Cette passion commence enfant, mais alors qu'elle s'arrête habituellement avec le passage à l'âge adulte, elle se poursuit chez notre héros. Et cela malgré son poste d'enseignant à l'université et son mariage avec une femme qui elle aussi aime Vilas, mais moins que lui.

Le problème, c'est qu'il découvre Internet, et toutes les possibilités d'achat sur les sites de ventes français et surtout argentin. Pour lui, c'est un nouvel univers qui s'ouvre à lui, et un gouffre dans lequel il tombe allégrement. Malgré les avertissements de sa femme, qui tente même de le soigner en l'emmenant loin de tout ordinateur, rien n'y fera : il poursuit ses recherches et achats à tout prix, ne pouvant réprimer la fréquentation d'un cyber-café lors de ces vacances de la dernière chance. Même l'annonce de la grossesse de son épouse n'aura sur lui aucun effet, si ce n'est celui de se demander pourquoi elle lui dit cela alors qu'il vient de lui annoncer l'achat d'une pièce importante pour sa collection.

Sa situation professionnelle devient difficile, même si le doyen de l'université prend des gants pour lui annoncer qu'il ferait bien de prendre du repos. De même, ses finances en prennent un coup, car les achats à 1 000 ou 2 000 euros sont pour lui de très bonnes affaires. Et le comble de la folie sera atteint avec sa recherche de la finale de l'Open d'Australie gagnée par Vilas, difficilement trouvable et qui devient pour lui une question de survie.

Jean-Pierre Brouillaud fait une description assez intéressante de cette plongée dans la folie. Avec notamment ce passage obligé du fou clamant ne pas l'être, tout en réalisant que seul les fous sont amenés à prononcer ce type de phrase. Le tout reste malgré tout assez léger, et ceci est notamment lié au sujet de l'obsession, Guillermo Vilas. Un petit roman plaisant, qui évoquera des souvenirs aux fans de tennis, et qui permettra aux autres de découvrir la vie folle d'un passionné de ce sport.

Yohan

Extrait :

C'était un soir de mars. Je venais de passer douze heures d'affilée devant mon écran et d'enrichir, modestement, ma précieuse collection (quelques vieux numéros de El Grafico, un numéro de la série World Tennis datant d'il y a deux mois, avec une interview de Vilas, et un poster de ce dernier). Ma femme est entrée, avec calme, dans le bureau.
- Nous avons dîné sans toi.
- Vous avez bien fait, répondis-je en tentant de faire bonne figure, tout en sachant déjà que le caractère anodin de son propos dissimulait bien autre chose. J'étais impressionné par son calme, même si je suspectais une tempête intérieure. La placidité était un de mes traits, mais ma femme était habituellement plutôt nerveuse. Elle continua, sur le même ton :
- Je vais te dire, très simplement, une chose. Ou plutôt deux choses. La première : je t'aime. La seconde : c'est Vilas ou moi. Je te laisse y réfléchir quelques jours.

Jeu, set et match
Jeu, set et match de Jean-Pierre Brouillaud - Éditions Buchet-Chastel - 176 pages