En l'an 1130, une abbaye bénédictine connaît une crise financière sans précédent. Ses caisses sont désespérément vides suite à de trop nombreux passages de pillards et autres routiers mal famés. Dans la tête du frère Thomas, cellier de son état, moine à la vitalité miraculeuse et âpre au gain, naît l'idée lumineuse que la présence d'une relique, les bénéfices d'un Saint protecteur, aideraient grandement à faire venir des pèlerins en plus grand nombre et de là à remplir les caisses.
Pour ce voyage périlleux et somme toute fort peu catholique, trois moines sont désignés en guise de punition pour opérer la translation espérée. On entend par translation le fait de prendre plus ou moins légalement, une relique efficace en miracles sise dans une autre abbaye et de l'installer chez soi. Bien évidemment, cette translation, enfin ce vol pour parler clair, nécessite l'accord dudit Saint propriétaire de l'os ou restes objets de cette convoitise. Ainsi donc, Frère Abdon à la maladresse légendaire, Frère Jérôme tout en os et le doux géant Frère Bernard partent sur les routes vers Tarragone où se trouve l'os de Saint Vincent.
Bien évidemment, moult aventures diverses, variées et pour le moins truculentes ne leur seront pas épargnées. Car avec trois moines en goguette sous la plume de Jean-Louis Marteil, il faut s'attendre à tout.
Comme avec La chair de la salamandre, cette histoire de translation d'os est amusante et captivante. Vous succomberez aisément à cet humour dévastateur pour les idées noires. Elles font vraiment beaucoup beaucoup de bien au moral et aux zygomatiques.
Depuis peu, j'ai terminé ma seconde lecture de La Relique. J'avoue avoir encore bien gloussé de contentement à suivre les aventures des trois compères. Dans le même temps, tous les autres personnages, même les seconds rôles valent le détours. L'auteur n'a pas son pareil pour croquer les caractères et leurs travers. Il faudrait des pages et des pages pour parler des routiers de Don Diego qui régentent mieux les rues de Tarragone que les effectifs du Guet. Je ne vous parle même pas des leçons de vol du grand rat. Mais l'auteur est nettement plus doué que moi. Rien que d'y repenser, le sourire revient sur les lèvres. Avec cette seconde lecture, on apprécie un peu plus le texte, les trésors d'expressions plus ou moins d'époque mais qui font mouche à tout coup. On appréciera également la touche d'humanisme actif cher à l'auteur
La Relique, c'est comme quand on vous raconte une très très bonne histoire ou blague. Même si vous la connaissez par cœur, même si on vous l'a racontée des milliers de fois, elle fait toujours le même effet. C'est vraiment jubilatoire !
Et si après la lecture de ces aventures vous en redemandez, rassurez vous l'auteur dans sa grande bonté a prévu la chose. Vous pourrez retrouver les trois frères devenus amis dans les deux opus suivants : l'os de Frère Jean et le vol de l'aigle.
Des anti-déprimes sans effets secondaires ! Qui dit mieux ?
Dédale
Du même auteur : La chair de la Salamandre, L'os de frère Jean, Le vol de l'Aigle, Oradour-sur-Glane, aux larmes de pierre, L'assassinat du mort
Extrait :
En rasant les murs, le grand rat courait d'un tas d'ordures à un autre. Il traversa la rue et évita deux ou trois coups de bâton donnés maladroitement par une mégère aussi hirsute qu'affolée. Il se réfugia dans un trou de mur et attendit que l'agitation qu'il avait provoqué se calmât.
S'il errait ainsi en plein jour, c'était parce qu'il venait de concevoir un plan carnassier et définitif en ce qui concernait la race des chats. Ce n'était pas une idée nouvelle, en vérité, et les humains, ces animaux si intelligents et sociables, en imaginaient depuis toujours de semblables et parfois de bien pires : ayant découvert l'existence d'une portée de chatons à peine nés, le rat s'était dit que la meilleure façon de détruire une race puissante était d'en massacrer les rejetons. Un tel trait de génie n'eût pas été désavoué par Yahvé lui-même, qui avait fait périr d'un seul coup tous les premiers-nés de l'Egypte, de celui du Pharaon à celui du dernier des criminels en passant par ceux du bétail. Le rat ignorait cela, comme il ignorait états d'âme et scrupules, en quoi du reste il n'était pas si différent des hommes. Il crut donc son idée originale. Le chat tigré eut-il vent du complot ? Parvint-il à passer quelque contrat avec la race chevaline ?
Toujours est-il que le grand rat, en route pour le carnage, eut la malencontreuse idée de s'aventurer derrière la jument. la ruade le surprit et le choc fut d'extrême violence. Sa deuxième leçon de vol fut aussi sa dernière. Les chatons survécurent. Par voie de conséquence, la race des chats également.
La Relique de Jean-Louis Marteil - Éditions La Louve - 254 pages
Commentaires
mercredi 25 mai 2011 à 09h11
Comme pour La chair de la salamandre, je partage le même avis que toi. J'ai adoré cette trilogie !
mercredi 25 mai 2011 à 11h48
La chair de la salamandre, coup de coeur de l'année, si bien que j'attends avec impatience la suite promise... et qu'en attendant, je vais lire la trilogie "la relique"... arrivée prévue sur mes étagères dimanche...
mercredi 25 mai 2011 à 22h58
je crois que je ne vais pas résister plus longtemps à la tentation!
samedi 28 mai 2011 à 18h37
Je ne connais pas cette trilogie, mais elle me semble drôle, cocasse et plein d'humour ! Je retiens les titres de cette série, qui me rappelle "Ivanhoé à la rescousse" de William Thackeray ... La suite du roman de Walter Scott, "Ivanhoé". Aussi drôle et anti-déprime !
mardi 7 juin 2011 à 22h14
Par les temps qui courent, un tel anti-déprime, faut pas rater !!
Merci pour vos mots Mesdames. Ils vont faire grand plaisir à l'auteur j'en suis certaine
vendredi 26 août 2011 à 08h57
un petit bonheur ! et derriere l'humour ,la cocasserie se cachent érudition et connaissance de cette période .bravo.
vendredi 26 août 2011 à 09h29
Hé, hé