Pour ne pas devenir fou, l'homme se met en marche. Mais sa marche tourne en rond, inexorablement. Alors, il accompagne ses déambulations de mots. Des mots qui claquent, qui heurtent et qui libèrent. Bientôt, la poétesse le rejoint et mêle son verbe aux pas de l'homme. À eux deux, ils tentent d'émouvoir la pierre sous les pieds du prisonnier. Mais les cailloux peuvent-ils s'attendrir ?
L'écriture de Christine Van Acker met en évidence ce mouvement répétitif et incessant, cet esprit au bord de l'abîme. Le rythme est saccadé, abrupt et les mots aussi crus que violents. Le lecteur est directement interpelé, invité à entrer dans cette ronde infernale. Si le verbe est sonore c'est que ce texte a d'abord été pensé, écrit pour la radio. Les silences se devinent, les voix du prisonnier et de la poétesse s'entre-mêlent sans jamais qu'il n'y ait de réelle séparation. Entre poésie et dialogue théâtral, Christine Van Acker jongle avec nos peurs et nos espoirs, nous pousse au bord du précipice et nous permet de toucher du doigt la folie de l'homme. La fiction radiophonique était accompagnée de l'univers sonore de Thierry Van Roy. Pour la parution papier, elle a demandé à Stéphanie Buttay de cheminer avec elle.
(Ce texte a reçu en 2009, le Grand Prix SDGL (Société des Gens de Lettres) de la fiction radiophonique)
Laurence
Extrait :
Je regarde la pierre creusée, le cercle parfait, sur le sol de la prison.
J'y place mes pieds. J'avance. Je tourne.
Je ne suis pas là.
Je ne suis pas lui.
Je suis entrée, non, je ne suis pas lui.
Je suis là.
Il y est.
Encore.
Nous y sommes. Nous tournons.
Ensemble.
Un an, dix ans, cent ans.
Un pas, un autre.
Jamais.
Le même.
La dernière pierre de Christine Van Acker - Éditions Les Carnets du Dessert de Lune - 32 pages
Commentaires
mercredi 21 avril 2010 à 21h53
Merci pour ce bel article que je vais épingler au mur et qui me remontera le moral quand je tournerai en rond dans mon bureau.
mercredi 21 avril 2010 à 23h31
Bonsoir, heureuse et très surprise de vous lire en commentaire. J'ai découvert votre texte lors du Salon du Livre et j'ai été frappée par sa force. J'ai voulu le relire ensuite à tête reposée et le faire découvrir à d'autres. Mais je ne m'attendais pas à ce que vous preniez connaissance de ce billet et encore moins à ce que vous laissiez un commentaire. Merci donc à vous.
jeudi 22 avril 2010 à 09h47
C'est la meilleure critique jusqu'à présent
J'ai créé un lien sur mon blog : blog.lesgrandslunaires.org