Parmi le quatuor, il y a la belle Florence Tanner. Spirite de son état, elle voit cette mission comme une véritable bénédiction et compte libérer la maison des esprits malheureux qui la hantent. Elle abandonne pour ce faire son église et ses ouailles et s'en remet aux mains de Dieu. Le Docteur Lionel Barret lui, préfère s'en remettre aux outils scientifiques : il est persuadé que la vie après la mort n'existe pas et que les manifestations paranormales relevées dans la maison peuvent trouver des explications rationnelles. Accompagné de sa femme Edith, il espère que cette semaine concrétisera les recherches qu'il mène depuis des années. Enfin, le vieil homme mourant a demandé à Benjamin Franklin Fischer d'être le quatrième homme de cette expédition. Fischer connaît bien la maison Belasco puisqu'il fut le seul survivant de la dernière expédition de 1940 ; mais depuis ce jour, il refuse catégoriquement de se servir de ses dons de médium.
Le 21 décembre à 11h19, ces quatre enquêteurs d'un nouveau genre, s'apprêtent à entrer dans la maison Belasco pour le meilleur et pour le pire. Dès les premières minutes, la maison se réveille et les phénomènes étranges s'accumulent.
Je dois avouer que Richard Matheson m'avait habituée à plus de subtilités et j'ai été assez surprise, à la lecture de la Maison des Damnés, de découvrir chez lui un goût prononcé pour l'hémoglobine et les tables tournantes. Pour cette thématique rabattue de la maison hantée, Richard Matheson a sorti l'artillerie lourde. La Maison des damnés réunit tous les éléments des films d'horreur : sexe, hallucinations, objets volants, possessions, transe, ectoplasme, somnambulisme etc. Si donc vous êtes allergique à ce type de littérature, inutile de vous arrêter sur ce titre ; mais si la vue du sang à profusion et des monstres qui sortent des placards ne vous effraient pas, ce roman reste un grand classique du genre. Ce qui est bien trouvé c'est la façon dont Richard Matheson alterne entre les points de vue : les rationalistes se retrouveront plus facilement dans le personnage du Dr Barret, toujours là pour pondérer les ardeurs de Florence Tanner, et ses explications donnent un éclairage intéressant et pertinent sur tous les phénomènes paranormaux.
Alors bien sûr, je n'irai pas jusqu'à crier au génie, et je préfère largement quand Matheson suggère plutôt qu'il ne démontre. Mais cette Maison des damnés m'a fait passé un agréable moment, entre frissons et fous rires. Le roman ayant été adapté en 1973 par John Hough (The Legend of the Hell House) et j'ai eu la curiosité de regarder la bande annonce du film. La première réflexion que je me suis faite est que la littérature vieillit bien mieux que le cinéma... mais si vous êtes curieux et que vous passez outre le côté vieillot des images et du jeu des acteurs, cela peut peut-être vous donner un idée de l'atmosphère du roman. Une bonne lecture sans prise de tête, pour l'été à venir, entre premier et second degré.
(D'autres avis, ailleurs dans la blogosphère : SBM, SombreCendre, Emily)
Du même auteur : Je suis une légende, Le jeune homme, la mort et le temps, Nouvelles Tome 1 (1950-1953), Nouvelles Tomes 2 (1953-1959)
Laurence
Extrait :
Edith acquiesça de nouveau, et s'arrêta en même temps que Lionel pour examiner la chapelle au plafond bas. Il y avait des bancs de bois pour une cinquantaine de fidèles. En face, un autel. Et au-dessus de l'autel la lumière des bougies éclairait la silhouette de chair d'un Christ en crois, grandeur nature.
Ça ressemble à une chapelle, commença-t-elle.
Mais ne put aller plus loin car elle s'aperçut avec horreur que le corps de Jésus était nu et qu'il avait un énorme phallus en érection entre les jambes. Elle eut une exclamation de dégoût en fixant le crucifix obscène. L'air semblait soudain terriblement épais et se figeait dans sa gorge.
Elle remarqua alors que les murs étaient couverts de fresques pornographiques. Sur la droite, son œil fut attiré par une scène qui représentait une gigantesque orgie de prêtres et de nonnes à demi nus. Tous les visages étaient déments : regards lubriques, bave aux lèvres, teints empourprés, traits convulsés par une furieuse luxure.
- Profanation du sacré, dit Barret. Une maladie bien vénérable.
La maison des damnés de Richard Matheson -
Éditions J'ai Lu Fantastique - 348 pages
Commentaires
vendredi 9 juillet 2010 à 12h49
Bon, on oublie ces damnés, ça n'est pas sa meilleure veine... La nouvelle dont je te parlais c'est "Cycle de survie", parue dans Fiction n°36, novembre 1956 (ben quoi ?).
vendredi 9 juillet 2010 à 13h29
SBM : non, ce n'est clairement pas son meilleur texte mais je me suis bien amusée à le lire (même si c'est au 2ème degré). Pour "Cycle de vie", merci pour les références, je viens de la retrouver : il est dans le second tome de ses nouvelles et je viens de la relire. Je continue malgré tout à préférer les nouvelles du 1er tome.