Il faut dire que Maxime, n'aime rien ni personne en dehors de ses deux amis (Kevin et Alexandra), des films gores, de la musique rock des années 70 et de ses théories sur l'économie mondiale. Un vrai ours des cavernes qui trouve ridicules les couples d'amoureux et préfère les longs moments de solitude. A tel point que tout le monde s'en inquiète, même sa grand-mère et sa petite sœur. La loose totale. Maxime, lui, ne semble apparemment pas en souffrir et s'apprête à passer d'excellentes vacances. Du moins, c'est ce qu'il croyait… car évidement, rien ne se passera comme prévu.
Je connaissais le talent et la délicatesse d'Anne Percin pour aborder des sujets douloureux, j'ai découvert en lisant Comment (bien) rater ses vacances qu'elle est tout aussi douée dans le registre de l'humour et du récit à l'optimisme généreux. Son jeune narrateur va devoir assumer, le temps d'un été, des décisions d'adulte responsable, et découvrira combien il peut être doux et réconfortant de s'appuyer sur les autres.
Anne Percin réussit à merveille à mêler des scènes à l'humour décapant et des passages plus sensibles sur la relation à l'autre, tout en ménageant un suspens haletant. Chacun des personnages a suffisamment d'épaisseur pour rendre l'histoire crédible (même le chat !) et sa vision de l'adolescence, souvent très pertinente, permettra à ses lecteurs de retrouver sans mal leur propre vécu. J'ai aussi beaucoup apprécié le dénouement qui, tout en étant optimiste, ne verse pas dans un happy-end mièvre et facile.
Voilà un récit que je conseillerai avec plaisir à des ado de mon entourage (à partir de 13 ou 14 ans) et qui m'a permis de découvrir une autre facette de cette romancière, décidément talentueuse.
(D'autre avis, ailleurs dans la blogosphère : Mirabilia )
Du même auteur : Point de côté, Né sur X, Le premier été, Comment (bien) gérer sa love story.
Laurence
Extrait :
- T'as pas des copains qui font un truc cet été ? Je sais pas moi…
Mon père avait soudain pris un air atterré. Même Alice s'était arrêté de courir autour de la table du salon pour me regarder avec pitié. Un gros ange dodu est passé dans la pièce en faisant flap flap, me contemplant d'un œil ébaubi, avant de se manger le mur du plafond.
Damned.
Ma situation était-elle à ce point désespérée ?
Dix-sept ans, et pas un seul pote pour me proposer un plan foireux pour l'été ? L'humiliation totale. Je me suis senti changé en grosse merde, un peu comme le mec boutonneux avec des lunettes à double foyer qu'on voit dans les films américains, le genre que personne n'invite au bal de promo et qui finit par devenir psychopathe et zigouiller tout le campus à coups de chaîne de vélo. (Je sais, j'aurais jamais dû lire tout Sephen King à mon âge…).
J'ai pris les devants, sentant poindre dans leurs yeux la glauque lueur de la compassion :
- Non, mais cet été, de toute façon, je veux aller chez Mamie. J'ai des trucs à bidouiller sur son ordi. Je lui avais promis de m'en occuper et j'ai jamais eu le temps.
L'apitoiement s'est mué en stupeur profonde. C'est marrant comme ça change vite, les tronches parentales. Un vrai ciel de printemps.
Comment (bien) rater ses vacances d'Anne Percin - Éditions du Rouergue collection doAdo - 224 pages
Commentaires
vendredi 12 novembre 2010 à 22h26
j'achète !
samedi 13 novembre 2010 à 08h18
JP : à mon avis, ce Maxime devrait effectivement te plaire.
Enfin, dis-moi si je me trompe, mais je ne pense pas.