Kyle et ses camarades partent ce jour-là en train pour aller visiter une exposition avec leur professeur. Kyle est plutôt taciturne et se remet difficilement de la mort de son père. Tandis que ses camarades dissertent sur leurs pires cauchemars, Kyle est perdu dans ses pensées et ses souvenirs. Mais voilà que le train déraille et se retrouve dangereusement suspendu dans le vide. Seul Kyle semble en état de réaliser ce qu'il se passe, tous les autres passagers étant plongés dans un sommeil paradoxal. Mais alors que Kyle tente de chercher de l'aide, il se retrouve brutalement projeté dans les cauchemars des passagers du train.
La couleur de la peur se compose donc d'un récit encadrant (le déraillement du train et l'histoire de Kyle) et onze récits encadrés (les différents cauchemars des passagers). En lisant le premier cauchemar (terrifiant mais délicieusement bien construit), j'ai immédiatement eu le pressentiment de lire une nouvelle pré-existante au roman. Et en effet, Malorie Blackman a réuni ici des textes écrits par ailleurs mais ayant tous pour thématique commune les phobies et les angoisses que nous pouvons entretenir.
Les cauchemars imaginés par Malorie Blackman sont très différents les uns des autres : certains flirtent avec le fantastique - on retrouve une variation du mythe de Faust ou de celui de Méduse -, d'autres sont pleinement ancrés dans le réel. Et ce sont sans doute ceux-là qui paraissent les plus effrayants. Quentin, qui a lu ce roman avant moi et me l'a conseillé, a été particulièrement marqué par le cauchemar d'une vieille dame. Il l'a trouvé "dérangeant", "bizarre" - et je comprends pourquoi après l'avoir lu. Mais chacun des textes est particulièrement soigné, tant dans dans l'intrigue que dans l'écriture. Seul le récit encadrant, l'histoire de Kyle, est un peu décevant. Mais n'est-ce pas logique s'il n'a été créé que pour réunir des textes qui n'avaient pas été conçus pour être assemblés ?
En tout cas, Quentin a trouvé le roman "qui fait peur", "à condition de le lire juste avant de dormir", bien sûr.
(D'autres avis, ailleurs dans la blogosphère : Tvless, SBM, Stéphie et Clarabel)
Laurence
Extrait :
Mais tout à coup, un choc comme une décharge électrique a traversé mon corps. Une pluie d'images s'est déversée dans mon cerveau. J'ai fermé les yeux, fort, mais ça ne s'est pas arrêté. C'étaient des images étranges et dérangeantes. De Steve. Et d'explosions. De Steve avec une arme à la main. Steve en train de manger. De rire. De quelqu'un. Avec quelqu'un. De crier. De courir. Un sac sur le dos, un fusil au poing. Steve dans un avion en chute livre, en train d'appuyer désespérément sur tous les boutons et de tirer sur le manche. J'étais au milieu de cette pluie d'images qui défilaient devant mes yeux. J'essayais de me frayer un chemin au milieu de ces images. De leur échapper… mais je n'y arrivais pas. Mes paupières étaient en plomb. Les images m'assaillaient de plus en plus vite. Si vite que je parvenais plus à les discerner. Je savais seulement qu'elles avaient toutes un rapport avec Steve.
La couleur de la peur de Malorie Blackman - Éditions Milan - 315 pages
Traduit de l'anglais par Amélie Sarn
Commentaires
mercredi 12 janvier 2011 à 08h55
Intéressant
Ceci dit, si il recherche vraiment des romans angoissants pour ados, je ne peux que vous conseiller la saga de l'Epouvanteur (actuellement six volumes, le septième et théoriquement dernier reste à paraître) de Joseph Delaney.
C'est bien construit et délicieusement angoissant par moments. Et c'est une très belle histoire (tiens, faudrait que je me les relise)
vendredi 14 janvier 2011 à 08h29
Mais oui bien sûr ça y est, je m'en souviens de ce livre (misère, c'est pas beau de vieillir...) : il doit donc être à la maison... dans un carton... oui, j'ai fait de la place sur les étagères... bon, je le cherche et le soumet à Jean-Baptiste, ça fera trois lecteurs dans la maison !
dimanche 16 janvier 2011 à 09h17
Cœurdechene : il me semble que nous étions tombés dessus à la librairie et que Quentin n'avait pas voulu le prendre. Mais c'était il y a quelques mois déjà ; peut-être aura-t-il changé d'avis depuis.
Ys : excellente idée ! Et puis nous serons donc au moins 5 à pouvoir en discuter à la terrasse d'un café
mercredi 9 février 2011 à 03h17
Très hâte de le lire !!