Sélection du Prix Biblioblog 2011
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Il s'appelle Abel de Tyr. Il est un Arkange. Il est maudit.
Et son destin est lié à cet être hors du commun dont le nom fait frémir : Trestan Vortigern, le Chevaucheur d'Ouragan.
Voici le récit d'Abel de Tyr, le Chroniqueur. Voici la vie du Chevaucheur d'Ouragan.
Abel de Tyr est contactée par une personne mystérieuse qui se fait passer pour l'Astrologue du Souffle de l'Âme.
Cet avire réputé est celui de Trestan Vortigern, appelé également Chevaucheur d'Ouragan.
Montant à bord, Abel prend le poste de Chroniqueur et se rend vite compte que son destin est lié à celui de cet homme au sang froid extraordinaire mais porteur d'un terrible poids.
Comme Abel, le Chevaucheur est maudit, marqué jusque dans sa chair.
Entre secrets, complots, trahisons, guerre et vengeance, Abel va suivre son destin dont l'issue semble inexorablement fatale.
Mais n'est-il pas possible de se battre même contre son destin ?
Sam Nell est un jeune auteur français et Chevaucheur d'Ouragan est son premier roman.
Eh bien autant le dire tout de suite, pour un coup d'essai, c'est un coup de maître. Et bien peu arrivent à ce niveau d'écriture, cette maturité dans l'univers, cette cohésion des personnages dès le galop d'essai. Alors tout d'abord, chapeau bas !
L'ouvrage est coupé en cinq "livres" dont chacun met en avant les actions de certains personnages. Comme il est de coutume dans ce genre, tous les personnages vont bien sûr se croiser pour l'hallali final et choisir leur camps. D'un point de vue scénaristique, il s'agit de fantasy très classique. On croisera pèle-mêle des Atlantes, des minotaures, des dryades, des Pyromants, des dragons, un Géant nain, des astrologues, des constellations, des Êtres Élémentaires, des esprits et quelques autres choses qu'il ne faut pas encore dévoiler.
Il est difficile et délicat d'en dire beaucoup plus sans être tenté par tout raconter. Le roman se lit d'une traite et laisse au lecteur l'envie d'en savoir toujours plus sur cet univers fantastique où les avires (comprendre des navires de l'air) disputent le ciel aux forces élémentaires encore en présence et aux Esprits. Un monde où la magie est dangereuse, presque une malédiction, et où la technologie n'est pas si absente. Quelques éléments sont assez "contemporains" mais ne dépareillent pas dans le contexte. Vraiment l'auteur a réussit un tour de force en mélangeant énormément de choses, de références et d'univers pour réussir à former un tout cohérent. De plus, le lecteur pourra s'amuser à retrouver quelques clins d'œil disséminés au long du roman. J'en ai relevé deux (dont la phrase finale du roman) mais guère plus. C'est un challenge.
L'écriture est plus qu'agréable. Les paysages défilent de même que les scènes d'action. Quelques passages sont particulièrement bien rendus (notamment, à mon sens, le combat contre la Tempête ancestrale dont un extrait est donné plus bas) et il faut finalement peu d'effort pour s'imaginer la majorité de l'histoire. Malgré tout, quelques moments sont un peu flous et gagneraient certainement en intensité à une seconde lecture. Cependant, un passage au cinéma semblerait plus qu'approprié vu la teneur du roman et la richesse de l'histoire.
Sam Nell a apporté un petit plus à son univers en créant la Bande Originale du livre. Il annonce en ouverture qu'une playlist a été créée sur un site internet en accès libre. Et contrairement à La Horde du Contrevent d'Alain Damasio dont l'ouvrage en grand format était vendu avec "la BO du livre", celle proposée ici devrait tenir le temps de la lecture. Car il est quand même difficile d'arriver à lire un ouvrage de presque 400 pages en suivant les musiques d'un album durant une heure… Ou alors il faut lire très très très vite. Avis donc !
