Et nous voilà partis à suivre les tribulations d’Hadji Baba. Né à Ispahan, il est le fils d’un barbier. Hadji Baba rêve de grandeur, d’honneurs, d’argent, il veut devenir commerçant. Il suit alors Osman Aga riche marchand turc. Leur caravane est attaquée ils sont capturés par les turcomans. Il s’enfuit. Il sera successivement porteur d’eau, marchand de fumée, aide médecin, sous-lieutenant du chef bourreau, secrétaire d’un homme de loi…

Son récit nous fait découvrir la Perse, son Shah Roi des Rois et Centre de l’Univers et surtout, à travers ces pages, nous nous rendons compte que tous les ingrédients  indispensables à l’évolution historique de l’Iran ces 50 dernières années étaient déjà présents il y a plus de deux siècles : despotisme, violence, corruption, puissance de la religion et des religieux.

Un récit attachant. Le propos de l’éditeur a été de choisir la dernière traduction en date, celle de J.Finbert, parue en 1933 tout en la modernisant un tant soit peu quand cela était nécessaire. 

C’est une lecture très plaisante pleine d’enseignements quant à l’histoire de l’Iran passée, présente et future.

Sylvaine

Extrait :

« […] Peut-être n’ignore tu pas, ami Hadji, qu’ici réside le célèbre Mirza Abdoul Kossim, le premier saint de la Perse. C’est un homme qui, si il le voulait, pourrait faire accepter au peuple n’importe quelle doctrine qui lui plairait de prêcher. Son influence et tel que beaucoup assure qu’il pourrait même renverser l’autorité du shah et faire accroire du jour au lendemain à la populace que les décrets royaux n’ont pas plus de valeur qu’un chiffon de papier.[…] »
 « […] Ami, dit-il, écoute les paroles d’un vieillard. Garde ce que tu possèdes et sois en satisfais. En te présentant devant le juge, tu devras commencer par lui donner tout ce que tu as de certain pour obtenir la plus maudite de toutes les fortunes, celles de l’incertitude. Tu peux être sûr qu’après avoir mis la main sur tes quatre cent cinquante rials et en avoir soutiré cinq cent à tes adversaires, il ne t’offrira guère que cette consolation : l’entendre dire à chacun de vous : « Allez en paix et ne troublez pas la ville par vos disputes. » N’as-tu pas assez vécu dans e monde pour avoir souvent entendu dire : «  Chacun a les dents aiguisé par les fruits acides, celles du juge le sont par les sucreries. » Le juge qui prend cinq concombres pour prix de sa corruption acceptera n’importe quel témoignage pour dix carrés de melons. […] »

Les aventures de Hadji Baba d'Ispahan
Les aventures de Hadji Baba d'Ispahan de  James Morier - Éditions Phébus Libretto - 592 pages
Traduit de l'anglais par Elian J. Finbert