Ce soir-là, c'est encore pire que les soirs précédents. Après avoir abandonné sans raison apparente le terrain de foot en pleine partie, Elliott s'enferme dans le grenier avec ses drôles d'insectes. Sacha et Leïla, ses deux seuls amis, viennent le retrouver et lui proposer une balade nocturne sur les toits. Mais la balade va les emmener bien plus loin que prévu…
Dans ce court récit, pour les lecteurs de 14 ans et plus, Alex Cousseau aborde le tabou de la pulsion suicidaire chez les adolescents. La narration, à la troisième personne, permet aux lecteurs de prendre le recul nécessaire sans pour autant gommer totalement l'empathie. Alex Cousseau pose ses pions petits à petits, avec discrétion jusqu'au moment critique qui arrive au milieu du roman.
Bien sûr, il s'agit ici d'apporter de l'espoir, notre jeune héros s'en sort donc bien et il s'agit plus de parler du mécanisme de la pulsion que de l'acte lui-même. Et pourtant, on ressort de cette lecture avec le sentiment qu'à trop prendre de précautions, l'auteur est passé à côté d'une partie de son sujet. La scène qui devrait être le moment clé du récit est évacuée un peu trop rapidement et facilement pour que les lecteurs en mesure réellement les tenants et les aboutissants. Sans verser dans le voyeurisme ou le glauque, il me semble qu'il y avait moyen de proposer ici une réflexion plus approfondie et une histoire plus intense, en gardant le même fil rouge. De même, si l'idée des phasmes était très bonne,elle reste insuffisamment exploitée.
Je ressors donc un peu désappointée de cette lecture pourtant prometteuse.
Laurence
Extrait :
Les doigts d'Elliott prennent de l'assurance. Les phasmes s'agitent.Dans leur bocal, posés sur un poutre, il perçoivent une mélodie maladroite, désarticulée. Des araignées sortent discrètement de leur repaire, agrippées au revers d'une ardoise ou sur une toile poussiéreuse, les pattes avant jointes comme pour la prière.
Elliott transpire. Un ombre lui passe sur le visage, tout en poursuivant sa musique il regarde le ciel, je vois rien d'autre qu'un morceau d'étoffe bleue. À ses pieds, il ne voit pas non plus la trentaine de fourmis grouillant autour de la dépouille d'une souris en décomposition avancée.
Il continue. S'écorche les doigts. Joue comme animé par la fièvre, un monologue de plus en plus furieux et confus, partout autour de lui les insectes remuent un peu plus. Derrière leurs parois les phasmes bouillonnent, au bord de leur piège les araignées tricotent, sur le cadavre de la souris les fourmis s'approvisionnent, contre un mur décrépi un lot de larves et de chenilles velues et grises ondulent vers la lumière.
Le cri du phasme d'Alex Cousseau - Éditions du Rouergue - 108 pages
Commentaires
mardi 28 décembre 2010 à 20h45
Cela me rappelle mon adolescence, j'élevais des phasmes dans un petit terrarium.
Votre billet donne envie de lire ce livre !
Si je le vois chez mon libraire... hop !