A noter qu'il existe également la bande annonce du roman, disponible sur le site de l'éditeur ou sur le site du roman.
En résumé, c'est un coup de coeur pour ce premier roman d'un jeune auteur français. C'est une aventure palpitante et un univers extrêmement riche à découvrir d'urgence. Et à faire découvrir. En tout cas une excellente surprise dans le milieu des Mondes Imaginaires pour cette rentrée littéraire 2010.
Extrait :
nota : Zéphyr est un élémentaire de l'air attaché à la personne du Chevaucheur.
Pour faire passer son message, Zéphyr s'avance au plus près des globes d'orichalque qui orbitent autour du Vortex. Sous l'impulsion de l'élémentaire, le rugissement des vents devient suraigu - obligeant Trestan Vortigern à se boucher les oreilles sous peine de se faire crever les tympans. Puis leur fréquence passe dans les ultrasons, que l'Atlante ne peut plus percevoir. Mais le silence n'est qu'apparence car autour de Zéphyr, l'air s'irise en oscillations frénétiques.
Quand enfin le familier se retourne vers son Chevaucheur, le vacarme retombe comme un tsunami sur le rivage.
— Il accccepte, murmure la voix sifflante du Seigneur des Vents.
Vortigern se contente de hocher la tête et Zéphyr soulève le marteau de Vilkynirsson, puis l'abat comme la masse du forgeron céleste sur la constellation de l'Enclume. L'énorme tête de métal frappe le neuvième globe de la sphère armillaire. L'énergie emmagasinée des éclairs est libérée dans le cercle d'acier qui crépite d'étincelles avant de voler en éclats. Sous la violence du choc, le globe d'orichalque s'est incrusté au cul du marteau et l'avire tout entier s'ébranle.
Profitant de la brèche, l'Ouragan lance une charge contre les barreaux de sa cage.
Zéphyr lâche l'énorme masse de métal et se précipite vers son Chevaucheur pour le protéger de ce qui va suivre : les huit globes d'orichalque encore en orbite sur la sphère, ainsi que tous les sceaux apposés sur les murs, s'illuminent d'une clarté aveuglante, tentant de contenir la puissance élémentaire de l'Ouragan.
L'air s'ionise brutalement, écrasé par la charge électrostatique de millions de fulmens. Toutes les ossatures métalliques se saturent d'énergie et foudroient en centaines d'arcs électriques qui les chauffent à blanc, avant de les faire fondre. Les cercles d'acier de la sphère armillaire, les Titans de bronze, les tubulures noires, mais aussi les couples de métal qui structurent la coque, les hurleurs de fonte, les clous, les dagues, les sabres, les boucles de ceinture, les couronnes dentaires…
Une avalanche pyrotechnique que Zéphyr apprécierait à sa juste mesure s'il ne guettait pas deux choses beaucoup plus importantes.
En premier lieu, la résistance de la cage armillaire. Il constate avec soulagement que les huit cercles d'acier restants tiennent bon, et qu'elle devrait supporter la charge encore suffisamment longtemps.
Mais surtout la salve d'ultrasons qu'envoie l'Ouragan quand il comprend qu'il n'arrivera pas à sortir. C'est un avertissement lancé à la Tempête ancestrales qui n'était même pas un courant d'air quand lui fut invoqué, aux côtés de ses frères, pour mener le Grand Cataclysme et noyer les flammes du Septième Enfer. Une menace d'un de ceux qui furent enchaînés. Un ultimatum de celui dont le nom est Scylla à celle qui n'est pas assez vieille pour en posséder un. Qu'elle fuie, ou il scellera son destin.
