Daniel est heureux de vivre dans ce milieu naturel qui s'offre à lui. Élevé par sa grand-mère, Juliette, dont le mari décédé était un mineur anarchiste, il fait son apprentissage de la vie au contact des éléments naturels. Ses plus grands plaisirs sont de se promener dans la forêt, de pêcher dans la rivière, ce qu'il apprend avec un petit gitan. La moindre séparation d'avec Juliette, même pour de courtes vacances à Marseille, est une véritable punition pour lui, obligé de découvrir la ville et de quitter la Cèze qu'il connaît si bien.
Pourtant, la magie de l'enfance sera rompu, car Daniel doit aller vivre avec ses parents, qui tiennent un bar en ville. Alors, les vacances deviendront pour lui la seule possibilité d'échapper à la ville, quand il s'évade avec son grand-père en Ardèche. Mais ces moments sont éphémères, et ne réussissent pas à sortir Daniel de son quotidien urbain.
Alors, ce sont les femmes qui composeront son imaginaire. Petit, déjà, il avait aperçu la boulangère et un jeune garçon en position équivoque, et avait décidé de faire pareil avec une amie. Les rencontres avec les femmes seront parfois fantasmées, comme avec cette voisine qui se baigne, ou seront plus physiques, comme avec cette autre voisine dans la cité HLM.
Le roman est donc une plongée dans le monde rural et ouvrier des années 50, dans ce pays où se mêlent les paysages cévenols et la culture ouvrière avec les mines d'Alès. Au fil du roman, on ressent fortement cette double influence, qui marque profondément le jeune garçon. L'image du drapeau noir des anarchistes dans la chambre de sa grand-mère Juliette est un élément constitutif de la personnalité de ce jeune garçon.
Daniel Hébrard tente de rendre, et y arrive assez bien, cette osmose avec la nature par l'évocation des lieux, des sensations olfactives ou visuelles qui ont pu marquer son jeune narrateur. Mais j'ai eu beaucoup de difficulté à lire ce roman. Non pas à cause d'un manque d'intérêt par rapport au sujet ou par une écriture trop lâche, mais justement à cause des effets trop recherchés de l'écriture. J'ai trouvé que l'écriture manque de fluidité, et demande pour le lecteur une grande concentration. Qui fait qu'il est difficile de lire cet ouvrage rapidement, et ma lecture hachée a nui au plaisir de celle-ci. Car si la recherche stylistique est un atout pour un roman, il est parfois difficile de la tenir sur près de 300 pages.
Extrait :
Beaucoup de mineurs, encore agriculteurs, habitaient loin de leur lieu de travail, certains faisaient jusqu'à quinze kilomètres à pied de nuit comme de jour, selon les postes, froid ou chaleur, pluie ou neige. Ceux-là pouvaient survivre lors des grandes grèves, quelques patates, le cochon, les châtaignes, pour certains un troupeau. Une mentalité de paysans habitués à être isolés, à vivre seuls, qui n'allait pas avec la solidarité ouvrière. Aussi fallait-il veiller à ce que les grèves soient suivies. Difficile de convaincre ces espèces d'ermites individualistes, exilés au milieu des brousses, de coins reculés, égoïstes, âpres au gain, mariés à Dieu et à la misère, frustrés, assujettis par les curés, bridés par les pasteurs.
Gorges chaudes de Daniel Hebrard - Éditions Julliard - 274 pages
Commentaires
lundi 27 septembre 2010 à 18h48
Les effets semblent effectivement recherchés. Dommage car sur 300 pages ça doit gêner une lecture paisible.
lundi 25 octobre 2010 à 11h42
La description donne également envie de le lire.Merci pour l'article.
Anne-marie
vendredi 28 janvier 2011 à 11h10
Je l'ai lu avec plaisir en accompagnant l'auteur dans ses parties de pêche ou ses découvertes et suis un peu retombée en enfance au fil de ses souvenirs.
Je l'ai également entendu narrer et mimer par CLaude Alranc et là c'est la délectation.
A recommander aux amoureux de choses vraies, de la vie nature.
vendredi 20 janvier 2012 à 22h51
cher ami tu te trompes les fils de medecin n'etaient pas si distants des files de prolo ; grace à ça ns ne sommes pas si cons !!