Le journaliste d'investigation Alexandre Gardel, également auteur d'un ouvrage sur les Racines mythologiques et religieuses des crimes rituels, est dépêché sur place pour couvrir l'affaire comme spécialiste.
Très vite, il s'avère que le tueur a une idée bien précise en tête et les messages qu'il laisse sur chaque scène de crime entraînent toujours plus avant les enquêteurs sur la piste de la mythologie et des rituels sacrificiels.
François Arango est docteur en médecine et passionné du Mexique où il a étudié. Ce premier roman entraîne le lecteur à la découverte de ce pays et en profite pour aborder des thématiques très particulières, liées notamment à la médecine et au développement de la recherche en laboratoire.
Véritable jeu de piste à travers la ville de Mexico et son passé, l'enquête aborde tour à tour les problèmes de la bio-piraterie, l'exclusion des indigènes, la xénophobie, le racisme culturel ou encore l'intéressement politique dans le secteur privé.
Le roman est construit comme un thriller, alternant les phases d'enquête, les réflexions sur les éléments en possession des personnages et des moments d'intimité avec Le Jaguar, ce tueur opérant dans l'ombre, pratiquant une justice pour le moins expéditive.
Mais il dépasse largement le cadre strict de cette forme en intéressant le lecteur à tout le contexte politique et social de ce pays où la corruption est un art de vivre, perdu entre passé et présent et dont le futur reste approximatif. Les inquiétudes liées au mouvement zapatiste, le génocide contre les indiens du Lacandon, en quelques pages, l'auteur balaye ces thèmes et dresse un portrait sans concessions mais sans jugement. Le décor est planté.
L'histoire est servie par une plume très sûre. François Arango manie les mots avec dextérité et donne du relief à ses personnages. Chacun a un caractère bien trempé et les joutes verbales qui découlent de leurs altercations sont un pur bonheur. Il manie également avec brio les figures de style littéraire, ce qui donne une coloration très particulière et plutôt exotique aux images employées. A la lecture, il n'est pas évident de retenir un sourire ou un rire à plusieurs reprises, ni même un frisson sur certaines descriptions.
Le quatrième de couverture ne ment pas et c'est réellement un thriller qui plonge dans les racines de la culture mexicaine, nous révèle les secrets de la mort programmée des cellules, parle de la nécessité de protéger les savoirs et les patrimoines botaniques indiens et nous fait vivre des aventures ébouriffantes sous la conduite d'un nouvel auteur, au style solide et brillant, fin connaisseur et amoureux du Mexique
.
En résumé, un ouvrage à découvrir d'urgence et à mettre entre toutes les mains !
Extrait :
— Tout ça ne sert à rien, mais c'est épatant, dit Gardel.
— Je rappelle à l'auditoire, poursuivit Findley, que l'aptéryx, plus connu sous le nom de kiwi, est un oiseau néo-zélandais pratiquement privé d'ailes…
— Bon Dieu ! tonitrua soudain Suárez. J'admire à sa juste valeur votre culture universitaire. Mais pour l'instant je vous signale que nous sommes dans un fichu merdier. Parce que si le Jaguar continue à jouer aux devinettes, on a intérêt à déchiffrer ses rébus un peu plus vite que la dernière fois ! Mon premier est une plante, mon deuxième une tique sauvagement assassinée, mon troisième est le prochain macchabée mis sur orbite par ce dingue, et mon tout quatre couillon qui se grattent la nouille devant des bouquins rescapés de la bibliothèque d'Alexandrie !
La virulence du gros figea les langues. La patience était une vertu dont Suárez faisait un usage mesuré, et ce jour-là il entendait accélérer le mouvement.
Le jaguar sur les toits de François Arango - Éditions Métailié - 380 pages
Commentaires
lundi 21 février 2011 à 10h15
Voilà qui est très tentant. A rajouter à la liste qui n'en finit plus...
lundi 21 février 2011 à 10h24
Un coeur arraché selon les anciens rites aztèques...je prends! et pourtant, comme Rose, je suis plus que submergée sous les piles et les listes..
lundi 21 février 2011 à 23h07
je note je note :un de plus!!!!
lundi 21 février 2011 à 23h54
Je suis ravi de susciter un tel enthousiasme
Et je suis fou de joie à l'idée de contribuer à faire crouler vos bibliothèques sous d'excellents romans (y a pas de raison que la mienne soit la seule :p )
vendredi 25 février 2011 à 17h26
J'ai lu, et je partage votre enthousiasme. C'est un très bon premier roman, où tout n'est pas parfait mais qui nous entraîne inexorablement dans plusieurs mondes à la fois: les rites aztèques, le Mexique actuel avec la guerilla du Chiapas, les magouilles des grands labos pharmaceutiques... L'histoire se tient très bien, les dialogues souvent marrants, les personnages attachants (si les deux héros sont sans trop d'histoires, les deux flics et le tueur ont du mordant), bref, allez-y! Et prenez par la même occasion à aller simple pour un pays qui mérite mieux que le "malmenage" politico-médiatique actuel...
samedi 5 mars 2011 à 11h15
J'ai lu et me suis régalée de ces secrets de cuisine aztèque dont le moindre des charmes n'est pas le titre des chapitres.L'intrigue à plusieurs niveaux est "palpitante",et même si, comme le relève Hannibal-lecteur les deux héros sont un peu falots,les flics et le tueur sont hauts en couleur comme il sied à ce récit mexicain bien pimenté...merci à Coeur pour cette découverte.
mercredi 9 mars 2011 à 12h23
la cigarette, pas bon! si pour la culture...coin humeur à l'igr ds le froid et hop! on échange un polar contre un autre. Le tien ds mes mains dès ce soir et l'autre pour te remercier je te donne le titre "La dernière frontière Phillip Le Roy"
Excellente lecture pour moi à cause de la recette du hashbrown...trois mots magiques ds ma vie voyage, aventure et curiosité.
jeudi 10 mars 2011 à 19h51
pour un premier roman c'est effectivement une réussite .La fin m'a semblée cependant un peu ¨longuette¨le dénouement étant déja connu depuis plusieurs pages et j'ai regretté de ne pas avoir une carte de Mexico en annexe J'arrête de ronchonner j'ai aimé ce livre j'ai apprécié comme Marimile l'intrigue à plusieurs niveaux .Souhaitons que François Arango soit longtemps présent chez nos libraires favoris!!!
dimanche 20 mars 2011 à 10h28
Oui, c'est une belle découverte ! Comme Sylvaine, j'ai trouvé la fin un peu longuette, mais je n'arrivais pas à m'arracher à cette histoire qui m'a appris plein de choses sur le Mexique. Je retiens le nom de l'auteur et j'espère qu'il récidivera.