Azzo a  fui sa Sicile natale devenue meurtrière. Un tremblement de terre a tout avalé : sa maison, sa mère et sa sœur. Submergé par la douleur, il prend la mer avec pour seul bagage un violon, une chaise trouée et une petite boîte de métal. Il fait escale à Madagascar, dans un tout petit village au bout d'une presqu'île, construit deux paillotes et s'installe comme raccommodeur de poussières. Lui-même ne sait pas très bien ce que cela signifie, si ce n'est qu'il a besoin de se sentir utile. Mais Azzo va vite découvrir que l'on ne peut pas aider les gens pour simplement oublier ses propres fantômes, et que la bonne volonté peut-être à l'origine des pires dégâts.
Car il ne suffit pas de mettre un océan entre sa douleur et soi pour qu'elle disparaisse et le fantôme de sa sœur le poursuit toujours. Le récit d'Azzo est ainsi entrecoupé par les appels de sa sœur qui lui raconte que son âme ne peut trouver de repos tant que son corps est enseveli sous la poussière ; qui lui dit de rentrer au pays pour faire la paix avec lui même. Mais Azzo s'entête et s'enferre, jusqu'à ce que Dame Nature s'en mêle à nouveau.

Dans ce roman, publié en 2008, Maryvette Balcou, nous parle bien sûr du travail de résilience mais aussi, et surtout, de ces occidentaux « accidentés » qui pensent pouvoir se réparer en allant jouer les sauveurs dans des contrées moins favorisées que les leurs. Des hommes et des femmes qui s'imaginent que l'argent est la réponse universelle à tous les problèmes mais qui ne voient pas que leur soit disant générosité est un poison bien plus nocif que les maux qu'ils tentent de résorber.

Si j'ai été déçue par une écriture que j'espérais bien plus poétique et envoûtante, j'ai été malgré tout surprise par le regard sans concession de l'auteur et par l'amer dénouement. Certes, ce n'est pas un roman qui remonte le moral, ni un texte qui restera profondément imprimé dans la mémoire, mais il y a quelques évocations cruelles et bien senties sur notre société consumériste.

Laurence

Extrait :

- Misieur Azzo, je peux entrer ?
- Bien sûr, tu es chez toi.
- Ma maîtresse m'a dit de te demander quelque chose.
- Oui, vas-y.
- C'est quoi un raccommodeur de poussières ?
- Je n'en sais encore rien.
- Alors, pourquoi tu as écrit ça sur ta maison ?
- Parce que je suis là pour réparer ce qui est en morceaux.
- Tu va prendre des morceaux de quoi ? Tu les coller comment ?
- Je prendrai ce qui se présentera et je raccommoderai avec ce que j'ai en moi.
- Et tu as quoi dans toi ?
- L'envie e faire du bien et l'expérience du métier de couturier que j'exerçais avant de venir ici. Voilà ma seule richesse.

Le raccommodeur de poussieres
Le raccommodeur de poussières de Maryvette Balcou - Éditions La Cheminante - 137 pages