Pourtant, la sexualité des huîtres, palourdes et autres homards est assez fascinante. Comment ces animaux, enfermés dans des coquilles ou ne pouvant se déplacer que sur le fond des océans, parviennent à se reproduire ? Pour certains, cela ressemble à ce qui se passe pour les poissons : les gamètes mâles et femelles sont propulsés dans l'eau, et la fécondation et le développement se fait donc à l'extérieur.
Mais il a été nécessaire de trouver des systèmes encore plus ingénieux pour certains d'entre eux. Pour le poulpe, par exemple, c'est grâce à une de ses tentacules qu'il introduit la semence dans le corps de la femelle. Car comme beaucoup des animaux dont l'ouvrage parle, il n'a pas de pénis. L'huître a résolu le problème autrement, en faisant tout toute seule : mâle la moitié de l'année, femelle l'autre, la fécondation a eu lieu dans la coquille, et elle évite ainsi tout contact avec les autres individus de l'espèce. De manière assez générale, les contacts sont peu nombreux, hormis chez le homard qui pratique la position du missionnaire.
Malheureusement, Jean-Pierre Otte ne parvient pas à rendre le mystère de la procréation, à donner envie de savoir comment chaque espèce parvient à se reproduire. Le style est assez emprunté, et certaines métaphores avec la femme sont assez malvenues. Finalement, j'ai plus eu l'impression de lire un manuel de sciences naturelles qu'un roman, la faute à des paragraphes très courts, et surtout à une construction systématique : une approche un peu générale se voulant poétique (mais assez souvent ratée) puis une description plus précise de la sexualité de chaque animal. Une rencontre qui n'a donc pas eu lieu, et je vais retourner dans le jardin, pour relire les parades des fleurs et les stratagèmes des insectes, traités de manière bien plus passionnants.
Extrait à propos des langoustes et homards :
Avant de nous aventurer plus avants dans ces intimités libidineuses, distinguons d'abord leur égalité et leurs différences physiques. Ces grands crustacés logent sous une carapace close, isolés de tous côtés par cette enveloppe dure de chitine, que l'on croirait tout à fait imperméable à l'émotion. On ne se dévêt jamais, on ne se dépare pas de cette cuirasse qui fait office tout à la fois d'ornement majestueux, d'attirail guerrier et de protection. Même dans l'amour, où les contacts sont des heurts délicats de cuirasses, on ne connaît jamais la chance ni les charmes de la nudité : on s'accouple en costume.
La sexualité d'un plateau de fruits de mer de Jean-Pierre Otte - Éditions Julliard - 120 pages
Commentaires
jeudi 14 avril 2011 à 09h22
l'humour, la légèreté qui avait fait le succès des premiers livres du genre a disparu ajourd'hui, le dernier lu m'est tombé des mains et je n'ai du coup pas acheté celui là
Dommage les débuts étaient prometteurs