La série du Chat assassin d'Anne Fine fait partie maintenant des grands classiques de la littérature jeunesse et L'école de loisirs a eu la bonne idée de réunir trois de ses aventures en un seul volume : Le grand livre du chat assassin. Dans chacun des trois récits, les jeunes lecteurs sont invités à lire le journal intime de Tuffy (oui, Tuffy est un chat et Tuffy a un journal intime). Dès le premières phrases le ton est donné :

C'est ça, c'est ça. Allez-y, pendez-moi. J'ai tué un oiseau. C'est que je suis un chat, moi. En fait, c'est mon boulot de rôder dans le jardin à la recherche de ces petites créatures qui peuvent à peine voleter d'une haie à l'autre. Dites-moi, qu'est-ce que je suis censé faire quand une petite boule de plumes se jette dans ma gueule? Enfin, quand elle se pose entre mes pattes. Elle aurait pu me blesser.

En fait, ce qui est hilarant dans cette série, c'est le décalage permanent entre le comportement somme toute normal d'un chat, la réaction disproportionnée de ses maîtres et la façon provocatrice dont Tuffy raconte tout cela. Qu'un chat tue un oiseau est somme toute assez banale. Que ses maîtres l'accusent de se fait d'être un meurtrier et le menace est déjà moins commun. Mais que l'animal prenne la plume pour crier son indignation et se faire l'avocat du diable, voilà l'excellente idée d'Anne Fine.

Dans ce volume on trouve donc trois aventures successives de l'insolent Tuffy : Journal d'un chat assassin, le premier volet de la série, raconte comment Tuffy est accusé d'avoir tué un oiseau, une souris puis un lapin. Pour le chat et la souris, Tuffy plaide coupable bien qu'il exige des circonstances atténuantes. Mais pour le lapin, parole de Tuffy, il n'y est pour rien ! Avec Le chat assassin, le retour, Monsieur le Pasteur s'est installé dans la demeure familiale pour prendre soin de Tuffy pendant l'absence de ses maîtres, mais ses méthodes pour le moins drastique ne sont pas pour plaire au rebelle minou. Celui-ci s'imagine donc que l'herbe sera plus verte dans le pré d'à côté et se fait adopter sous une fausse identité par la petite voisine. Malheureusement, Tuffuy va jouer de malchance et une fois de plus sera accusé d'un terrible méfait malgré son innocence. Enfin, dans La vengeance du chat assassin, Tuffy reprend du poil de la bête et en fait voir de toutes les couleurs à chacun des habitants de la maison. Mais Tuffy étant Tuffy, il ne peut s'empêcher finalement de venir au secours de toute la maisonnée.

Le texte d'Anne Fine est vraiment très drôle et les quiproquos s'enchaînent avec beaucoup de malice. L'autre très belle réussite de cette série, ce sont les illustrations de Véronique Deiss. Car si les situations n'ont en réalité rien d'extraordinaire ou de sanglant, Véronique Deiss s'est amusé à tout amplifier, à tout exagérer. Il y a donc là aussi un décalage propice au rire. Une série à découvrir le sourire aux lèvres pour les petits dès 7 ans et les grands qui ont gardé leur âme d'enfant.

Laurence

Extrait :

D'accord, d'accord ! Je l'avoue, ce n'est pas très sympathique d'avoir organisé notre radio crochet juste sous la fenêtre du pasteur. Bella nous a interprété « Si beau-ooooo rêveur »; Tiger « En route pour la Nouvelle-Orléans-aaaaans ». Pusskins, a choisi une chanson tyrolienne. Et moi, j'ai présenté ma merveilleuse imitation d'Elle-se-coiçant-les-doigts-dans-la-portière-de-la-voiture.
Mais bon, rien ne justifie que le pasteur se mette dans un tel état.
- Si je vous attrape, je vous transforme en chair à saucisse !
Je ne suis pas rentré de bonne heure. Mais tout le monde a besoin d'un peu de repos, donc j'ai fini par laisser les gars et je suis rentré. Un petit matin magnifique.

Le grand livre du chat assassin
Le grand livre du chat assassin d'Anne Fine - Éditions L'école des loisirs - 202 pages
Traduit de l'anglais par Véronique Haïste
Illustré par Véronique Deiss