Pendant tout le récit il sera donc question de ce livre étrange qui semble n'avoir été écrit que pour elle. Qui en est l'auteur ? Quand a-t-il été écrit ? Qui l'a posé sur ce banc ? Et tout en démêlant cette intrigue, Myrtille va aussi devoir affronter sa peur de l'engagement, ses déboires professionnels et ses souvenirs d'enfance.
J'ai découvert les éditions Galaade cette année grâce à Sandrine et je m'étais promis de regarder un peu plus avant leurs publications. La couverture de Myrtille m'a immédiatement séduite par son jeu sur les couleurs. Malheureusement, j'aurais peut-être dû être plus attentive à la quatrième de couverture… cela m'aurait évité une erreur d'aiguillage.
Commençons par ce qui m'a séduite dans ce roman : la mise en abyme bien sûr, car il est toujours fascinant pour un lecteur de se plonger dans un roman qui parle du pouvoir étrange de la lecture. Quelle serait ma réaction si j'ouvrais un livre qui me racontait très précisément ce qui se déroule autour de moi ? Et puis Myrtille est une amoureuse des mots et des livres :
Depuis longtemps, les mots et les livres revêtent une importance essentielle dans la vie de Myrtille. Il ne passe pas une journée sans qu'elle éprouve le besoin d'entrer dans une librairie. Prendre un livre, le sentir, le toucher, le regarder, s'attarder sur sa couverture, le retourner pour le faire parler de lui, l'ouvrir délicatement pour ne pas le froisser, respirer son odeur, tourner ses pages avec douceurs et sentir le papier entre ses doigts.
Myrtille collectionne les mots comme d'autres les timbres. Elle les range soigneusement dans une boite et vient y piocher chaque matin pour former des phrases un peu oulipiennes. Voilà donc un récit qui aurait dû me séduire… mais étant moi-même amoureuse des mots, j'ai été très agacée par leur utilisation attendue et sirupeuse.
Si Myrtille collectionne les mots, Hugo Lamarck multiplie les poncifs et les métaphores à l'eau de rose :
Il regarde Myrtille comme on regarde l'avenir.
À quoi ça sert, une frontière ? On n'arrête pas le destin ni les sentiments clandestins.
- Quand tu rêves, Angelo, tu peux vivre tout ce que tu veux, tout ce que tu désires. N'hésite pas, on n'est jamais déçu dans ses rêve. Oh oui, Angelo, vas-y, rêve, rêve-moi tant que tu veux, rêve-moi où tu veux, comme tu veux; rêve-moi en long, en large ou en secret ; rêve-moi comme un fou, comme un malade, sur le bord du lit; dans l'ascenseur, dans la cuisine, dans l'absolu ; rêve-moi dans mes rêves quand je rêve de toi, rêve-moi jusqu'à l'épuisement des corps, et, si je m'endors dans ton rêve, n'hésite pas, tu me réveilles et tu me rêves encore.
Myrtille rêve peut-être, mais moi, ces clichés me feraient plutôt rire tellement je les trouve mièvres et ridicules. Ils me font penser à ces phrases que l'on inscrivait dans nos agendas de collégiens. Sauf que j'ai passé l'âge du collège depuis longtemps et que j'aurais aimé trouvé ici une écriture plus subtile et surprenante. Et plus j'avançais dans ma lecture, plus je comprenais que ce récit n'était définitivement pas fait pour moi. Heureusement, il se lit tout aussi vite qu'il s'oublie.
Par contre, je compte bien poursuivre ma découverte des éditions Galaade, puisque si j'ai bien compris, cette publication est en marge de ce qu'ils font habituellement.
(D'autres avis plus enthousiastes, ailleurs dans la blogosphère : Laure, Hérisson et Sophie)
Laurence
Extrait :
Myrtille marcha vers cet aimant. Elle sentait son émoi. Le sien, celui d'Angelo. Il y eut le long silence d'un instant privilégié où le destin s'invite. Myrtille eut l'audace de parler la première.
- Nous nous sommes déjà rencontrés quelque part, j'en suis sûre !
Sans la quitter des yeux, il lui répondit:
- Oui, dans mes rêves.
Le visage de Myrtille rayonna comme un soleil, puis elle dit d'une voix désarmante :
- Je m'en souviens très bien. C'était doux comme le plus beau des mots doux.
