Et les lunettes de John Lennon dans tout ça ? me direz-vous. Et bien il faut les chercher dans la famille saugrenue de Julius. Chez les Etembar, il y a la mère, Annamaria, ancienne miraculée sicilienne ; Renata, la petite sœur pas tout à fait normale ; Help, le chien dont on se dispute la garde alternée devant les tribunaux ; et René, le père éconduit et détenteur des fameuses lunettes.

Vous n'avez rien compris ? Cela ne m'étonne pas vraiment tant il est difficile de résumer ce roman qui part dans toutes les directions. La lecture de la quatrième de couverture laisse penser qu'il y a derrière Les lunettes de John Lennon une écriture drôle et rythmée, une comédie douce-amère sur la famille et l'adolescence. Mais l'intrigue - qui a du mal à démarrer - se perd en multiples rebondissements sans jamais réellement choisir son registre : comédie, polar, romance… il y a un peu de tout cela. Mais à tout vouloir exploiter, l'auteur perd en efficacité et on s'essouffle rapidement, un peu lassé par les invraisemblances et les quiproquos multiples. Quand le dénouement approche, on aurait tendance à se dire "Tout ça pour ça ?", ce qui en soit est déjà très frustrant. Mais j'ai encore été plus gênée par la dernière phrase qui m'a semblé être une tentative d'humour maladroite voire déplacée.

À mon grand regret, je n'ai pas du tout adhéré à ce récit. J'aurais peut-être dû enfiler ces fameuses lunettes pour lire ce roman, puisqu'elles ont la capacité, selon l'auteur, de montrer le monde sous un jour meilleur.

(D'autre avis, ailleurs dans la blogosphère : Paul Emond a été séduit)

Laurence

Extrait :

Or, personne ne se sentait plus poireau que Julius. D'abord, il en avait le physique. À seize ans, il était petit, surtout des jambes (par ailleurs, fortes et arquées quand elles étaient nues), les bras presque aux genoux, les épaules en goulot de bouteille. Dessus, une tête déjà dégarnie aux cornes, entre lesquelles s'enroulait une grosse mèche de cheveux beiges. Un nez affreusement busqué qui aurait pu être d'un rapace si les yeux avaient suivi. Mais ils étaient vagues, d'une couleur indistincte et perpétuellement perdus dans le haut des orbites. Tout ce qu'il pouvait revendiquer des oiseaux, c'était sa façon saccadée d'aligner son profil sur qui lui causait, à la façon d'une poule quand on veut prendre son œuf.

Les lunettes de John Lennon
Les lunettes de John Lennon d'Armel Job - Éditions Mijade - 286 pages