Sept années se sont écoulées depuis la mort de Naïs devant les yeux de Stephen et de tous les autres. Sept ans durant lesquels les choses ont changé pour chacun.
Stephen s’est replongé dans le travail. Mais une ombre le suit. Naïs.
L’enlèvement de Stephen à la sortie d’un congrès d’un côté et les tirs longue distance effectués sur une mendiante qui, malgré neuf balles dans le corps va survivre et trouver le moyen de s’échapper de l’hôpital, vont relancer la piste de Naïs, la célèbre tueuse. Et faire apparaître les exploits du Marksman, un tireur d’élite sans égal.
Le passé n’est peut-être pas si mort qu’il en avait l’air…


Ayerdhal nous entraîne dans un roman policier aux limites du fantastique qui est une parfaite suite à Transparences, premier volume où les différents protagonistes apparaissent.
Pour autant, Résurgences peut se lire indépendamment et reste très compréhensible si l’on accepte de faire l’impasse sur des rappels d’événements précédents.

Rythmé sans pour autant perdre le lecteur, le roman laisse place aussi bien à l’action qu’à la réflexion. Le personnage de Stephen, psychologue criminel, permet la lecture de magnifiques moments d’analyse et quelques leçons de stratégie.
En face, Naïs et Le Marksman font figure de héros mythologiques. Ces deux personnages sont les seuls concessions d’Ayerdhal à l’étrange. Dotés de capacités hors du commun, leurs actions flirtent avec le fantastique mais tout est rationalisé et ramené à la science.

En dehors de l'intrigue policière (si l'on peut dire), le roman enlève l'adhésion grâce à un style fluide, une galerie de personnages crédibles et plutôt attachants, surtout Naïs et Michel. Et de manière fort sympathique, le récit colle plutôt bien à l'actualité politique. Et si aucun nom n'est donné, les sous-entendus et les faits rapportés sont suffisamment évocateurs pour être décryptés et amener dans l'ouvrage un tout petit côté critique / satirique qui n'est pas pour déplaire.

A mon sens meilleur que Transparence (que je conseille aussi à la lecture), cet ouvrage est une pierre de plus à apporter à l’édifice des excellents romans de monsieur Ayerdhal.

Cœurdechene

Autres romans de Ayerdhal : Chroniques d'un rêve enclavé, Demain une oasis, Balade Choreïale

Extrait :

Marks tient sa confirmation. Dès que l'homme s'écarte, il tire. Mais l'homme ne s'écarte pas plus qu'il ne sait lire le Coran ou le sounnah. Au contraire, il donne un coup de pied vers la main qui demande encore l'aumône mais celle-ci lui échappe.
Marks décale d'un rien sa visée et presse la détente.
Petit con !
Pendant que la balle traverse la gorge de l'indélicat, il rajuste Ann et tire une deuxième fois. Il voulait un oeil, il arrache un lobe d'oreille. Ann s'est laissée basculer sur le côté. Il presse une troisième, une quatrième, une cinquième fois la détente tandis qu'elle se relève. Les trois projectiles l'atteignent dans le dos, l'aidant presque à se propulser vers l'avant. Sixième, septième balle. Elle zigzague. Epaule droite, hanche droite. Elle s'effondre. Enfin.
Marks a le temps de vider le chargeur avant qu'une foule étrangement imprudente se referme sur le corps encore tressautant. Il a aussi celui de croiser la détresse dans les yeux du Communard quand il se penche sur Ann.
Les trois derniers projectiles ont fait mouche, il en est certain, même s'il ne peut pas savoir quelles parties du corps ont été atteintes. Le regard de l'ancien SDF lui précise qu'au moins l'un d'entre eux est mortel.
Il démonte son arme, l'enveloppe dans le sac-poubelle et disparaît par le vasistas. La carrière des avatars d'Ann X est terminée. Pourtant, en quittant l'immeuble pendant que les sirènes beuglent de l'autre côté du pont, le Marksman en veut à Marks parce qu'il a encore déconné.
Marks pour marksiste, moitié Karl, moitié Brothers avec un net penchant pour Harpo.
Qui d'autre aurait vengé l'humiliation faite à une clodo qu'il savait n'en pas être une ?


Résurgences de Ayerdhal - Éditions Au Diable Vauvert - 504 pages