Le lendemain matin, Angelo envoya un message à Myrtille. « Cette nuit j'ai rêvé que je vous revoyais. » Myrtille s'empressa de répondre : « Cette nuit, j'ai accepté de vous revoir. »
Myrtille de Hugo Lamarck -
Éditions Galaade - 151 pages
Commentaires
lundi 26 juillet 2010 à 10h35
Pour ma part, je tempèrerais un peu plus.
Plutôt que mièvre, je dirais que j'ai trouvé le récit plutôt naïf et candide. L'auteur a une écriture innocente qui va bien avec le caractère qu'il attribue à Myrtille mais qui peut agacer fortement à certains moments.
En revanche, j'approuver le côté mise en abyme qui est très intéressant. C'est d'ailleurs ce qui m'a séduit dans ce court roman au scénario (volontairement ?) décousu.
Quant aux lieux communs et poncifs qui émaillent le récit, ils sont pour moi ce qui fait le charme de la plume de l'auteur. Ils sont inséparables du personnage de Myrtille car il est construit autour de ces images justement.
Certes pas une lecture inoubliable, ni à conseiller outre mesure, mais cependant un roman détente, rafraîchissant, qui se lit en attendant le bus ou au bord de la piscine, entre deux autres romans... C'est une pause bienvenue entre deux univers.
lundi 26 juillet 2010 à 12h30
Moi, ce roman m’a profondément émue et troublée pour plusieurs raisons. D’abord, parce que je l’ai découvert par hasard dans mon sac à main (ma meilleure amie a voulu me faire cette surprise, à cause de mon prénom, je m’appelle aussi Myrtille…). Ensuite quand je j’ai lu ou plutôt dévoré, je m’y suis reconnue et pas seulement à cause du prénom. Je me suis reconnue dans cette génération de femmes qui croient au grand amour même si la vie ne nous fait pas de cadeaux. J’ai trente ans dont quinze années de quête éperdue de l’amour de ma vie.
Voilà pourquoi, en toute innocence,je me suis prise d’amitié pour ce livre et son héroïne qui me ressemble. C’est pour ça que je suis la vie de Myrtille régulièrement sur internet (les blogs cités par Laurence sont effectivement très éloquents de l’accueil de ce roman, ça m’a fait plaisir de voir que je n’étais pas la seule à avoir adoré ce roman).
Oui, j’ai beaucoup aimé la poésie et la sensibilité dont ce roman est empreint. Et j’ai vraiment ressenti les bonnes ondes qui s’en dégagent. Je reconnais que je suis certainement bon public pour ce style d’écriture et cette passion qu’a l’auteur pour les mots et les jeux de mots : « les bateaux de l’enfance ont l’ancre indélébile », « j’ai mis mon âge en quarantaine parce que vieillir c’est contagieux » etc.
Comme j’aime beaucoup d'ailleurs la citation en en-tête de ce blog même si sortie de son contexte on pourrait la trouver mièvre « les livres nous chuchotent des secrets faits pour être partagés ». Et bien moi mon secret je veux le partager avec vous. Myrtille est devenu mon livre de cœur. Je l’ai offert autour de moi comme dans le roman. Et j’ai beaucoup aimé cette sensation de prolonger un livre, de faire vivre la fiction dans la réalité. Et en plus pour moi il y avait ce coté « s’offrir à ses ami(e)s ». Hum c’est très agréable !!!
Je suis sûre que tous celles et tous ceux qui liront Myrtille cet été (c’est vraiment un livre pour l’été !) seront en pleine forme dans leur tête, au retour des vacances, pour affronter la rentrée.
Bonne lecture et bonnes vacances à tous !
Myrtille
PS nous sommes un peu plus de 500 en France à porter ce très joli prénom...
samedi 31 juillet 2010 à 11h00
Cœur : que veux-tu, je dois être un sans cœur
mais les sentiments en guimauve n'ont jamais réussi à m'attendrir, ils auraient plutôt tendance à me faire fuir. Sincèrement, en relisant les extraits que je donne, tu ne trouves pas que c'est "trop" ? 
Myrtille : merci de votre passage ici et de votre avis. J'ai bien conscience que mon billet est un peu à part dans la blogosphère mais après tout, puisque je n'ai pas aimé ce roman, il n'y avait pas de raison que je ne le dise pas. Maintenant, je comprends que l'on puisse l'apprécier.
lundi 2 août 2010 à 10h19
Certes, Laurence. C'est vrai que ça fait très fleur bleue, voire guimauve au soleil...
Cependant, comme je l'ai dit, pour moi cette attitude est liée au caractère du personnage principal, et donc l'écriture est cohérente avec le personnage. Ceci dit, je ne le relirai pas tous les jours non plus