La première fois que j'entendis parler de ce roman, ce fut il y a déjà 4 ans. Il m'avait alors été vivement recommandé. Et puis, les choses étant ce qu'elles sont, ce n'est finalement que cette année que j'ai lu ce récit.

L'intrigue en elle-même est tout à fait honnête et Arnaldur Indridason entretient le suspens suffisamment pour que le lecteur se perde en diverses conjonctures. Mais ce qui est le plus appréciable ici, c'est le soin porté aux personnages et à l'ambiance.

Construit sur une double narration (d'un côté l'enquête du commissaire; de l'autre le récit d'une femme battue), l'auteur dresse un portrait sombre de son pays : alcool, suicides, violences conjugales, drogue, etc. C'est un autre visage de l'Islande qui s'offre aux lecteurs, loin des stéréotypes et des paysages de cartes postales. De même, chacun des personnages (principaux ou secondaires) est minutieusement étudié et disséqué. L'auteur, sans oublier l'enquête policière, en profite pour faire des digressions et les affres personnels du commissaires sont finalement aussi importantes que la résolution du mystère.

En ouvrant ce roman, je pensais lire un polar lambda, dont l'écriture se concentrerait exclusivement sur la découverte du meurtrier et les multiples rebondissements inhérents. Mais j'ai découvert avec plaisir un très bon roman noir, au rythme plutôt lent, dans lequel l'enquête est surtout pour l'auteur un prétexte pour étudier ses contemporains et offrir un visage de la société islandaise. Une jolie surprise en somme.

Laurence

Du même auteur : Étranges rivages, Hiver arctique

Extrait :

La petite fille s'approcha de lui avec le jouet à la main et il se demanda ce que cela pouvait bien être. Elle parqua une pause, se glissa sur les fesses et se planta devant lui, immobile, en le regardant la bouche ouverte. Un filet de bave lui coulait sur la poitrine. Elle porta le jouet à ses lèvres, le mordilla avant de s'avancer à nouveau vers le jeune homme avec l'objet enfoncé dans la bouche. Elle fit un mouvement en avant, grimaça, poussa un cri qui eut pour effet de faire tomber le jouet à terre. Elle parvint à s'en saisir à nouveau après quelques efforts et s'approcha du jeune homme avec le jouet à la main, se mit sur ses jambes en prenant appui sur l'accoudoir du canapé, se tint debout, en équilibre instable mais toute fière.
Il lui enleva l'objet des mains pour l'examiner. La petite fille le regarda comme si elle n'en croyait pas ses yeux avant de se mettre à hurler de toutes ses forces. Il ne fallut pas longtemps au jeune homme pour s'apercevoir qu'il tenait un os humain, un fragment de côte d'une longueur de dix centimètres.

La femme en vert
La femme en vert de Arnaldur Indridason - Éditions Points - 348 pages
Traduit de l'islandais par Éric Boury