Cette histoire, c'est celle de Mando et Loup, deux jeunes garçons qui s'aiment passionnément, d'une amitié qu'on imagine indestructible. Mais Loup a d'autres centres d'intérêt que son ami. La présence de Nine, sa seconde maman, à ses côtés est pour lui primordiale. Tout comme celle de Gaby, une amie joueuse de cartes beaucoup plus âgée, avec laquelle il nouera des liens d'une intimité profonde. Ces deux femmes ne sont pas pour Loup des concurrentes pour son amitié avec Mando, mais ce n'est pas ainsi que le conçoit son ami.
Car lui, il a besoin de Loup. Mais il ne reproche rien, même pas quand Loup décide au dernier moment de ne pas partir en colonie de vacances avec lui sans l'en avertir. Mando garde cela pour lui, et note tout cela dans un cahier, que découvrira Loup et dans lequel il apprendra les secrets de son ami.
Mais la grande fracture entre Loup et Mando, l'élément qui sépare définitivement les deux jeunes hommes, c'est la découverte de la psychanalyse grâce au professeur Psychopompe, comme le nomme Mando. Alors que lui court les AG et les comités étudiants de la faculté, Loup est capté, happé par l'enseignement de cet homme magnétique, qui le plonge dans l'étude de la psychose. Et qui involontairement donnera les clés à Loup pour comprendre son ami.
Philippe Grimbert, psychanalyste de métier, a déjà montré dans Un secret sa capacité à intégrer dans un récit intrigue, histoire personnelle et psychanalyse. Il tente ici la même combinaison, mais avec moins de brio que dans son opus précédent. Le style, assez sec, haché, en est peut-être à l'origine, mais il n'empêche pas la découverte de très belles pages, comme celles où Loup suit Gaby lors de ces derniers jours. L'élément que j'ai trouvé le plus gênant est une insistance à annoncer qu'il allait se passer un événement terrible, qu'on allait comprendre ce qui troublait Mando, sans donner les clés au lecteur. Philippe Grimbert instaure un suspens artificiel qui nuit à l'ensemble de l'ouvrage. Alors que dans Un secret, il annonçait dès le début le drame qui frappait son héros, il laisse ici planer le doute plus longtemps, mais cela ne se fait pas au profit de l'ensemble. Dommage, car La mauvaise rencontre aurait pu donner un ouvrage poignant sur une amitié dévastatrice, et n'offre finalement que la narration d'une histoire triste mais que j'oublierai certainement assez vite.
Du même auteur : Un secret
Extrait :
Dans le grand chalet croulant sous la neige, Mando et moi partagions, cet hiver-là, une chambre spartiate meublée d'une commode et de lits superposés, contiguë à celle de deux filles de notre âge. Nous n'avons pas tardé à faire leur connaissance, puis leur conquête, au cours de folles nuits au Yéti (ou était-ce au Téquila ?). Partis - enfin ensemble - skier dans un club de vacances, nous pouvions dévaler les pistes huit heures par jour et passer la moitié de la nuit à danser, après-skis aux pieds, dans des boîtes enfumées, guettant le moment propice au baiser dans les slows que nous balançait un disc-jockey complice.
La mauvaise rencontre de Philippe Grimbert - Éditions Le Livre de Poche - 192 pages
Commentaires
vendredi 10 décembre 2010 à 08h54
il est dans ma PAL je te donnerai mon ressenti plus tard ,mais si j' en crois ton billet je vais le mettre sous la pile pour le jour fort improbable où je n'aurais vraiment rien à me mettre sous la dent...
vendredi 10 décembre 2010 à 10h25
@ Sylvaine : ainsi donc, et comme beaucoup d'entre nous, tu dévores les livres?
samedi 11 décembre 2010 à 16h34
Sylvaine, désolé d'avoir éteint ton envie de lire ce roman, mais je crois que mon attente était un peu trop forte, par rapport à ce que j'avais ressenti en lisant Un secret. Du coup, je suis vraiment resté sur ma faim avec celui-ci.
mardi 25 janvier 2011 à 13h39
Je te trouve un peu sévère sur cet ouvrage. Ce que j'en ai perçu, c'est l'histoire d'une amitié forte qu'on a tous plus ou moins vécu enfant qui, avec le temps s'effrite à cause d'occasions manquées et de petites déceptions qui, l'air de rien entachent à jamais la relation et ne la rend jamais plus comme avant. Deux êtres qui se croyaient liés à jamais et que la vie éloigne progessivement. Deux trajectoires qui prennent une direction différente et, pourtant jamais loin l'une de l'autre. Dans ce roman, il s'avère que l'intensité de l'amitié n'était pas réciproque et que l'un des deux amis souffre d'une pathologie effrayante. C'est surprenant car, même si l'auteur distille des indices tout au long du roman, on ne peut pas s'attendre à ce qui arrive réellement. Du coup, j'ai apprécié de suivre cette histoire comme une enquête et j'ai trouvé les personnages particulièrement attachants. Cela tient certainement au fait que je me suis retrouvé assez souvent dans ces deux personnages et que, du coup, l'histoire m'a interpelé. En outre, Philipe Grimbert a un style agréable à lire. Belle surprise, donc.
lundi 5 septembre 2011 à 17h13
Je suis assez partagé sur le commentaire de Yoann. Je pense que si, personnellement, j'ai été si touché par cet ouvrage, c'est que je viens de vivre la même histoire exactement. Tout au long du fil de ma lecture, je n'ai pas su vraiment m'identifier. Car une page je ressemblais à Loup et une autre à Mando. Et je n'ai pourtant rien de psychotique à en croire mes proches. Mais ce livre a su me tenir en haleine pour finalement m'avouer que mon si cher ami est "celui vers qui j'ai failli basculer"! Il faut peut être avoir vécu telle situation passionnée pour reconnaitre en la main de Philippe Grimbert le talent qu'il lui revient!
vendredi 4 novembre 2011 à 08h37
J'ai pris ce livre à la bibliothèque l'an dernier et je l'avoue je l'avais oublié car il m'avait laissé un peu sur ma faim.
Or, je viens de voir le film tourné par Josée Dayan sans penser que l'histoire avait un rapport avec un livre dont j'avais oublié le titre et l'auteur et il m'a passionnée. J'ai passé une superbe soirée à le regarder. Comme quoi :
Certains livres ont besoin d'être filmés pour prendre tout leur sens comme certains films à contrario parfois dénaturent complètement une oeuvre.
Je vous conseille donc, non pas de lire ce livre -plutôt ennuyeux- mais de regarder le film excellemment interprété notamment par Jeanne Moreau que j'affectionne particulièrement.
samedi 7 janvier 2012 à 18h10
Merci Yoann et Gabe de cotre retour de lecture. S'il vous a touché car vous vous êtes reconnu dans les personnages, je n'ai pour ma part jamais senti la moindre affinité avec ce duo de jeunes garçons. Peut-être est-ce pour cela que je suis resté à côté.3
Merci Annick de mentionner le téléfilm de Josée Dayan. J'en ai entendu beaucoup de bien, mais n'ai pas eu l'occasion de le voir. Peut-être pourrais-je rattraper ce raté plus tard !