant de lui l'élément faible du couple et le traitant en conséquence.

Irrésistible ascension du vin Aglianico à travers le monde
Irrésistible ascension du vin Aglianico à travers le monde de Gaetano Cappelli - Éditions Métailié - 204 pages