Mathilda est une veille femme solitaire. Voilà des années qu'elle vit en seule compagnie de son chien Peak et qu'elle n'attend plus personne. Mais ce soir-là, elle n'a pas l'air surprise de trouver chez elle un jeune garçon d'une dizaine d'années, assis sur son canapé. Elle n'a même pas l'air de lui en vouloir de se montrer brusque avec elle. Pourtant, sans lui expliquer la raison de sa présence, il commence par lui dire que sa maison sent le vieux et qu'il n'aime pas ça. En équilibre sur le fil du rasoir, ces deux-là s'observent, se défient, et se semblent se reconnaître. Mathilda lui raconte alors sa vie et remonte au temps où on l'appelait encore Maddy et qu'elle était une jeune fille de bonne famille au caractère un peu étrange et fantasque; au temps où son chemin a croisé celui de Plume, un garçon sauvage qui murmurait à l'oreille des oiseaux.
Dans cette fable onirique, Sonya Hartnett nous parle d'amour et de respect. Les oiseaux ne sont pas fait pour être enfermés dans des cages malgré tout l'amour qu'on leur porte. Les êtres humains non plus. Avec une écriture toute en douceur et en nuance, Sonya Hartnett dépeint cet amour inconditionnel qui liera ces deux êtres si dissemblables, mais qui les détruira également à petit feu, jusqu'à ce que l'un d'eux prenne la décision inévitable. Commencera alors le long chemin du renoncement et de l'acceptation, le travail de deuil pour retrouver la joie. Maddy effectuera un périple digne d'Ulysse et fraiera avec le vent et les baleines pour trouver la réponse à la seule question qui mérite qu'on s'y attarde.
J'ai retrouvé ici la capacité de Sonya Hartnett à mêler des problématiques très réelles à une écriture puissamment poétique et féérique. Ses personnages sont fragiles comme de la dentelle, aériens et d'une extrême douceur. Tout se joue par petites touches, quelques regards, quelques mots. Entre forêt et océan, entre ciel et terre, entre merveilleux et réalisme, l'auteur propose à ses jeunes lecteurs une parabole douce et cruelle sur l'existence et le don.
(D'autres avis, ailleurs dans la blogosphère : Mélopée)
Du même auteur : Finnigan et Moi, Une enfance australienne
Laurence
Extrait :
Cachée derrière des troncs d'arbres et des feuillages, Maddy observait Plume en train de rêver, de s'éveiller, de s'endormir. Elle voyait l'océan s'ébattre jusqu'à lui et tourbillonner autour de ses genoux. Elle le voyait marcher dans l'eau, les vague léchant ses mains, alors que surgissait un banc de poissons frétillants. Elle le voyait comme Pan se reposer dans un lit de feuilles, sachant que, si elle s'approchait, elle sentirait son odeur de paille fraiche, celle de l'océan et de tout ce qui y vit. Lui regardait les fous de Bassan, telles des lances, plonger du haut du ciel, et elle le regardait les regarder. Mais le plus souvent, elle le vouait assis, immobile, étudiant l'horizon. Maddy se demandait ce qu'il cherchait et ce qui arriverait s'il le découvrait. Sans doute quelque chose qui lui ferait mal, pressentait-elle, quelque chose qu'elle ne comprenait pas.
L'enfant du fantôme de Sonya Hartnett - Éditions Les Grandes Personne - 156 pages
Commentaires
dimanche 23 janvier 2011 à 22h41
Une auteure qu'il me faut définitivement découvrir. On verra avec quel livre mais j'ai l'impression que je pourrais choisir n'importe quel...
mercredi 26 janvier 2011 à 20h19
Karine:) : personnellement j'aurais plutôt tendance à conseiller Finnigan et moi pour découvrir cette romancière, mais après tout, son roman jeunesse peut-être une bonne entrée en matière.