Pour Marguerite, la guerre qui met en danger son amour pour Eugène est la guerre de 14. Pourtant, Marguerite croit en la force des sentiments qui l'unissent à son aimé, comme ont pu le montrer les moments de longue séparation dus à son séjour en Suisse pour ses études. Marguerite, restée à Nice, ne cesse alors d'attendre le retour de celui qu'elle chérit. Mais l'arrivée de la guerre, et les nouvelles de moins en moins fréquentes sont un danger autrement plus important.

Jeanne, elle, a fait la rencontre sur Internet d'un homme avec qui elle vit un amour épisodique. Leurs rencontres dans la vie réelle se font dans le noir. Son amant, secret et mystérieux, part régulièrement pour des périodes de durée inégale, avant de refaire surface, inopinément, dans la vie de Jeanne pour son plus grand bonheur. Un homme dont elle sait peu de choses, jusqu'à apprendre que ses départs sont souvent liés aux guerres qui se mènent dans des pays plus ou moins lointains : Afghanistan, Tchétchénie,...

Deux histoires menées en parallèle qui racontent des amours contrariés, compliqués. Deux femmes qui sont en attente, après avoir trouvé celui avec qui elles souhaitent passer de longs moments, mais résignées à cette attente. Avec une écriture agréable, Valérie Péronnet donne vie dans son premier roman à ces deux femmes. Si j'ai apprécié cette lecture et l'écriture de l'auteur, que j'ai pour ma part effectuée par petites touches alors que le roman peut certainement se lire d'une seule traite, je suis resté en peu sur ma faim en ce qui concerne l'intrigue. Le roman n'est bien entendu pas le lieu où décrire de grandes aventures, mais j'aurai aimé creuser un peu plus les motivations de ces deux femmes, leurs aspirations, leurs espoirs et déceptions. Mais hormis cette petite réserve, Jeanne et Marguerite est un roman à découvrir pour ceux qui apprécient les écritures subtiles et pudiques

Yohan

Extrait :

Je n'ai plus pensé qu'à ça. La semaine prochaine. Lui, la semaine prochaine, avec moi. Dans le noir, pour pouvoir continuer à s'approcher en douce, comme on le fait depuis des nuits. Pour tâcher de ne rien briser. Pour pouvoir se toucher, se respirer, se sentir.
J'ai trouvé de grandes feuilles de papier noir pour obstruer mes fenêtres sans volet. Ça ressemble à la guerre, ma maison. Alors, j'ai découpé, dans le papier, des yeux, un nez, une bouche : zéro plus zéro égale la tête à Toto.
Toto, témoin exclusif de notre rencontre.

Jeanne et Marguerite
Jeanne et Marguerite de Valérie Péronnet - Éditions Calmann-Lévy - 144 pages