Si Stefan Caplan ne semble pas ému par cette nouvelle façon d’attirer l’attention, Judith pressent que ce manuscrit a quelque chose de singulier, surtout quand elle apprend que l’auteur a été retrouvé mort quelques jours plus tard dans son appartement.

Intriguée, Judith emporte le manuscrit chez elle pour le lire et persuadée qu’elle tient là un texte étonnant, elle appelle Marin, ancien amant et directeur littéraire de Stefan Caplan pour le convaincre de sa découverte. Mais Judith va rapidement se rendre compte qu’elle n’est que le jouet d’un complot qui la dépasse et que le monde de l’édition n’a vraiment rien de charmant…

Dans ce thriller éditorial, Sonia Delzongle s’amuse à épingler les travers du milieu littéraire et dévoile des coulisses qui n’ont rien à envier au milieu de la mafia. L’éditeur est un type ignoble, le directeur de collection est fourbe, l’auteur lâche, l’agent littéraire totalement barré et le nègre rongé par l’envie. On reconnaîtra sans peine quelques figures très connues de l’édition (Sonia Delzongle ne travestit d’ailleurs pas toujours les noms), mais également une romancière qui publie chez le même éditeur que Sonia Delzongle.

Au-delà des clins d’œil et de la satire, l’intrigue en elle-même est assez plaisante (même si elle semble parfois capilotractée) mais on peut cependant regretter le côté un peu trop explicatif qui rend le dénouement légèrement poussif. Ce n’est certes pas un roman qui bouleversera le monde de l’édition, à l’inverse de celui de Luc Hass, mais c’est une récréation bienvenue entre deux lectures plus consistantes.

Du même auteur : Le hameau des Purs, La journée d'un sniper

Laurence

Extrait :

Visiblement satisfait, Marin se retira, laissant Caplan à son exploration. C’était l’un des moments que l’éditeur préférait dans ce métier. Ce tête-à-tête silencieux avec la prose d’un possible génie littéraire. L’instant de la découverte. Le dernier tiers du chemin parcouru par un manuscrit aux éditions Caplan. La phase que Marin appelait « l’abattoir ».
Caplan affectionnait particulièrement tout le travail en amont de la publication. Par ailleurs, la rareté de ces instants les lui rendait encore plus précieux. Après tout, quel intérêt réel à relire les nouveaux manuscrits d’auteurs confirmés, une simple formalité, pour finalement se heurter à leurs caprices ou à leurs exigences ? Au moins, les débutants, même les plus prometteurs, restaient humbles et recevaient les critiques sans broncher. Ils consentaient à retravailler leur manuscrit à n’importe quelle condition, du moment qu’ils allaient être publiés pour la première fois de leur pauvre vie avec un vrai contrat d’éditeur chez Caplan.
Cette fois la perle rare que Marin venait de lui remettre était désormais orpheline de son auteur. Une aubaine…


À titre posthume de Sonia Delzongle - Jacques André éditions - 197 pages