Chevaucheur d'ouragan de Sam Nell - Éditions Mnémos - 368 pages
Commentaires
samedi 23 octobre 2010 à 14h07
Un premier roman en plus. Je ne connaissais pas du tout et là, je note. Merci pour la découverte.
dimanche 24 octobre 2010 à 10h05
Coeur, je sens que tu vas me prêter bientôt cet ouvrage. Une idée comme ça !!
dimanche 7 novembre 2010 à 17h10
Il faudrait peut-être que je commence dès maintenant la lecture de ce Chevaucheur...
vendredi 12 novembre 2010 à 19h17
Coeur, j'espère pour toi que l'auteur a déjà fini de rédiger la suite de ces aventures épiques que je viens tout juste de terminer !!! Si ce n'est pas le cas, je risque d'être de fort méchante humeur !! Qu'est-ce que je vais faire sans Trestan ?? Franchement !!
vendredi 12 novembre 2010 à 19h45
MODE FURTIF ONBon, alors je me cache en répondant parce que si Dédale comprend que pour l'instant la suite n'est pas encore achevée, je vais passer un mauvais quart d'heure. Pourtant, il se prend aussi bien comme un volume unique, même si l'univers mérite encore beaucoup de pages d'explications. Mais la suite n'est pas encore disponible.MODE FURTIF OFF
Tiens, Dédale... Hé hé... Hum, tu l'as déjà fini ?
Eh bien, c'est... comment dire... surprenant. Et rapide.
J'espère que tu as apprécié.
Ah, euh, je m'éclipse maintenant.
Comment ? La suite ? Hein ? Je suis dans un tunnel...
vendredi 12 novembre 2010 à 19h56
MDR !!! C'est cela, cache toi !!
lundi 11 avril 2011 à 21h44
grandiose et envoutant
je recommande vivement !
mercredi 22 juin 2011 à 08h53
Que cette lecture fût dure pour moi!Certes il y a de trés beaux passages lumineux pour certains mais tout m'a semblé confus .A ma décharge je n'aime guère la Fantasy à l'exception de Gagner la guerre que j'avais dévoré l'an dernier Mis en 4ème^position cf l'écriture de ce jeune auteur que j'ai trouvée belle et dynamique
mercredi 22 juin 2011 à 19h38
Je voudrais faire une suggestion pour le futur prix Biblioblog : choisir un genre (ex. littérature) et ne pas mettre dans la sélection d'ouvrage de fantasy. Je trouve que le débat est faussé : comment comparer la poésie d'une Douna Loup à l'épopée d'Abdel de Tyr ? Personnellement la fantasy n'est pas mon rayon, et le chevaucheur d'Ouragan ne va pas me réconcilier avec ce genre. Comme l'année dernière avec "Gagner la guerre" je suis allée jusqu'au bout, mais oh ! comme j'ai pensé à Ceoeurcdechene qui nous imposait 400 pages de son genre préféré ...Non, vraiment, ce genre de livres n'est pas fait pour moi.
mercredi 22 juin 2011 à 19h48
Alice-Ange : je ne suis pas d'accord avec toi. Si moi non plus je n'apprécie pas vraiment la fantasy, ce que je trouve intéressant dans la sélections c'est qu'elle reflète la diversité de nos goûts. La littérature de genre (fantasy mais aussi polar ou sf) a donc tout à fait sa place dans le prix.
mercredi 22 juin 2011 à 21h04
Aie, aie, aie, ça commence à débattre !! ;-))
Mon avis en qq mots : je pense que la fantasy n'est pas un genre que j'affectionne particuliérement, mais j'ai trouvé la lecture du Chevaucheur pas désagréable non plus. Un univers bien construit, et j'aime me casser la tête à essayer de comprendre les relations entre les personnages... (contrairement à d'autres que ça exaspère ;-). Un gros bémol cependant : qu'il faille lire la suite pour tout comprendre aux motivations des personnages ! Gros sentiment de frustration ! Et je ne pense pas lire la suite.
mercredi 22 juin 2011 à 21h43
Alice-Ange, tu peux t'estimer heureuse : le roman choisi a failli faire 1000 pages ! (gros débat dans l'équipe au moment du choix de la sélection, d'ailleurs).
