Le Livre de Pao, chapitre perdu de la Bible serait selon la légende rédigé et détenu par un peuple mystérieux, les Amodéens. Ce peuple aurait trouvé refuge dans les montagnes imprenables du Tigré en Éthiopie.

C'est à la quête de ce livre mythique que le narrateur, un jeune rentier désœuvré, qui se présente lui-même comme « un jeune godelureau mal dégrossi » part aux côtés de Gabriel Prometh (comme Prométhée ? ). Il est engagé comme factotum, secrétaire particulier, voire souffre-douleur. Prometh, brillant médecin de son état, désabusé de tout, a tout abandonné du jour au lendemain pour se plonger dans de longues recherches dans les rayons de la bibliothèque d'Alexandrie pour trouver les traces du fameux livre. Sébastien Violette ne sait pas à qui il a confié sa vie : un homme qu'il admirera autant qu'il sera inspiré du plus profond dégoût. Il ne sait pas que Gabriel Prometh est prêt à tous les moyens, prêt à aller jusqu'au crime pour arriver à ses fins : trouver le livre et par-là même devenir riche et célèbre.

Le traducteur, Gabriel Prometh présenté comme l'un des rares à comprendre et traduire l'Amodéen, se lance dans l'aventure avec pour seul indice un poème d'Arthur Rimbaud. On va suivre Prometh et Violette de l'Éthiopie puis dans le Paris des années folles. C'est surtout l'occasion pour l'auteur de broder sur l'étrange fascination entre deux hommes que tout semble pourtant opposer.

L'histoire semblait être prometteuse mais, mais voilà cela n'a pas suivi. Je n'ai pas réussi à entrer dans ce projet. Il a manqué selon moi une profondeur qui aurait pu me faire apprécier le tout. J'aurai aimé plus de développement sur ces Amodéens, sur cette langue dont on nous parle de traduction sans plus entrer dans le détail. On oppose des personnalités dont on effleure juste la surface. On dit que les voyages, et raison de plus cette quête mystérieuse, forment les êtres mais ce Sébastien Violette est et restera jusqu'au bout un irrésolu, indolent, un de ces êtres qui se laissent emporter par plus fortes personnalités comme feuilles au vent. Quant à Prometh, on récolte juste la fleur du sel qu'aurait pu donner l'étude approfondie de la psychologie d'un homme ambitieux, ayant une haute opinion de lui, revenu de tout et sans scrupules.

Bref, une histoire qui vous fait dire à la dernière page : d'accord, mais quand est-ce que cela commence ?

Dédale

Extrait :

L'homme irrésolu est un monstre. On n'y prend pas assez garde. La plupart du temps, on le néglige, on le compte pour moins que rien. Quelle erreur ! Il faudrait sans délai clouer au pilori ce navrant spécimen de la dégénérescence humaine, l'écorcher vif, lui rompre les os et, pour finir, lui tordre le cou. Car cet ignoble individu s'avère capable du pire. Celui qui lira ces pages, péniblement assemblées, peut se fier au jugement de leur auteur. Car je m'appelle Sébastien Violette et par indolence, jadis, j'ai tué un homme.
Ce crime, je n'en fus il est vrai que le simple exécutant, un comparse crédule et docile. C'est moi qui ai frappé, mais s'il est vrai que les actes, jugés par les hommes, ne sont presque rien devant la pensée qui, elle, regarde Dieu, peut-être me reste-t-il un espoir de n'être pas depuis à tout jamais damné. Car ma volonté fut manipulée, mon bras armé, ma victime désignée par un Autre.
Cet Autre s'appelait Gabriel Prometh. Ce nom ne dira rien aujourd'hui à la grande majorité de ceux qui pourront lire ces lignes. Il faudrait qu'il se trouve parmi eux quelque bibliophile, collectionneur d'éditions originales, quelque éminent linguiste ou philologue pour tirer ce nom de la gangue d'oubli où l'on plongé l'inconsistance des hommes et l'avancée d'un monde en perpétuelle effervescence.

Le traducteur
Le traducteur d'Eric Fouassier - Pascal Galodé Éditeurs - 186 pages