Sur les pas de Lazare, qui se déplace principalement en auto-stop, on découvre la vie de nombreux pays des Balkans, souvent peu connus par ici : Albanie, Macédoine, Moldavie (entre autres). Pourtant, rien de documentaire dans ce roman, car Lazare s'y rend souvent de manière totalement inattendue : une perte de portefeuille qui l'empêche de prendre le bus pour Paris, une tempête en mer qui retarde son arrivée dans le port ou une beuverie qui lui fait rater l'heure de départ du ferry pour l'Italie. Les différents modes de transports empruntés par Lazare ajoutent aussi au pittoresque du voyage, notamment lorsque le jeune homme pense à plusieurs reprises qu'il va y laisser sa peau.
Hormis toutes ces péripéties qui rythment parfaitement les aventures de Lazare, ce sont également les rencontres que fait Lazare qui font le piment de ce roman. Quelques femmes, qui lui apportent du réconfort, beaucoup d'hommes surtout. comme cet albanais obligé de rester chez lui pour échapper à la mafia, ou Martin, ce suisse rencontré en Ukraine qui lui apprend à vivre de larcins aux terrasses des restos et qui lui permet d'échapper aux prisons d'Odessa.
Le cartographe est le premier roman de Guillaume Jan. Il est vraisemblablement inspiré de ses propres voyages. Son titre est lié à l'habitude qu'a pris Lazare de rédiger au dos de sa carte routière quelques notes sur ses aventures. Notes qui lui rappellent sa vie à Paris, Elena, son loyer en retard à payer et le risque d'expulsion de son misérable logement. Un très plaisant voyage dans les Balkans, en écho à la précarité du monde occidental.
Extrait :
Huit cent mètres plus loin, il regrettait déjà. Edmir venait de faire une première embardée, pour contourner une vache, et une autre pour éviter une charrette à cheval. Le pare-brise était fissuré sur toute la surface. Lazare voulut mettre sa ceinture de sécurité, mais elle semblait bloquée - de toute façon, le géant lui fit signe que cela n'était pas nécessaire. La route zigzaguait au milieu des champs, le paysage était truffé de petits blockhaus en forme d'igloos, avec une meurtrière juste assez grande pour qu'un tirailleur s'y tienne avec son fusil.
- Qu'est ce que c'est ?
- Ah ! fit Edmir. Enver Hoxha...
Le conducteur devenait de plus en plus volubile, ça ne le dérangeait pas que son interlocuteur n'entende rien à sa langue. Le problème, Lazare s'en redit compte un peu tard, c'est qu'Edmir ne voyait que d'un œil, c'est pour ça qu'il tournait exagérément la tête en lui adressant la parole, ce qui n'est pas très raisonnable sur ces routes trouées, bossues, encombrées de véhicules et d'animaux. D'ailleurs, l'accident n'allait pas tarder à survenir.
Le cartographe de Guillaume Jan - Éditions Intervalles - 192 pages
Commentaires
samedi 10 décembre 2011 à 09h30
Yohan : pour ma part, je n'avais pas du tout réussi à pénétrer l'univers de l'auteur, et j'avais la désagréable sensation de rester au bord de la route justement. Mais sans doute était-ce aussi une histoire de timing...
samedi 10 décembre 2011 à 10h20
C'est intéressant ta remarque, Laurence, car je n'ai pour ma part eu aucune difficulté à entrer dans le roman. Peut-être juste au moment où il quitte Sarajevo pour débuter son périple, mais je me suis vite fait à l'idée qu'on voyagera au gré des aventures de Lazare, sans plan de bord établi.