Sinon, je ne suis pas pour définir un genre à respecter, car l'idée est vraiment d'aborder des ouvrages inattendus. Et si un roman de fantasy a peu de chances de l'emporter (même si les lecteurs de fantasy semblent beaucoup se mobiliser pour leur accorder leur suffrage), je trouve intéressant de découvrir des pans de la production littéraire qui me sont inconnus. Et ce même si je n'y trouve pas toujours mon compte en terme de plaisir de lecture !
mercredi 22 juin 2011 à 21h47
Tout à fait, ça a failli être un énorme roman. Mais ce n'était pas un roman de fantasy :p
mercredi 22 juin 2011 à 23h22
Je m'étais engagé, j'ai donc lu ce roman. Quelle souffrance ce fût. Je dois être allergique, je n'en dirai pas plus.
jeudi 23 juin 2011 à 00h18
Moi non plus, je n'accroche pas un brin à la littérature "Fantasy" !!!
jeudi 23 juin 2011 à 10h29
Je l'ai lu sans m'ennuyer, mais sans plus.
jeudi 23 juin 2011 à 22h01
Le débat est ouvert. Malgré tout je persiste à croire qu'il est très difficile de comparer de la fantasy ( ou quel qu'en soit le genre - Coeurdechene nous éclairera en tant que spécialiste -) avec un roman poétique comme "l'embrasure". Imaginez par exemple que l'on introduise un polar dans la sélection : comment va-t-on faire ? Les amateurs vont voter massivement pour l'ouvrage et pas les autres ? Je suis prête à en discuter avec vous mais moi je ne vois pas le sens que ça a de mélanger les genres. Pour terminer : merci Yohan de nous avoir épargné 1 000 pages ! Je n'aurais jamais tenu le coup si longtemps !
vendredi 24 juin 2011 à 00h17
Je ne pense que la fantasy soit forcément de la sous-littérature. L'année dernière, Gagner la guerre était un livre passionnant, riche et bien construit. Celui-ci a aussi certainement quelques qualités. Si je ne suis pas rentré dedans (et si j'ai vraiment souffert physiquement pour le lire...), je ne crois pas que ce soit dû au genre.
Je pense que c'est également un bien qu'il y ait un peu de variété dans la sélection. Et puis, on a déjà eu un roman policier lauréat du Prix Biblioblog...
vendredi 24 juin 2011 à 07h24
Je me suis moi aussi engagé à lire tous les livres de la sélection mais ce livre fut une véritable épreuve. J'ai souvent eu la tentation de l'abandonner mais j'ai tenu jusqu'au bout. Si la démarche de l'auteur est certainement sincère, j'ai trouvé le roman extrêmement confus et l'histoire absolument pas passionnante.
vendredi 24 juin 2011 à 22h08
J'ai également beaucoup de mal avec la fantasy, je préfère la SF. Cependant je suis d'accord avec Laurence pour dire que comme pour un prix de cinéma, tous les genres ont leurs places (ce qui suppose aussi une objectivité sans faille de la part d'un jury). Concernant le roman, pas toujours facile de conserver le fil, de beaux passages tout de même, une bataille finale titanesque.
dimanche 26 juin 2011 à 21h12
Ne regardant pas l'étiquette avant d'ouvrir un livre, je ne rentrerais pas dans le débat sur la Fantasy. Au sujet du chevaucheur, je suis partagé. En effet, chaque fragment est tout à fait correctement écrit, l'univers a de la profondeur, l'ensemble est assez classique, bref beaucoup de bonnes choses, maiiiiiiiiiiiiiis la construction en flashbacks imbriqués est particulièrement pénible, trop systématique et finalement très agaçante. Dommage, en soit le procédé n'est pas mauvais.
C'est le seul livre de la sélection que j'ai délibérément lu par fragments.