Taine et Maria vivent dans une maison de retraite, quelque part en Provence. Ils s'aiment, ont parfois des relations sexuelles, comme des personnes de leur âge, c'est à dire sans la fougue de leur jeunesse mais avec la tendresse et la lenteur de la vieillesse. Si certaines infirmières sont indulgentes, d'autres leur indiquent clairement que ce n'est plus de leur âge. Un jour, Maria disparaît. Taine s'inquiète. Fait le siège de sa chambre, tente de soutirer des informations aux voisins. Il décide de la chercher à l'extérieur, et choisit de se rendre dans la maison que Maria possède sur les pentes du Ventoux.
Pourtant, Taine ne retrouvera pas Maria. Car suite à une chute dans un escalier, elle se retrouve coincée sous les marches, dans un endroit sans passage. C'est là qu'elle mourra seule, sans que personne ne l'entende. Aucune révélation dans cet élément du récit, car c'est la scène d'ouverture du roman.
L'objet du roman, outre l'histoire d'amour, est donc la quête de Taine. Quête, vaine, de Maria. Quête d'une jeunesse lointaine. Lors de son escalade du Ventoux, il est contraint de passer la nuit dehors, de peur d'être repéré. Il renoue avec la nature pour se nourrir, mais croque malheureusement dans les mauvaises herbes, et manque de mourir. C'est sans compter sur le passage d'une femme des alentours, spécialiste des herbes, qui décide de l'aider. Et de l'aimer.
Le récit est donc coupé en deux parties. Et cette coupure m'a paru assez artificielle. Autant j'ai été assez séduit par la première partie, autour de l'inquiétude de Taine, dont on sait qu'il n'aura jamais de réponse, ou de sa fuite. Autant la seconde m'a paru assez bancale. Je n'ai pas été intéressé par cette nouvelle histoire avec Vitalie, qui lui fait oublier en deux temps trois mouvements celle pour laquelle il était parti. Les descriptions de la nature du Ventoux sont également trop riches, en termes sophistiqués et dans l'écriture. Cette dernière est d'ailleurs dans l'ensemble assez maniérée, et manque de naturel. Exactement le contraire de ce qui est dépeint dans le roman. Une rencontre en demie-teinte, donc.
Du même auteur : Opéra sérieux, La splendeur
Extrait :
Au pied d'un chêne vert, le grillage s'interrompt : brèche assez large pour passer la main, le bras tout entier, la tête, le tronc. Taine est sorti par là. Au pied du chêne, des orties. Un vrai massif, vierge et fleuri de blanc, qui se croyait aussi fort qu'une grille, aussi dissuasif qu'un tesson. Taine se lèche les mains. Il s'est piqué. Qui se souvient de la piqûre des orties ? Une douleur fossile, d'écolier aux cuisses nues. Taine boutonne soigneusement son gilet gris. Un pantalon de toile beige, mélancolique et déjà crasseux, couvre la pointe de ses chaussures de sport. Dans la poche gauche, le pot de confitures de quetsches pour Maria Seignalet.
Noces de chêne de Régine Detambel - Éditions Gallimard - 128 pages
Commentaires
jeudi 31 mars 2011 à 08h58
dommage cette rencontre en demi-teinte car le sujet abordé est encore trop souvent tabou.
Il faut aussi noter qu' une personne
âgée a, le plus souvent, des priorités: ce qui la concerne elle et rien d'autre.Ceci explique peut-être la 2ème partie de ce texte .Si l'occasion se présente je le lirai avec beaucoup d'interêt
jeudi 31 mars 2011 à 22h18
Pour ma part j'aime bien Régine Detambel, dont j'ai lu "la verrière" ou "la chambre d'écho" ou encore son petit "Eloge de la peau". C'est une auteure que je suis dans son écriture et dans ses démarches, notamment d'animation d'atelier d'écriture et d'accompagnement d'écrivains. Je suis désolée que ces "Noces de chêne" n'aient pas été convaincantes, mais je retrouve bien la tonalité nature et la thématique du rapport au corps chère à R. Détambel. Ne vous laissez pas décourager par cet ouvrage, c'est une femme qui gagne à être connue des biblioblogueurs.
samedi 2 avril 2011 à 14h07
Sylvaine, si tu le souhaites, je peux te faire parvenir le livre. Sur la seconde partie et l'égoïsme de la personne âgée, je ne pense que ce soit cela qui m'a gêné. J'ai plutôt eu l'impression que Régine Detambel ne savait pas trop comment se sortir de cette histoire.
Alice-Ange, c'était pour ma part ma première rencontre avec Régine Detambel. Pas totalement concluant, donc, mais pas au point de renoncer à lire d'autres ouvrages de l'auteur, et notamment ceux que tu as cités.
dimanche 3 avril 2011 à 16h44
avec grand plaisir .je suis preneuse .
Merci Yohan
jeudi 2 juin 2011 à 23h03
ma lecture achevée,je compends Yohan ta réaction face à ce texte.Je
suis d'accord avec toi l'êcriture est
trop souvent trop maniérée ,pourquoi faire simple si on peut faire compliqué! Mais je crois que
Taine est amoureux de Marie et Vitalie comme cela est dit n'est que
sa maitresse et quand il la quitte
on sent que pour lui c'est la fin du
chemin ce texte malgré tout ne m'a guère enthousiasmée